« Traduction entre stratégies de domination et l’impératif du dialogue avec l’Autre » tel est le thème autour duquel s’est articulée la journée d’étude organisée par l’Institut de Traduction de Tunis vendredi 07 décembre 2018 sous la direction de Abdelhalim Massoudi et la participation de Mohamed Ayet Mihoub en présence de nombreux écrivains et interprètes, dont Fatima Lakhdar, Ahmed Hajji, Mansour Mhenni et Mohammed May etc. Cette rencontre s’est articulée sur deux axes principaux à savoir : La traduction en tant que manifestation de la domination de l’autre et la traduction en tant que dialogue et ouverture sur l’Autres.
Le conférencier Mohamed Ayet Mihoub a fait savoir à cette occasion que toute civilisation a besoin de s’ouvrir sur l’autre et d’instituer un dialogue permanent en présentant la traduction comme le meilleur moyen d’y parvenir et d’ajouter : « Il existe des utilisations idéologiques et politiques nombreuses de la traduction. Mais en étant avertis cela ne peut en aucun cas nous empêcher d’œuvrer en vue d’une meilleure connaissance de l’autre à travers notamment les textes traduits. Nous avons découvert la littérature russe tout en sachant que l’Union soviétique soutenait la traduction dans un but purement idéologique. Ceci n’a pas impacté notre élan de curiosité et de découverte de la littérature russe. Ces faits sont en effet éphémères. Seuls les écrits traduits ont la force de traverser le temps grâce au désir profond de l’humain d’aller toujours vers l’autre dans un esprit de dialogue et de communication.
Pour Mohammad Ayet Mihoub, les nations qui ne traduisent pas et ne se font pas traduire, à l’instar des Arabes du Moyen Âge, sont des nations hors de la civilisation humaine et de l’existence humaine. La traduction n’est donc pas seulement un processus de migration d’une langue à une autre, mais elle représente un acte de civilisation dont nous avons besoin en temps de guerre comme en temps de paix. C’est un véritable bouclier qui nous protège et un antidote qui nous permet de rebondir et d’avancer à chaque fois.
Au cours de cette journée de réflexion sur les stratégies de traduction, Mohamed Ayet Mihoub a passé en revue les étapes par lesquelles est passé le mouvement occidental de traduction qui a touché les textes arabes avec le transfert de la civilisation arabo islamique à l’Occident sur une période de trois siècles.
Pour sa part, Abdelhalim Masoudi a déclaré que l’intervention de Mohammed Ayet Mihoub sur « La traduction entre les stratégies de domination et l’impératif du dialogue avec l’Autre » est un sujet extrêmement délicat qui démontre que la question de la traduction revêt une dimension hautement stratégique.
Dans son intervention Fatma Lakhdhar a souligné quant à elle que le transfert de la civilisation arabe à l’Occident se faisait par la traduction tout en précisant : « La traduction elle aussi, ne manque pas de créativité comme certains le croient, c’est pourquoi elle ne devrait jamais être interrompue ».
Rappelons que les activités de l’Institut de traduction de Tunis se poursuivront le vendredi 21 décembre 2018 avec la présentation d’un ouvrage traduit du français à l’arabe intitulé : » Tunisie Une révolution en pays d’islam » de Yadh Ben Achour, traduit par Fathi Belhaj Yahya et présenté par Amel Grami.
* INFOS :
* L’Institut de traduction de Tunis : Une institution tunisienne qui supervise le processus de traduction des livres, leur impression et leur publication, en plus d’organiser des ateliers de formation en traduction, des rencontres internationales sur la traduction et les problématiques qui lui sont inhérentes.
* Mohamed Ayet Mihoub: Ecrivain tunisien, professeur de littérature moderne à l’université tunisienne.
(D’après l’Unité de communication de la Cité de la culture)