Tawfik BOURGOU
- Contrairement à ce que peuvent penser certains, la Tunisie ne dépend pas de l’Algérie et n’a vraiment, ni besoin, ni intérêt à dépendre de l’Algérie qui cherche à détruire la Tunisie
- Les obsessions frontalières algériennes l’amenèrent à s’ingérer dans les affaires de ses voisins et de projeter de les démolir ou de les vassaliser
- Le gazoduc qui traverse la Tunisie vers l’Italie n’est pas stratégique pour la Tunisie comme semblent le claironner certains algériens et leurs suiveurs tunisiens
TUNIS – UNIVERSNEWS (TRIBUNE) – Un des rejetons de la junte militaire qui administre l’Algérie a publié une vidéo dans laquelle il éructe un discours bas et raciste contre la Tunisie. Barbu hirsute, habillé d’un teeshirt rouge élimé et à la couleur aussi fanée que son discours qu’il tient depuis sa cuisine où l’on devine un vieux frigo antédiluvien, dans un appartement construit par la France au temps où elle administrait l’Algérie.
Dans une longue éructation, dans un français type « trabundo », mâtiné d’un argot algérien avec un accent qu’on ne peut rater, cet homme à la qualité indéfinie propose d’annexer, d’absorber la Tunisie. Selon ses dires la Tunisie vivrait aux crochets de l’Algérie.
Nous n’allons pas lui répondre directement, il n’en vaudrait pas la peine, car à l’entendre on comprend d’où vient et dans quels milieux algériens il est né et où il a frayé.
Mais nous n’allons pas non plus faire dans la dentelle, car les bonnes manières se méritent et les humiliations des « officiels » comme des gens du peuple algérien se multiplient ces derniers temps se croyant même une « race » de seigneurs.
Nous allons remettre les choses à leurs places. Juste une remarque quant à l’antériorité des Etats et des construits politiques. A l’endroit de ceux qui, de l’autre côté de la frontière ouest, ont des velléités malsaines vis-à-vis de la Tunisie, on leur renvoie la question suivante : qu’étiez-vous avant 1830 ? Comparez-vous au Maroc et à la Tunisie d’avant 1830 et vous pourriez par la suite proposer d’absorber les autres. La réalité vous en apprendra bien d’avantage.
Contrairement à ce que peuvent penser certains de l’autre côté de la frontière ouest, la Tunisie ne dépend pas de l’Algérie et n’a vraiment, ni besoin, ni intérêt à dépendre de l’Algérie qui cherche à détruire la Tunisie. En témoignent les centaines de milliers de Subsahariens acheminés de la frontière algéro-malienne par cars entiers au su et au vu de la soldatesque algérienne et déversés sur la frontière tunisienne au su et au vu des autorités de ce pays.
L’Algérie obsédée par l’illusion d’une fenêtre sur l’est de la Méditerranée, comme elle est obsédée par l’illusion d’avoir une fenêtre sur l’Atlantique, pratique une politique belligène vis-à-vis de la Tunisie et vis-à-vis du Maroc. Les obsessions frontalières algériennes l’amenèrent à s’ingérer dans les affaires de ses voisins et de projeter de les démolir ou de les vassaliser. Le Maroc a eu raison de s’opposer aux plans destructeurs de l’Algérie, de défendre ses droits sur le Sahara qui est partie intégrante du territoire historique du Maroc que cela plaise ou déplaise à Alger.
L’Algérie, via son inénarrable président croit à tort que son actuelle mainmise sur la Tunisie est irréversible. Elle serait bien avisée de bien méditer le cas libano-syrien et le cas russo-ukrainien que nous étudions d’ailleurs de très près. La Russie n’en déplaise à l’Algérie a annexé un territoire qui ne lui appartient pas et qu’à un moment ou un autre, la Russie finira par rendre gorge et cela changera l’équation stratégique algérienne. Cela a déjà commencé au Mali où les choses ont tourné en défaveur de Moscou et de son proxy algérien. Mieux encore le gazoduc qui traverse la Tunisie vers l’Italie n’est pas stratégique pour la Tunisie comme semblent le claironner certains algériens et leurs suiveurs tunisiens. Il est tout à fait possible d’obtenir plus de gaz et à un meilleur prix sur les marchés mondiaux. D’ailleurs, le marché du gaz en Méditerranée sera bientôt totalement transformé, dans ce cas précis, les marchés italien et vraisemblablement européen, dépendraient de moins en moins de l’Algérie et de la Libye. La rente gazière n’est pas éternelle.
Ces derniers jours des soi-disant touristes algériens se permettent dans des micros-trottoirs d’insulter les Tunisiens. Tel un de ces multiples rétrogrades algériens qui vient prodiguer des conseils pour couvrir les femmes tunisiennes en donnant des leçons sur ce qu’il appelle «Essetra», telle une autre qui vient pleurer sur les conditions économiques et sociales en Tunisie, soulignant que dans son paradis algérien tout était disponible et que la vie était un plaisir infini. De grâce, restez dans votre parfaite cité, ne vous donnez pas la peine de souffrir en traversant la frontière.
Récemment encore, la presse du régime algérien s’est faite les chaudes gorges avec le train Annaba-Tunis. A les entendre on croirait un ICE, un shinkanzen ou un TGV. Il n’en est rien, une locomotive canadienne des années 1960 qui, dans d’autres contrées, trainerait des wagons de minerais et des voitures qui ont la mine et le formica des années du soviétisme. Sachant bien que l’Algérie exporte à tour de bras des Subsahariens vers la Tunisie, ce vecteur va accélérer l’envahissement.
Pour clore ce débat et à intimer le silence à certains de l’autre côté de la frontière ouest, à l’endroit de certains Tunisiens pris soudainement de tebbouno-idolatrie, la vassalisation de la Tunisie par l’Algérie est la résultante de choix politiques et économiques opérés par les autorités tunisiennes. Ces choix ne sont pas à l’avantage ni économique, ni stratégique, ni diplomatique de la Tunisie. Ces choix sont réversibles, tôt ou tard ils seront rayés d’un trait de crayon. Car en politique rien n’est éternel.
Quand la Russie mettra genou à terre au vu de ce qui se passe à Koursk, on verra ce que vont advenir de ses proxys et ce que vont advenir des armements amoncelés sans espoirs de pièces de rechange. Cela nous rappelle étrangement, dans le cas de l’Algérie, les années 1990.
Avant d’absorber les autres, nous conseillons à certains la relecture de leur propre histoire et de ne pas trop se gargariser d’une illusion de puissance de papier quand on n’est pas en capacité de fabriquer la moindre munition.
T.B.
Politologue
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