-
Place à une coalition élargie et sacrée contre le « gouvernement d’Ennahdha… »
-
Déjà un consensus autour de trois noms pour former le « gouvernement dit du président »
-
L’idée d’élections législatives anticipées est rejetée par la majorité écrasante des partis politiques
Depuis le 15 novembre, jour du démarrage de la mission confiée par le président de la République, sur proposition du parti Ennahdha, à Habib Jemli pour former le gouvernement, on aura tout vu et entendu.
En effet, il y eut une succession de rebondissements et de coups de théâtre quant à la configuration du futur gouvernement. On s’acheminait, d’abord, vers un gouvernement fondé sur la « ligne dite révolutionnaire » devant réunir Ennahdha, Echaâb, Attayar et Tahya Tounès, suite à une médiation de Jaouher Ben Mbarek et Habib Bouajila.
Mais au moment où M. Jemli s’apprêtait à annoncer l’accord final et la composition du gouvernement, Mohamed Abbou, Zouhair Maghzaoui et Youssef Chahed indiquaient que leurs structures ont refusé la participation à ce gouvernement pour manque de sérieux des propositions qui leur ont été faites.
Et malgré un forcing du président de la République, Rached Ghannouchi a signifié qu’il était trop tard, alors que M. Jemli annonçait son scoop : Il formera son cabinet en recourant à des « personnalités compétentes, indépendantes et non partisanes ».
Tout le monde avait cru à un retour à la formule d’un gouvernement de ministres ayant l’aval d’Ennahdha et de Qalb Tounès. Et après de multiples fausses annonces, Habib Jemli a fini par rendre publique son équipe après l’avoir soumise au chef de l’Etat, sachant qu’elle avait été fuitée. Par qui ? on le saura, vendredi, jour de la soumission du gouvernement au vote de confiance à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), si l’on croit les promesses du chef du gouvernement chargé.
Or, depuis l’annonce de l’équipe gouvernementale, que d’eau a coulé sous les ponts ! Dans le sens où ce sont les deux parties, censées avoir le plus intérêt à ce que le gouvernement passe, qui ont émis les plus vives critiques laissant entendre qu’elles pourraient ne pas le voter si des modifications n’y sont pas apportées. Sans oublier que des révélations pas très heureuses ont été faites à propos de certains noms proposés.
Les observateurs croyaient, de prime abord, qu’il s’agissait d’une simple manœuvre pour faire croire que même Ennahdha et Qalb Tounès acceptaient le gouvernement à contre cœur. Mais voilà que la grosse surprise a surgi avec l’annonce plus que sérieuse par Qalb Tounès de ne pas accorder la confiance au gouvernement Jemli.
Le plus surprenant est que ce revirement est intervenu suite à un rapprochement inattendu entre Nabil Karoui et Youssef Chahed. Une rencontre, deux et trois en l’espace de trois jours entre les deux ennemis jurés d’hier. Comment et pourquoi ?
Jusque-là, les deux hommes ont veillé à garder le secret total des différentes péripéties de leur réconciliation, car c’en est bien une, laissant libre cours aux différentes interprétations et autres supputations lancées par les uns et les autres.
D’ailleurs, si du côté de Qalb Tounès, le silence est de rigueur, chez Tahya Tounès, on se contente de confirmer la nouvelle entente entre les deux partis, d’affirmer qu’il y aura un vote contre le gouvernement, et ce dans le cadre d’une action globale consistant à rassembler de nouveau les diverses composantes de la famille démocratique et centriste.
Univers News a réussi, à avoir, de sources dignes de foi dans les milieux de Qalb Tounès et de Tahya Tounès, des révélations sur les derniers développements, à savoir que les deux partis ont senti le danger représenté par le gouvernement proposé. « Un gouvernement mijoté par Noureddine Bhiri et compagnie avec deux ministres à l’Intérieur et à la Justice entièrement dévoués au parti islamiste tout en accordant plus de 80% des portefeuilles à des Nahdhaouis allant du second au quatrième rang… ».
C’est alors, ajoutent nos sources, que des personnes de bonne volonté ont proposé leurs bons offices au patron de Qalb Tounès et au chef du gouvernement sortant pour une réconciliation destinée à barrer la route au gouvernement de Jemli, qui est un cabinet « déguisé » d’Ennahdha.
Il a fallu de sérieux efforts pour convaincre Chahed et Karoui d’enterrer la hache de guerre dans le sens où il faut laisser de côté les malentendus et les clivages judiciaires et se consacrer à la chose politique. « Au cours des trois rencontres, marquées par des entretiens francs, les nuages ont été dissipés, affirment encore nos sources, avant d’enchaîner que le nouveau scénario semble avoir mûri. Il faut encore juste quelques petites retouches à fignoler, aujourd’hui jeudi 9 janvier 2020 »
Les mêmes milieux assurent qu’un climat de confiance et de sincérité règne, désormais entre Nabil Karoui et Youssef Chahed, même pour l’après éventuelles chute du gouvernement proposé, dans le sens où les différents partis politiques n’ont aucun intérêt au passage à des élections législatives anticipées.
Nos sources précisent que, d’ores et déjà, un consensus semble se dégager autour de trois noms dont l’un sera entériné par Kaïs Saïed pour former le prochain cabinet gouvernemental. On n’en est pas encore là, mais il semble que, si ce rapprochement se confirme, les choses prendraient, alors, un tournant irréversible.
Des questions se posent et s’imposent, toutefois. Quelle réaction aurait le parti islamiste qui, logiquement, ne s’avouerait pas vaincu aussi facilement car on imagine mal Ennahdha, arrivé premier aux législatives et ayant plus d’un tour dans son sac, isolé à l’ARP où il serait appelé à figurer dans l’opposition en compagnie d’El Karama !
C’est dire qu’une fois de plus, on pourrait assister à un dénouement à la 90ème minute grâce à une entente présentée, il y a seulement 3 ou 4 jours, comme étant impossible entre Nabil Karoui et Youssef Chahed. Et en tout état de cause, tout le monde a intérêt à ce que ce soit le dernier épisode d’un feuilleton qui n’a que trop duré…
Noureddine HLAOUI