TUNIS – UNIVERSNEWS – Courir un marathon est une épreuve physique en soi. Le Centre national pour la promotion de la transplantation d’organes (CNPTO), qui s’occupe des dons d’organes, donne aussi d’elle-même sur cette course avec un millier de participants. Depuis 9h00 du matin, des centaines de personnes donnaient simultanément de leur énergie pour promouvoir un acte généreux et solidaire, en participant à la 2eme édition des foulées vertes le long de l’avenue Habib Bourguiba de Nabeul. Le but de ce défi sportif et solidaire : sensibiliser le grand public au don d’organes. La Tunisie a réalisé en 2022 : 19 prélèvements multi-organes, 71 greffes rénales, 12 transplantations cardiaques et 8 transplantations hépatiques.
Dr. Jalel Eddine Ziadi, Pr en chirurgie cardiovasculaire à l’hôpital de la Rabta et Directeur Général du Centre national pour la promotion de la transplantation d’organes (CNPTO) impliquée dans le déroulement de l’événement, a déclaré que son équipe composée de médecins et d’assistants en médecine s’est déplacé sur le terrain à la rencontre des citoyens le jour du marathon pour leur expliquer la nécessité de donner un organe après la mort et les bienfaits du don sur les malades pour rester en vie. « Le don d’organes, dit-il, doit être inscrit dans un projet sociétal incluant l’état avec ses différents ministères: (Ministère de la Santé, Ministère de l’Education, Ministère des Affaires Religieuses, Ministère de l’Intérieur, Ministère des Affaires Sociales, Ministère de la Jeunesse et des Sports…) d’une part et la société civile d’autre part. L’approche pour la sensibilisation au don doit toucher toutes les tranches d’âges et les catégories sociales. On doit commencer par les élèves depuis leur jeune âge en incrustant en eux la culture du don d’organes dans les manuels éducatifs. Sur le plan religieux, une formation des Imams concernant le don d’organes a été réalisé en collaboration avec le ministère des Affaires Religieuses pour que ces derniers diffusent les valeurs du don dans les prêches. Concernant les médias, nous essayons d’être présents durant toute l’année pour en parler du don sous tous ses aspects».
Tout au long de la course (1km, 5km et 10 km), le public était invité à participer à la fête musicale tout en soutenant les coureurs. Le principe est simple: des enfants dessinent ou confectionnent des cœurs et viennent les remettre aux coureurs pour les encourager et soutenir les patients en attente de transplantation. L’occasion pour les organisateurs de faire de la pédagogie sur le don d’organes. « Ça a sauvé ma vie, cette greffe», souligne une jeune femme. Baskets aux pieds, elle affiche un large sourire. Cette année, la jeune femme a participé pour la troisième fois aux foulées vertes, un événement sportif pour sensibiliser le grand public sur le don d’organes. À ses côtés, son amie, greffée du rein, l’accompagne dans cette aventure. Ensemble, ils ont parcouru 5 kilomètres en équipe. « Cette course, ça nous permet de montrer que l’on peut vivre tout à fait normalement après une greffe d’organe», confient–elles.
« A la base, je ne suis pas trop sportif. Je me suis mis à la course à pied après ma greffe », raconte un enseignant. «C’était ma première compétition. J’en garde un très bon souvenir et cela me pousse à continuer». Un avis partagé par Ahmed « Le don d’organes peine à s’ancrer en Tunisie, bien qu’il n’y ait aucune interdiction, ni médicale ni légale ni religieuse».
Le but du marathon était donc de pousser les gens à s’interroger sur le don, à parler de la transplantation qui sauve des vies. Entre les marcheurs et les transplantés, l’émotion était vive. C’est un bon espoir. La sensibilisation autour du don d’organes reste plus que jamais primordiale. Cela peut sauver des vies. «Il ne faut pas avoir peur de donner. Cela sauve des vies derrière. Chaque année, ce sont plus des centaines qui décèdent faute de recevoir un greffon à temps. Plusieurs personnes ont besoin d’une greffe d’organes. Chaque année, trop de patients sont inscrits en liste d’attente et ne peuvent être greffés faute de greffons disponibles. Il ne faut pas hésiter. On peut tous avoir besoin d’un organe», précise Dr Ziadi.
M.S.