TUNIS – UNIVERSNEWS (CULT) – Un hommage sera rendu à la mémoire de Habib Bouabana à travers une exposition d’une collection de ses œuvres qui aura lieu du 01 au 15 Mai 2024, à la galerie d’art Marsa Enchères.
Habib Bouabana (1942-2003) était un peintre exceptionnel qui a laissé une empreinte indélébile sur la peinture tunisienne du XXe siècle. Surnommé le «Modigliani Tunisien», il a suivi un chemin artistique unique malgré ses différends avec l’Ecole de Tunis.
Formé à l’école des beaux-arts de Tunis, Habib Bouabana était un poète plasticien jusqu’au bout du pinceau. En plus de son talent de peintre, il était également enseignant d’art, pratiquant le théâtre et la poésie. Dans son atelier à l’avenue Habib Bourguiba, il créa des portraits saisissants, faisant de lui le deuxième portraitiste le plus important après Ammar Farhat, lit-on dans la note de présentation.
L’esprit frondeur et inquiet de Bouabana l’a conduit à mener une vie de bohème. L’acte de peindre pour lui était un équilibre fragile entre quête passionnée et dilettantisme teinté de dérision. Malgré ses difficultés personnelles, il s’isolait dans un monde intérieur riche en visions, exprimant sa créativité à travers une palette variée.
Les thèmes récurrents dans ses œuvres sont éloquents. De la «Dame au collier» au «Couple en sortie», en passant par la «Femme africaine» et «Bou Saâdia», l’harmonie des couleurs et des formes est omniprésente. Sa peinture, souvent brouillonne par tempérament, était indisciplinée par conviction et intuitive parce qu’inspirée. Elle a laissé une marque indélébile dans l’histoire de l’art contemporain en Tunisie, nourrie de provocations et de défis incessants. Ses formes étaient une agression audacieuse, et ses couleurs, des mots orduriers et des blasphèmes contre tout ordre établi. Habib Bouabana est considéré comme le seul peintre à avoir poussé son «NON» au système jusqu’au bout.
Répertorié dans la bibliothèque virtuelle du Musée des Beaux-Arts de Nantes, il représentait un repère singulier. Préférant l’authenticité, il a laissé des œuvres qui témoignent de son refus de se conformer aux normes établies. Son idéal s’exprimait dans une phrase évocatrice : «je suis séduit par l’idée d’une femme qui n’existe pas encore, une femme-patrie».