TUNIS – UNIVERSNEWS – L’Histoire ne pardonne pas les errements vécus par la Tunisie, depuis la « révolution » et Taoufk Baccar, ancien ministre du Développement, ministre des Finances et gouvernement de la Banque centrale de Tunisie (BCT), en étant l’invité de Hamza Balloumi, aujourd’hui sur Mosaïque Fm, en a parlé avec moult détails.
Dans son analyse de la situation, il présente « en quelque sorte » une feuille de route, pour réparer les dégâts commis, au cours des dernières années.
Une dette publique ayant quadruplé
Evoquant l’accord qui vient d’être entériné par le FMI sur le plan technique, Taoufik Baccar a indiqué que les relations avec le Fonds et, surtout, avec la Banque mondiale (BM), n’ont pas été bonne, partant de la conviction que le recours à ces deux institutions financières était à éviter, particulièrement, parce qu’ils refusaient l’investissement dans l’éducation, pensant que ce secteur n’est pas rentable.
Il a rappelé, dans ce sens, que la dette publique qui était de 28 milliards de dinars (environ 40% du PIB), en 2010, a atteint, aujourd’hui, la somme astronomique de 120 milliards de dinars, pour atteindre 83% du PIB.
A titre de rappel, la Tunisie avait eu recours au FMI, en 1986, mais le pays avait remboursé, par anticipation, ce crédit en 1991 et, depuis cette date et jusqu’en 2010, nous n’avions pris aucun dollar de cette institution et, grâce aux notations des sociétés de rating, nous avons atteint la note de A- qui est celle des pays développés et à partir de laquelle nous nous sommes orientés vers le marché financier international, jusqu’à l’année 2007.
Le pays s’était dirigé, alors, vers le marché financier japonais, pour un crédit Samouraï, profitant de l’amélioration de notre note par une institution nippone, pour montrer aux autres sociétés de notation qu’elles doivent, aussi, améliorer notre note, notamment Fitch Rating et Moody’s et SFI. Et le crédit était avec un intérêt de 0,75%, alors qu’aujourd’hui, si nous nous nous dirigeons vers le marché international, on ne peut pas obtenir de prêts à moins de 20%.
La levée des subventions inéluctable
Pour ce qui est de la levée des subventions, Taoufik Baccar juge que c’est une opération nécessaire et obligatoire, surtout avec la hausse vertigineuse du volume des subventions qui ont atteint environ 6% du PIB, alors qu’elles n’étaient que de 1,5 à 2% en 2010, ce qui était acceptable, surtout que même certains pays développés ont recours à ce système. Selon lui, nous avons atteint ce stade, parce que les prix n’ont pas réaménagés, depuis 12 ans, ce qui constitue une entrave à l’impulsion de l’investissement.
Pour y arriver, a-t-il ajouté, il y a deux méthodes, l’une « soft », avec des hausses équilibrées et espacées, avec des compensations pour les catégories faibles et démunies. La seconde est sévère, avec l’annulation des subventions, ce qui risque de provoquer un choc et, par conséquent, il est nécessaire que nous fassions attention.
Entretemps, il est nécessaire de réguler le marché au niveau des autres produits qui ne sont pas subventionnés, en réglant les problématiques des autres secteurs de production, afin d’atténuer et de maîtriser la hausse des prix. En parallèle, il est nécessaire de revoir la politique de l’Etat, au niveau des transferts sociaux, parce qu’il y a des choses qui sont plus importantes, même, que la nourriture, notamment la santé, l’éducation, etc…
La corruption s’est accentuée
L’ancien ministre a parlé, aussi, du modèle du développement tunisien, et contrairement à ce que véhiculent « certains experts », il juge qu’il est performant, qu’il a fait ses preuves et qu’il demeure, toujours, d’actualité.
A propos de la corruption, en Tunisie, Baccar a rappelé qu’on était au 58ème rang dans le classement de Transparency International, en 2010, mieux que tous les autres pays arabes et autres, notamment la Turquie et l’Italie. Les domaines principaux n’étaient pas touchés, notamment en ce qui concerne les revenus de l’Etat et ses moyens financiers.
Mais, malheureusement, nous sommes, aujourd’hui, au 70ème rang, et on avait atteint le 78ème rang, même, ce qui implique que la situation s’est dégradée.