TUNIS – UNIVERSNEWS Le dossier Paypal en Tunisie est toujours en suspens. Compte tenu de la modestie de ses avoirs en devises, la Tunisie ne peut pas permettre d’ouvrir un compte en monnaies étrangères et, notamment en dollars et en euros pour chaque Tunisien, même si celui-ci dépose une partie de ses économies dans ledit compte pour pouvoir acheter de l’étranger.
Notre pays a un grand besoin de devises pour le remboursement des crédits et l’achat des biens et services pour l’Etat et les consommateurs.
La société PayPal a refusé à plusieurs reprises les demandes de la Tunisie pour l’accès à ses services du pays. PayPal exige une totale liberté pour ses opérations financières sur ses différents comptes à travers le monde sans aucune restriction.
Le virement d’argent d’un compte tunisien vers n’importe quel autre compte dans le monde est une condition jugée inacceptable par la Banque Centrale de Tunisie et va à l’encontre de la loi de change en vigueur. En effet, la loi tunisienne interdit le transfert de devises vers des comptes bancaires à l’étranger.
Où est le problème ?
En 2017, des dirigeants de PayPal et des cadres du ministère des Technologies de la communication et de l’Economie numérique (TCEN) s’étaient rencontrés. Objet des discussions : lever les derniers obstacles empêchant l’utilisation de la plateforme de paiement en ligne en Tunisie. La Banque centrale de Tunisie avait alors transmis une lettre au ministère des TCEN pour demander à PayPal un « traitement particulier ».
La BCT exhortait la plateforme à permettre le rapatriement dans le pays des fonds collectés sur les comptes PayPal des Tunisiens résidents. Car c’est bien là l’un des enjeux du problème : un résident tunisien ne peut disposer d’un compte en devises hors de Tunisie. Et tant que la législation tunisienne n’aura pas changé, les discussions entre PayPal et l’Etat risquent de rester au point mort.
La Tunisie espérait cependant que ce traitement personnalisé serait possible. Paypal s’est en effet parfois adapté à des législations en Afrique : en 2014, par exemple, la plateforme américaine avait autorisé les citoyens du Nigeria, du Cameroun, de Côte d’Ivoire et du Zimbabwe, qui utilisent le franc CFA, à utiliser ses services. Mais PayPal avait alors restreint les activités des utilisateurs aux seuls les virements de fonds vers des marchands ayant été agréés par Paypal.
Autrement dit, il n’était pas possible d’envoyer ou de recevoir des fonds de n’importe quel utilisateur de PayPal. La société américaine ne semble, depuis, pas vraiment prête à faire des concessions vis-à-vis de la Tunisie : PayPal a demandé fin 2016 que les restrictions de la BCT ne soient pas appliquées à ses services. De quoi favoriser l’ouverture de comptes offshore pour les Tunisiens. Tant que la BCT ne lâchera pas du lest à ce sujet, PayPal continuera d’ignorer les requêtes tunisiennes. C’est simple : On n’est pas près de voir PayPal en Tunisie !
L’implantation de PayPal aurait eu un impact certain en termes de flexibilité et de conformité aux standards de paiement internationaux. Cela aurait permis aux e-marchands et aux développeurs tunisiens d’atteindre une clientèle étrangère plus large. Cependant, s’ils font preuve de la même détermination, les autorités tunisiennes auront toujours la possibilité de conclure un accord avec l’un des nombreux portes-monnaie électroniques concurrents de PayPal. Cela entretiendrait l’espoir de se débarrasser progressivement des freins à l’essor de l’économie numérique.