- Nous n’avons pas un problème de compétences et le problème est que la digitalisation n’a pas frappé toutes les portes
- L’IA donnera lieu à des opportunités, mais cela ne signifie pas qu’il faut accepter aveuglement tous les changements qui se présentent à nous
- Il faut encadrer et accompagner les entreprises dans leurs processus de digitalisation et de mise en place d’une stratégie d’Intelligence artificielle
TUNIS – UNIVERSNEWS (INTERVIEW) – Fatma Siala Kallel, docteur en intelligence artificielle et responsable communication de l’Association Tunisienne de l’Intelligence Artificielle (ATIA) a accordé à Universnews une interview où elle a évoqué plusieurs points dont la place qu’occupe l’IA en Tunisie, les opportunités qui se présentent et comment optimiser cette technologie.
- UNIVERSNEWS : La Tunisie est-elle bien placée aujourd’hui par rapport à la course à l’intelligence artificielle ?
Fatma Siala Kallel : Avant de parler de l’intelligence artificielle (IA), il faut en premier lieu réussir le processus de digitalisation dans son ensemble, outils, méthodes, techniques et bonnes pratiques. De plus, nous ne pouvons pas parler de l’intelligence artificielle alors que dans certains domaines et secteurs d’activités, essentiellement publics, on est encore sur des documents sous format papier.
Nous n’avons pas un problème de compétences. Bien au contraire, nous avons suffisamment de développeurs et d’ingénieurs tunisiens qui peuvent s’adapter aux changements et répondre aux besoins du marché même à l’échelle internationale. Le problème plutôt est que la digitalisation n’a pas frappé toutes les portes et que plusieurs secteurs et domaines d’activités ne sont pas suffisamment digitalisés pour pouvoir parler et introduire de l’intelligence artificielle.
Nous avons des compétences qui travaillent à l’échelle internationale et qui sont capables de relever le défi donc il ne faut pas s’inquiéter là-dessus ! La Tunisie est bien représentée par ses ingénieurs et ses développeurs, mais le problème est que dans certains secteurs principalement publics, la digitalisation est limitée et ne touche pas tous les éléments et cela rend impossible l’introduction de l’intelligence artificielle.
- Face à cette problématique, comment peut-on procéder pour pouvoir tirer profit de cette technologie ?
Aujourd’hui, nous sommes engagés à faire de notre mieux afin de pouvoir s’adapter aux changements bien qu’il reste encore beaucoup de travail à faire dans la mesure où tous les secteurs ne sont pas digitalisés.
Comme première étape, il faut commencer par numériser les documents qui sont jusqu’à ce jour et dans plusieurs secteurs sous format papier.
De plus, comme tout changement, l’intelligence artificielle donnera lieu à des opportunités, mais cela ne signifie pas qu’il faut accepter aveuglement tous les changements qui se présentent à nous.
Derrière tout changement, il n’y a pas que les opportunités mais aussi des menaces puisque l’intelligence artificielle deviendra peu à peu accessible à tout le monde et du coup il y aura certainement des postes qui seront remplacés par des outils, donc l’idéal est de s’adapter aux changements et les considérer comme une opportunité pour pouvoir y profiter.
Il faut également savoir utiliser et maitriser les technologies liées à la sécurité et à la protection de la vie privée. Nous ne pouvons pas nier l’existence des risques et des menaces et c’est pour cela que nous devons être bien avertis sur l’utilisation de cette technologie pour pouvoir tirer profit et en bénéficier des avantages.
L’intelligence artificielle est un ensemble d’outils, de théories et de techniques permettant d’améliorer nos quotidiens, gagner le temps et qui aident à prendre des décisions.
- A priori, nous sommes devant plusieurs défis, quelles sont les priorités aujourd’hui ?
Il faut noter que si on n’est pas sur des données numérisées et des documents archivés, nous ne pouvons pas introduire l’intelligence artificielle et c’est ça le premier défi.
L’intelligence artificielle nécessite une étroite collaboration avec les différentes parties prenantes. Il faut savoir comment faire apprendre aux différentes disciplines ce qu’ils doivent nous fournir pour que nous soyons capables d’avoir une visibilité claire sur le futur. Les données ou la data est une source d’alimentation à tout le process.
C’est aussi l’ensemble d’outils qu’on utilisent pour améliorer le quotidien et gagner beaucoup de temps et ceci interpelle à réfléchir sur ce que nous devons fournir aux développeurs comme données pour pouvoir introduire cette technologie dans plusieurs domaines comme la santé, les banques et les assurances et ce à travers l’automatisation de certaines tâches.
Aujourd’hui, nous n’avons pas le choix. Il faut foncer. Nous sommes dans une course à l’échelle internationale où des outils plus rapides sont utilisés et nous sommes obligés de nous y adapter pour être plus rentables et plus efficaces mais tout en faisant attention aux risques qui peuvent écouler du partage pour éviter tous types de risques liés aux données.
Par conséquent, il faut encadrer et accompagner les entreprises dans leurs processus de digitalisation et de mise en place d’une stratégie d’Intelligence artificielle tout en faisant appel à des consultants.
L’IA reste toujours un outil d’aide à la décision qui permet de gagner du temps. Il faut juste l’utiliser de manière convenable pour pouvoir bénéficier des avantages et ne pas tomber dans les risques.
En revanche, nous sommes appelés à contenir les risques et éviter les problèmes liés au partage des données.