- La Tunisie se classe seconde mondiale en matière de diplômés en STEM, et peut être parmi le 5 premiers mondiaux en I.A
TUNIS-UNIVERSNEWS- Le débat a attiré une pléiade de personnalités et de dirigeants très intéressés qui ont participé à toute la manifestation qui a, certes, un peu débordé, mais qui a bénéficié de l’intérêt de toute l’assistance, surtout qu’elle s’est achevée par la remise des distinctions honorifiques, à certains dirigeants d’établissements publics et deux entreprises dont l’une internationale qui s’est tunisifiée et l’autre locale qui s’est internationalisée.
Le modérateur Khelil Lajimi a fait, par la suite, une synthèse assez pertinente des idées, propositions et visions des intervenants. Avec une aisance qui donne à penser qu’il maitrise le sujet et qu’il croit en la capacité des Tunisiens à relever le défi, il a expliqué que la géoéconomie est un néologisme pour un nouveau concept et qu’il est en train de s’instaurer pour prendre la suite du néo-libéralisme et qui laisse, de nouveau, à l’Etat le rôle de la redistribution des richesses. Toutefois, a-t-il ajouté, avec les crises vécues, au cours des dix à quinze dernières années, les experts économiques ont découvert que le néolibéralisme n’est plus capable d’apporter les réponses et les solutions adéquates aux différents pays… et, à partir de là a émergé cette géoéconomie qui consiste à ce que l’Etat reprenne l’initiative, comme il a été expliqué, précédemment, avec les droits de douanes du président américain Donald Trump qui ont bouleversé le monde, avec les décideurs du monde entier qui veulent comprendre ce qui se passe.
Trump veut faire plier politiquement ses anciens alliés !!!
Khélil Lajimi a évoqué à ce propos l’intervention du directeur général de l’AHK, Jörn Bousselmi qui avait indiqué que l’initiative n’est pas entre les mains les entrepreneurs allemands qui ont des craintes, pour la prochaine évolution de la situation mondiale. Mais, ce qu’on remarque, c’est que ces droits de douanes, a-t-il souligné, ne sont pas de simples décisions, surtout que l’administration Trump a sacrifié la croissance et, selon certains chiffres, il y a des craintes que les Etats-Unis entrent en récession, surtout avec l’inflation qui repart à la hausse, la grosse bataille avec la FED pour faire baisser les taux d’intérêt directeurs, et cela va alimenter toute la littérature économique dans les prochaines semaines. Mais, poursuit l’orateur, ce qu’on essaie de deviner et de lire, à travers ces mesures de protectionnisme, c’est que, pour reprendre son hégémonie qui commence à se ternir, petit à petit, l’administration américaine a sacrifié ses alliés, pour les faire plier politiquement.
Un changement de cap facile pour la Tunisie
Pour la Tunisie, le pays a un grand avantage celui d’être petit et l’inertie de son économie est très petite, a affirmé M. Lajimi qui voit que la Tunisie peut changer, facilement, de cap, surtout qu’elle n’est pas un grand navire difficile à manœuvrer, mais un petit bateau qui peut prendre la direction qu’il veut, de la manière la plus facile, avec des choix économiques qui peuvent être changés rapidement, comme le montre le débat qui existe, depuis 2011, autour du modèle de croissance économique qui a pu créer un taux moyen de croissance de 4,7% durant vingt ans, alors que la période de 2011, jusqu’à maintenant, nous n’avons pas enregistrer plus d’un pour cent de croissance économique, ce qui implique que la Tunisie a perdu trois points et demi de croissance, pour chacune des 13 dernières années, occasionnant une perte colossale de pas moins de 50% de stock de notre PIB, soit 85 milliards de dinars de de richesses. Et si on les divise sur les 12 millions de Tunisiens, on est à 7000 dinars par habitant… et par an de revenus supplémentaires par habitant !!!
La Tunisie dispose, en outre, d’un atout majeur puisqu’elle se classe seconde mondiale (oui) après la Malaisie en matière de diplômés en STEM (science, technology, engineering and mathematics) selon un classement du World Economic Forum de 2023. Cet avantage compétitif permettra à notre pays d’être un acteur majeur de l’IA.
Sécuriser nos ressources et créer une autosuffisance
Pour ce qui est des solutions à prévoir, le modérateur du GRAND DEBAT d’UNIVERSNEWS a appelé à se référer aux interventions des participants qui avaient recommandé, d’abord, de sécuriser les ressources du pays. Cela commence au niveau de l’approvisionnement en gaz naturel, avec le gazoduc trans-tunisien qui passe et les prévisions pour ce qui va se passer entre l’Algérie et l’Italie
Les approvisionnements en céréales, surtout au vu de l’impact de la guerre en Ukraine, sur le marché international du blé où les prix ont explosé, avec la conséquence de prévoir au moins trois mois de stocks de sécurité.
Il a expliqué que dans les régions du nord de la Tunisie pouvant disposer d’environ 500 mm d’eau de pluviométrie et constituant un axe horizontal, allant de Bouficha au Kef, l’Etat doit imposer la culture du blé dur, afin d’assurer notre autosuffisance, à ce niveau, ce qui stratégique.
L’UpM torpillée par l’Allemagne de Merkel
De grand problèmes restent à résoudre dans le sens d’une dynamisation de la vie économique, et dans ce sens, on a évoqué l’image qu’on doit donner de la Tunisie et qui doit être rayonnante, ce qui n’est pas le cas avec l’absence d’un aéroport qui peut refléter l’image d’une Tunisie tournée vers l’avenir, ou avec le port de Radès qui est un vrai goulot d’étranglement ou le déchargement d’un navire peut aller de 4 jours à une semaine ou plus, occasionnant de grandes pertes à l’économie du pays, alors que les bateaux ne mettent pas plus de 24 heures au pire des cas, pour parcourir la distance séparant leur point de départ et la Tunisie.
L’orateur a évoqué, en outre, un problème de fragmentation régionale qui est en train d’émerger, surtout qu’on n’est plus, aujourd’hui, dans un monde unilatéral, rappelant l’initiative de la création de l’Union pour la Méditerranée (UpM) torpillée par « nos amis » allemands qui n’en voulaient pas, alors que les Français étaient partant et se basaient sur la Tunisie, et tout cela parce que la chancelière, à ce moment, Angela Merkel, était tourné vers les pays de l’est de l’Europe.
Maintenant, la question qui se pose est comment allons-nous nous positionner, pour créer un bloc qui permettra à la Tunisie d’émerger au niveau régional. Le modérateur a recommandé, à ce propos, la Tunisie doit garder sa taille, être ambitieuse à la mesure de ses moyens et jouer l’excellence dans certains domaines liés à la technologie.
La Tunisie capable de tirer son épingle du jeu
Conséquence de la nouvelle configuration de l’économie mondiale, l’Etat va devenir petit à petit, interventionniste, prédit Khélil Lajimi se basant sur la présentation du directeur général de l’AHK qui avait indiqué que 7% des entreprises allemandes qui sont installées aux Etats Unis pensent que les mesures de Trump leur seront bénéfiques, au vu du projet du président américain de réindustrialiser le pays, et les dix prochaines années vont nous le prouver ou non !!!
Il a expliqué que nous sommes devant un nouveau concept qui, si nous le maitrisons, va nous permettre de comprendre ce monde bouleversé où chaque jour arrive un incident politique, économique ou commercial, et l’espoir est que la Tunisie puisse tirer son épingle du jeu et d’être un acteur régional incontournable. Ainsi, cela permettra à ses futures générations de bien vivre et de ne plus « s’expatrier ».
UNIVERS NEWS