TUNIS – UN/Agences – La Turquie s’apprête à un second tour inédit, dimanche 28 mai, pour élire son président au terme d’une campagne amère, emplie de promesses et d’anathèmes jetés par les deux camps contre les Kurdes et les réfugiés syriens.
Pour ce nouveau face à face, Recep Tayyip Erdogan part après le premier tour avec une avance de cinq points (49,5 %) et 2,5 millions de voix sur son rival, le social-démocrate Kemal Kilcdaroglu (45 %), à la tête d’une alliance disparate de six partis allant de la droite nationale à la gauche. Les derniers sondages –qui s’étaient trompés avant le premier tour– accordent d’ailleurs une avance similaire de cinq points au chef de l’État.
En dépit de cette arithmétique à priori favorable au président au pouvoir depuis vingt ans, reste une inconnue : les 8,3 millions de voix qui ne se sont pas exprimées lors du premier tour, malgré une participation de 87 %.
Déjà, la diaspora qui a pu voter jusqu’à mardi soir s’est davantage déplacée, avec 1,9 million de bulletins contre 1,69 million. Outre les abstentionnistes, les deux camps ont courtisé depuis le 14 mai les ultranationalistes, dont le troisième homme du premier tour, Sinan Ogan, qui a recueilli 5 % des suffrages exprimés et a finalement rejoint Erdogan. Mais le poids de ces extrêmes a joué sur la tonalité de la campagne.
Manifestement sidéré par une défaite qu’il n’avait pas anticipée, Kemal Kilicdaroglu, 74 ans, a disparu des écrans au lendemain du 14 mai pour réapparaitre au quatrième jour, réinventé en candidat martial. Finis les sourires, les cœurs avec les doigts qui ponctuaient ses meetings, place à la mine et au poing fermés pour annoncer l’expulsion des réfugiés syriens « dès le lendemain de la victoire ».