La politique se joue et se gagne, théoriquement, au sein des partis, d’où l’importance de l’argent, des idées, des idéologies et des principes autour desquels tournent les débats.
Mais la pratique a démontré que les victoires décisives sont remportées sur le terrain, c’est-à-dire dans les rues. C’est pour cela qu’on assiste à des polémiques entre les mouvements quant à celui qui réussit à faire descendre le plus grand nombre de personnes dans la rue. Et chacun y va de ses estimations.
C’est dans ce cadre que le chef de l’Etat a vite fait de reprendre le fameux chiffre facebookien de 1,8 million de manifestants dans des marches en sa faveur !!!
Mais pour l’histoire, le seul rassemblement de taille, depuis 2011, est le sit-in d’Errahil organisé en 2013 réunissant toutes les forces progressistes et démocratiques conduits par le charismatique feu Béji Caïd Essebsi et qui avait fait chuter le gouvernement dirigé par le NAHDHAOUI Ali Laârayedh.
Depuis, l’engouement pour la rue s’est estompé sauf en de rares occasions sporadiques. En temps de domination du coussin parlementaire au profit de Mechichi, le ministère de l’Intérieur avait favorisé la tenue de certains meetings artificiels.
Puis il y a eu le 25 juillet dont on n’a aucun chiffre fiable sur le nombre des manifestants à travers les différents gouvernorats du pays.
Depuis, « lesislamistes« ont eu beau se démener pour s’imposer. En vain. Les autres formations politiques et les coordinations de Saïed n’ont pas mieux réussi. D’où la conclusion des observateurs voulant qu’aucun parti ou coalition n’est capable de remporter la bataille de la rue, même si on reste persuadé que cette bataille est inéluctable.
Ainsi et par un jeu d’élimination, il ne reste plus que deux formations en mesure de faire la différence, à savoir le Parti destourien libre (PDL) et les partisans de Saïed dont la configuration reste opaque. Seront-ils aussi efficaces et bruyants que sur la toile ?
Par contre, les Destouriens ont prouvé leur capacité de mobilisation, tout récemment à Bizerte et à La Kasbah malgré les tracasseries des forces de l’ordre et de l’administration. Sans oublier les méga-manifestations de Monastir, Sousse et Sfax.
En tout état de cause, tôt ou tard, les Tunisiens trancheront à travers les démonstrations en public, qui devraient donner l’avantage aux partisans d’Abir Moussi et peut-être ceux de Kaïs Saïed, ou une autre formation politique prochaine représentant la troisième voie.
A condition, toutefois, que les règles du jeu équitables soient méticuleusement respectées. C’est dire que les mois voire les semaines à venir pourraient être ceux de tous les dangers !!!
Entretemps la crise sociale s’enfonce, les caisses sont vides et les attentes démesurées demeurent impossibles à satisfaire.
Mustapha MACHAT