
• Les signes de vulnérabilité s’accumulent à la QNB, laissant craindre une crise structurelle à court terme si des mesures drastiques ne sont pas prises rapidement
• Le niveau de PNB ne permet pas à la banque de couvrir ses charges opératoires, ce qui ne permet pas d’assurer la couverture de la facture du coût du risque
• La réduction des pertes n’est pas le signe d’un redressement en profondeur, mais plutôt d’un répit temporaire, rendu possible par des facteurs externes
• La QNB souffre également d’un modèle opérationnel lourd et rigide, qui pèse directement sur sa rentabilité
• La banque risque de se retrouver dans une situation où la croissance des charges dépassera celle des revenus, creusant davantage le déficit structurel.
• Une réduction du capital est une solution temporaire, et le risque d’une nouvelle recapitalisation forcée dans les années à venir reste très élevé.
TUNIS – UNIVERSNEWS – Les indicateurs de fragilité s’accumulent au sein de la QNB, augurant d’une crise structurelle imminente en l’absence de mesures correctives d’ampleur.
Le produit net bancaire (PNB) demeure insuffisant pour couvrir les charges opérationnelles et, à plus forte raison, pour absorber le coût du risque.
La diminution des pertes ne traduit pas une véritable relance, mais résulte plutôt d’effets conjoncturels passagers.
Un modèle opérationnel rigide et coûteux pèse lourdement sur la rentabilité de la banque.
Le risque d’une croissance des charges supérieure à celle des revenus menace d’aggraver le déficit structurel.
Une réduction de capital ne serait qu’un palliatif temporaire, laissant présager une recapitalisation forcée à moyen terme.
Les résultats financiers récents de QNB Tunisie laissent entrevoir une amélioration apparente du résultat net pour l’exercice 2024. Toutefois, cette embellie masque une réalité bien plus préoccupante : une rentabilité fragilisée, une dégradation de la qualité des actifs, une érosion des fonds propres et une faiblesse persistante du PNB. Les signes de vulnérabilité se multiplient, laissant craindre un basculement vers une crise structurelle à court terme si des actions correctives ne sont pas mises en place rapidement.
En 2024, le PNB s’est établi à 70,316 Millions de dinars tunisiens , soit une progression de 25 % par rapport à 2023 (55,930 MDT). Toutefois, cette augmentation repose en partie sur une hausse des marges d’intérêt liée à l’augmentation des taux et non sur un véritable regain d’activité commerciale.
Malgré cette amélioration apparente, la banque peine à couvrir ses charges opérationnelles, qui atteignent 69,753 MDT à fin 2024, et encore moins à absorber le coût du risque, évalué à 41,470 MDT. Si cette tendance se poursuit, la croissance du PNB risque d’être compromise, exerçant une pression supplémentaire sur la rentabilité globale.
Aucune reprise en profondeur
Sur l’année 2024, QNB affiche une perte nette de 44,186 MDT, contre 69,379 MDT en 2023, soit une diminution de 36 %. Si cette réduction des pertes peut sembler encourageante, elle ne traduit pas un redressement structurel. Cette évolution est essentiellement due à une hausse technique des revenus d’exploitation (+6,9 %), dopée par l’augmentation des taux d’intérêt, plutôt qu’à une véritable relance commerciale.
Par ailleurs, la rentabilité opérationnelle reste insuffisante, obligeant la banque à consommer son capital pour maintenir son activité, ce qui alourdit le déficit net. De plus, les charges, incluant le coût du risque, atteignent 111 MDT, un montant bien supérieur au PNB de 70 MDT. Cette situation confirme que la réduction des pertes ne constitue pas une amélioration structurelle mais un répit temporaire, induit par des facteurs externes.
Un modèle opérationnel rigide et inefficace
Le fonctionnement de QNB repose sur un modèle opérationnel rigide et coûteux, affectant directement sa rentabilité. Les charges salariales représentent près de 29 % des revenus, un seuil critique pour une banque en difficulté. De plus, l’incapacité de la banque à ajuster rapidement sa structure de coûts face aux évolutions économiques renforce la pression sur ses finances.
La situation est d’autant plus alarmante que les provisions pour créances douteuses explosent : en 2024, elles atteignent 41,470 MDT, témoignant d’une détérioration du portefeuille de crédits. Cette tendance menace la stabilité à long terme de la banque, car une augmentation des créances douteuses entraîne une hausse des provisions, réduisant directement le résultat net et mettant en péril la conformité aux exigences prudentielles en matière de solvabilité.
Une recapitalisation forcée en perspective
Face à cette situation alarmante, la direction de QNB envisage une réduction du capital pour absorber les pertes et restaurer les fonds propres. Si cette mesure pourrait temporairement améliorer la structure bilancielle, elle comporte des risques majeurs. Une telle décision pourrait entamer la confiance des investisseurs, souvent interprétée comme un aveu de faiblesse et un manque de vision stratégique.
En outre, une réduction de capital pourrait entraîner une dépréciation de la valeur des actions et limiter les capacités futures de financement. Elle pourrait également affecter la notation de la banque, compliquant ainsi ses accès au marché financier.
Cependant, une telle mesure ne constitue qu’une solution temporaire. Si la banque ne parvient pas à redresser sa rentabilité opérationnelle et à améliorer la qualité de ses actifs, une nouvelle recapitalisation forcée pourrait être inévitable dans un avenir proche.