
Tunis, UNIVERSNEWS (Finances) – Le rythme d’évolution du taux d’endettement en Tunisie a été marqué par une croissance significative par rapport aux années précédentes. Selon un document du ministère des Finances sur les résultats provisoires de l’exécution du budget, l’encours de la dette publique a atteint 135 Milliards de dinars au cours de l’année 2024, ce qui représente 81,2% du PIB contre 126,6 Milliards de dinars en 2023, soit 84,6% du PIB. Dans le cadre de la loi de finances 2025, l’Etat tunisien table sur un encours de la dette publique à hauteur de 147,4 Milliards de dinars. Un taux qui marque une tendance à la hausse du taux d’endettement dans le pays.
Dans une note récente, l’Observatoire Tunisien de l’Economie (OTE) a précisé que plusieurs raisons sont à l’origine de l’augmentation du taux d’endettement, avant d’estimer que l’impact le plus significatif observé a été le glissement du dinar qui a engendré une hausse de l’encours de la dette au cours des années 2016-2018 marquant la politique de dévaluation de dinar imposé par le FMI en 2016 dans le cadre du programme de prêt de mécanisme élargi du crédit (EFF).
Il a été également constaté que l’impact de la dévaluation du dinar par rapport aux autres monnaies a fait augmenter l’encours de la dette publique extérieure de 18 746 MD entre 2016 et 2018, passant de 55% du PIB fin 2015, à 78% du PIB fin 2018. Et d’expliquer que l’évolution du taux de change d’une monnaie nationale par rapport aux devises étrangères a un impact direct sur le coût de la dette extérieure d’un pays. En effet, lorsque la monnaie nationale se déprécie, le montant à rembourser en devises étrangères augmente, alourdissant ainsi la charge de la dette.
Ainsi, les transactions monétaires liées au commerce extérieur influencent directement les indicateurs de la dette, si la majorité des échanges commerciaux sont réalisées en euro la dette extérieure doit être libellée en euro afin de minimiser les risques liés aux fluctuations du change.
L’étude a également noté, que dans le cas tunisien, l’euro constitue la première monnaie de règlement des transactions extérieures. En 2017, sa part dans le commerce extérieur en termes de valeurs échangées était de 59,7 % pour les exportations et de 48,7 % pour les importations (contre respectivement 31,9 % et 49,2 % pour le dollar) alors que la part de l’encours de la dette extérieure libellé en euros est de 50.4% en décembre 2017 (contre 32,1% pour le dollar).
Etant donné que les échanges commerciaux extérieurs sont majoritairement effectués en euro en euro, la Tunisie est particulièrement vulnérable aux fluctuations du taux de change entre le dinar et l’euro. En outre, une proportion significative de la dette extérieure étant libellée en euro, toute dépréciation du dinar entraîne une augmentation du coût de la dette en monnaie locale (dinar).
Cette situation entraîne, selon l’OTE, une aggravation du déficit budgétaire et un alourdissement de la charge financière pour l’État. De plus, le déficit budgétaire chronique augmente systématiquement l’encours de la dette, car l’État doit continuer à emprunter pour financer ses déficits, ce qui accentue la pression financière sur le pays à long terme. Or la monnaie européenne s’est fortement appréciée par rapport au dinar tunisien pendant la période de l’implémentation de la politique de la dévaluation du dinar et durant laquelle la Banque Centrale de Tunisie a adopté un régime de change flexible laissant le dinar fluctuer selon la volonté des forces du marché.
Tout en s’appuyant sur les chiffres, l’OTE a assuré que la monnaie nationale a perdu 50% de sa valeur pendant la période d’implémentation de la politique de dévaluation du dinar. La dépréciation a atteint 77% au cours des années 2011-2023 par rapport à l’Euro, soit un glissement annuel moyen de 4.5% sur treize ans.