
Tunis, UNIVERSNEWS (Patrimoine) – Moi l’acrophobe, j’ai dernièrement participé à une visite de reconnaissance à l’ancienne Kesra, le plus haut village du pays qui cumule 1245 mètres d’altitude, en compagnie de quelques amis.
Arrivés en haut de cette montagne, un abri sous roches, bien aménagé, transformé en café côtoyant un cours d’eaux de ruissèlement, provenant de la montagne et une petite piscine fréquentée par les enfants a suscité notre l’admiration et celle des visiteurs présents.
Cet endroit féerique surplombe, en effet, un océan de verdure où se confondent oliviers centenaires, figuiers, caroubiers, cerisiers et lierres grimpants accrochés aux haies et aux roches géantes toujours debout. Même le café et le thé à la menthe ont un gout spécial dans ce bel endroit, où nous avons rencontré des personnes respectables, pour parler de tout, de l’histoire de cette ancienne agglomération berbère qui ne ressemble à aucune autre, de son climat doux et agréable, des différentes cutures qui produisent une huile d’olives biologique au gout unique, des caroubes, reconnues pour leurs bienfaits pour la santé, des cerises qui améliorent la santé intestinale, dit-on, du miel aux vertus thérapeutiques considérables, des graines de pin d’Alep (Zgougou) très recherchées à l’approche de chaque Mouled (Naissance du Prophète) , des produits naturels à base de plants médicinaux pour se soigner. En bref, une belle heure passée dans cet endroit, naturellement climatisé qui invite vraiment au déplacement.
De retour à la nouvelle Kesra, sur la route reliant Haffouz et Oueslatia à Makthar, qui abrite les différentes administrations publiques, les belles villas, les commerces achalandés, nous avons rencontré Mehrez K. un jeune chômeur de trente ans qui a travaillé, deux années auparavant, dans différents chantiers de construction sur le littoral et qui vient de mettre fin à une expérience dans un Eldorado inexistant en rentrant dernièrement au bercail : « Les vingt dinars que je recevais chaque jour de mon patron ne me suffisent pas », dit-il, « car il faut compter les frais du loyer, ceux de la nourriture, sans oublier les vingt cigarettes quotidiennes, les vêtements de chez le fripier et les antalgiques pour soulager ma migraine chronique», avant de conclure : » J’ai alors décidé de rentrer définitivement à Kesra, pour travailler comme ouvrier saisonnier dans les champs agricoles ou dans les chantiers de construction et de profiter pleinement de l’air non pollué de ma ville natale!!»
A une dizaine de kilomètres de là, à Hammam Kesra, nous avons rencontré l’agriculteur Hammadi K., propriétaire d’une vaste ferme, qui a parlé d’une main d’œuvre rare et toujours exigeante, de semences sélectionnées insuffisantes et des problèmes d’écoulement des produits agricoles… avant de nous offrir des petites canettes d’eau gazeuse glacée et des makroudhs Kairouannais -120 kilomètres est la distance séparant la ville de Kesra à celle de Kairouan…
En conclusion, la ville de Kesra qui, selon le recensement général de la population de 2024, compte 3500 âmes des 17763 habitants de cette délégation, entourée de verdures, de montagnes et de paysages luxuriants, mérite qu’on lui accorde plus d’intérêt, pour exploiter convenablement ses richesses historiques et géographiques et sa beauté naturelle unique.
La construction d’une petite unité hôtelière, l’aménagement de quelques maisons d’hôtes et la création de petites entreprises industrielles pour la transformation des figues noires et de Barbarie et de cerises, et l’extraction des huiles essentielles, feront de cette région, déjà très belle et accueillante, un coin paradisiaque, où il fera bon vivre. (Néji Khammari)