Jamel Ksibi: «Le BTP est en crise… fuite des cerveaux et 50 mille emplois perdus»!!!

  • Des compétences tunisiennes de BTP font aujourd’hui un bon travail en Afrique même pour le compte d’entreprises Chinoises, en Asie ou encore en Europe
  • Changer le processus et les méthodes de gestion des projets dans le secteur des travaux publics et veiller à résoudre les problèmes administratifs et financiers
  • Mettre en place une structure ou un bureau d’études de haut niveau pour soutenir l’administration afin de mieux gérer à temps les problèmes techniques, administratifs, financiers et sociaux
  • Mettre en place rapide de la commission d’accélération des projets publics et privés prévue par le décret-loi d’octobre 2022

TUNIS – UNIVERSNEWS – Dans une interview accordée à Universnews, le président de la Fédération nationale des établissements du bâtiment et de travaux publics (FNEBTP), Jamel Ksibi a annoncé que le secteur du BTP souffre d’une crise profonde, avant d’ajouter, citant les chiffres de l’Institut National des Statistiques (INS), que le secteur ne contribue, actuellement, qu’à hauteur de 4% dans le PIB du pays, qualifiant ce chiffre de très minime en comparaison avec les années 2000 en Tunisie, et avec d’autres pays où le secteur du BTP représente près de 25% du PIB.

Et d’ajouter que le secteur du BTP est le plus gros employeur et offrait plus de 510 mille emplois avant la pandémie, mais suite à la succession des crises et les conséquences liées à l’accumulation des problèmes, le secteur a perdu environ 10% de sa valeur ajoutée en 2022, selon l’INS toujours, donc une perte de près de 50 mille emplois. C’est aussi un secteur compétitif et à forte concurrence avec un fort potentiel d’exportation et qui a aussi son poids social dans la mesure où il peut favoriser la paix sociale : « C’est un indicateur de paix sociale parce qu’on s’intéresse toujours au nombre de personnes qui sont propriétaires de logements.

Fermeture d’un grand nombre d’entreprises

Il a souligné l’importance d’accorder plus d’intérêt à ce secteur créateur de richesse pour le pays, mettant en garde contre sa détérioration et la fuite des cerveaux et des compétences vers des pays étrangers suite à la fermeture d’un grand nombre de petites et grandes entreprises dans le secteur du BTP : « Des compétences tunisiennes de BTP font aujourd’hui un bon travail en Afrique même pour le compte d’entreprises Chinoises, en Asie ou encore en Europe», a-t-il dit. 

Jamel Ksibi a annoncé « Si le secteur du BTP est en crise et les projets sont bloqués, les investissements publics se trouvent alors en panne et les investissements privés sont fortement liés aux investissements publics, les investisseurs ne viennent pas, aussi bien pour les Tunisiens que pour les étrangers. C’est tout un cercle vicieux ! », a-t-il encore dit.

Le président de la Fédération nationale des entrepreneurs de BTP a pointé de doigt le manque d’investissements publics dans le secteur qui sont généralement liés aux infrastructures : « si l’investissement public qui est la base, n’avance pas, l’investissement privé tunisien ou étranger n’avance pas », a-t-il dit.

Ksibi a dans le même contexte, contesté contre la mise en place de certaines conditions de participation dans les appels d’appels afférents à certaines entreprises publiques qui ont pour conséquences d’exclure les Tunisiens et les empêcher à y participer, selon ses dires, privant la Tunisie des emplois et du savoir-faire engendré et causant une saigné en devises.

Deux enveloppes de 1000 MDT et de 17 Milliards de dinars

Il a par ailleurs indiqué qu’il constate les prémices d’une reprise notamment par rapport aux grands projets lancés dans le secteur de la santé et de l’eau. Et de rappeler que 1000 millions de dinars seront affectés au secteur de la santé pour construire de nouveaux hôpitaux dans plusieurs régions de la Tunisie. Ces projets sont financés par l’Agence française de développement (AFD), le Fonds koweïtien pour le développement économique arabe, le Fonds Saoudien pour le développement et d’autres bailleurs de fonds.

Outre ces fonds, il a annoncé la disposition en 2022 d’une enveloppe de près de 5 milliards d’euros, soit 17 milliards de dinars pour les infrastructures qui ont été alloués depuis des années par 8 grands bailleurs de fonds internationaux mais qui sont utilisés très lentement.

Réactiver la commission d’accélération des projets

Interrogé sur les solutions, Jamel Ksibi a recommandé avant tout de changer le processus et les méthodes de gestion des projets dans le secteur des travaux publics et de veiller à résoudre les problèmes administratifs et financiers ainsi que ceux liés aux autorisations administratives par anticipation et non le jour au jour pour éviter le cumul des problèmes et le blocage total des projets. Il faudrait aussi accélérer la résolution des litiges qui peuvent surgir dans certains projets.

Il a aussi proposé de mettre en place une structure ou un bureau d’études de haut niveau pour soutenir l’administration afin de mieux gérer à temps les problèmes techniques, administratifs, financiers et sociaux.

Outre ce bureau d’études, il a appelé à la mise en place rapide de la commission d’accélération des projets publics et privés prévue par le décret-loi d’octobre 2022. Cette commission serait chargée de faciliter les procédures permettant de mettre en œuvre les projets. Pour assurer son efficacité, elle devrait être formée de l’administration, des professionnels et des experts reconnus.

B.B.R.

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