TUNIS – UNIVERSNEWS « L’administrateur indépendant entre mythe et réalité », tel est le thème du colloque annuel de l’Institut Tunisien des Administrateurs (ITA), organisé ce matin.
Dans ce cadre, Moez Joudi, président de l’ITA a annoncé qu’aujourd’hui, en Tunisie, on souhaite promouvoir encore plus les bonnes pratiques de gouvernance des entreprises et des banques. Il est important, d’ailleurs, d’avoir une gouvernance viable et des entreprises bien gouvernées.
Et d’ajouter que la Tunisie a beaucoup évolué en matière de bonne gouvernance. « Au niveau de l’ITA, on essaye de diffuser la culture de la bonne gouvernance, de développer les bonnes pratiques, de représenter les administrateurs, de les former et de les sensibiliser sur leur rôle, et ce, pour pouvoir être un acteur de référence au niveau de la Place financière de Tunis et un vecteur de transmission de cette culture de gouvernance »..
Ferid Belhaj : « La bonne volonté est là…l’intérêt est là…pour que la Tunisie revienne sur une trajectoire de croissance positive »
Dans son allocution d’ouverture, Ferid Belhaj, vice-président du Groupe de la Banque mondiale (BM) pour la région MENA, a affirmé que le fait de faire en sorte que le secteur privé ait aujourd’hui plus d’importance, plus d’impact et plus de poids dans les économies de la région MENA, est extrêmement important. « En ce sens, l’objectif crucial de la BM est de donner plus d’espace au secteur privé, en tant que clés de la croissance de notre région, de manière qu’il puisse absorber de façon positive et vertueuse tous les jeunes en chômage et saisir leur potentiel. C’est une urgence que nous souhaitons mettre sur la table ».
A cet effet, il a précisé que le débat sur les Conseils d’administrations, les entreprises publiques, l’indépendance et la non-indépendance des administrateurs et la gouvernance de l’entreprise mais aussi de l’économie, demeure une question importante qui mérite d’être posée.
Pour la Tunisie, le responsable de la BM a estimé qu’il faut déployer plus d’efforts et d’énergies pour travailler sur une meilleure attractivité du pays en général et du secteur privé en particulier pour qu’il se développe davantage. « La Tunisie est dans une situation économique qui risque de l’emmener à une implosion sociale. La Tunisie n’est pas isolée, au contraire il y a beaucoup de bonne volonté à l’assurer autant de soutien que possible. Il faut donc profiter de cette bonne volonté, qui n’est pas toujours gratuite et innocente. La bonne volonté est là…l’intérêt est là…pour que le pays revienne sur une trajectoire de croissance positive ».
Christian de Boissieu : « Il faut que le rôle d’administrateur indépendant devienne une chance plus qu’un défi »
De son côté, Christian de Boissieu, président du Conseil scientifique de l’ITA, est revenu sur les défis à relever pour le développement du marché des administrateurs indépendants. Il a cité, premièrement, le développement en Tunisie d’une approche concernant le nombre des administrateurs indépendants dans les Conseils et les proportions.
Le deuxième défi consiste, selon ses propos, en la structuration du marché qui se développe de plus en plus mais qui n’est pas très clair dans ses fonctions. Il faut aussi se baser sur la parité homme-femme au niveau des Conseils.
Christian de Boissieu a cité aussi la durée très courte du mandat de l’administrateur indépendant, qui est au maximum de 6 ans en Tunisie, contre 12 ans en France.
D’autres défis demeurent importants pour la Tunisie. Il s’agit de donner plus de moyens en termes de rémunération de l’administrateur indépendant; et de tracer une pédagogie pour les entreprises de taille intermédiaire et les PME afin de jouer plus la carte des administrateurs indépendants
Au final, le responsable a assuré qu’il faut que le rôle d’administrateur indépendant devienne une chance plus qu’un défi.
Nejia Gharbi : « Le problème de choix d’un administrateur indépendant reste toujours un mythe »
En marge du premier panel intitulé « L’apport de l’administrateur indépendant dans la gouvernance des entreprises et des banques », Nejia Gharbi, DG par intérim de la CDC et présidente du Conseil d’administration de la BNA, a annoncé que le rôle de l’administrateur indépendant est toujours lié à la bonne conduite et les règles de bonne gouvernance des entreprises ou des banques.
« Aujourd’hui, ceci commence à être une bonne pratique dans les entreprises publiques. Pour le secteur bancaire, l’administrateur indépendant demeure obligatoire dans les Conseils d’administration. Concernant les sociétés cotées, la présence d’un représentant des actionnaires minoritaires dans les Conseils d’administration s’est développée bien avant suite à une prise de conscience importante ».
Et d’ajouter : « Le but d’avoir des administrateurs indépendants, c’est surtout d’allier les intérêts par rapport aux actionnaires et les rassurer, mais aussi de donner la possibilité au Conseil d’administration de jouer son rôle pour mettre en place une stratégie et contrôler la Direction générale et les structures opérationnelles ainsi que pour la maîtrise des risques. Parce qu’une des règles de bonne gouvernance, c’est la séparation entre la Direction générale et le Conseil. Néanmoins, le problème de choix d’un administrateur indépendant reste toujours un mythe, car on n’a pas un guide ou une procédure claire dans certaines institutions ».