Le plan de paix de Trump pour Gaza… une géopolitique de la paix??!!!

Par Khélil LAJIMI

  • Sissi et Ben Salman craignaient d’être piégés par Trump sur deux questions essentielles qui semblent être pour eux des piliers d’un plan de paix durable
  • Ce plan rappelle le vieux mandat franco-britannique de 1916, le fameux Sykes-Picot, pour administrer le proche orient suite au démantèlement de l’empire Ottoman
  • Sommes-nous dans une vraie géopolitique de la paix ou bien en présence d’un énième leurre pour liquider la question palestinienne ?

Tunis, UNIVERSNEWS (Tribune) – L’Assemblée générale des Nations-Unies s’est tenue la semaine dernière à New-York. C’est le principal forum où 193 membres de l’ONU discutent des questions internationales. Au cours de ces réunions un débat général est organisé auquel participent les Chefs d’Etats ou leurs représentants.

Plusieurs points étaient à l’ordre du jour de cette Assemblée, dont deux qui ont retenu l’attention : la guerre en Ukraine et celle à Gaza. D’autres points ont été examinés tels que la célébration du 80ème anniversaire des Nations-Unies et l’accélération de la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD). Sur ce dernier point, le président TRUMP a été clair dans son discours : le développement des énergies renouvelables, pour combattre le réchauffement climatique, est « la plus grande arnaque du siècle ». On comprend tout de suite que la réunion consacrée à l’accélération de la réalisation des ODD n’aura été qu’une simple réunion protocolaire. D’ailleurs aucun média mainstream n’en parle.

Toujours dans le discours du président TRUMP, on constate un revirement total concernant la guerre en Ukraine. En effet, après des déclarations répétées, que l’Ukraine n’avait pas « les cartes en main » et qu’elle devait se résoudre à « des concessions territoriales pour aboutir à un accord de paix durable avec la Russie », le voilà changer radicalement de position. « L’Ukraine peut regagner tout son territoire et même aller plus loin (prendre des territoires Russes ?) ». Il a aussi attaqué frontalement la Russie en la qualifiant de « tigre de papier » et en grande difficulté économique. La réaction du Kremlin a été immédiate. Son porte-parole déclarant que le rapprochement avec Washington donne « des résultats proches de zéro » et que la Russie n’avait pas d’autre alternative que « de poursuivre la guerre en Ukraine ». On est bien loin des déclarations de campagne du président Trump qui disait : «Une fois élu, j’arrêterai la guerre en Ukraine en 24 heures ». 

Pour GAZA, le président TRUMP s’est réuni avec plusieurs chefs d’Etats Arabes et Musulmans pour examiner la situation. Au cours de cette réunion, son envoyé spécial pour les questions internationales, Steve Witkoff, a présenté un plan de paix en vingt-et-un points.  Il a déclaré, à l’issue de cette réunion :

«Nous avons présenté ce que nous appelons le plan Trump en vingt-et-un points pour la paix au Moyen Orient et à Gaza. Je pense qu’il répond aux préoccupations israéliennes ainsi qu’à celles de tous les voisins de la région». On remarque l’absence du président Sissi et du prince héritier Mohamed Ben Salman à cette réunion. Ils craignaient d’être piégés par le président Trump sur deux questions essentielles qui semblent être pour eux des piliers d’un plan de paix durable : l’exode de la population Gazaoui et l’annexion de la Cisjordanie par Israël. Sur ce dernier point, le président Trump a été clair et déclaré qu’il empêchera Israël d’annexer la Cisjordanie. 

La réunion du président Trump avec Netanyahu le lundi 29 septembre, suivie d’une conférence de presse conjointe :

La réunion du président Trump avec Netanyahu a duré plus de trois heures. Au cours de la conférence presse qui s’en est suivie le président Trump a présenté les grandes lignes de son plan de paix, lequel est accepté par Netanyahu à conditions que le Hamas libère les otages sous 72 heures (unique condition du plan de paix limité par un délai !), dépose les armes et se retire de toute gestion future du territoire de Gaza, qui sera administré par un gouvernement technocratique supervisé par le président Trump en personne. Le nom de Tony Blair a été évoqué, mais vu son implication dans la guerre en Irak en 2003, il semble difficilement acceptable pour jouer un rôle quelconque dans cette période transitoire. Cela rappellera le vieux mandat franco-britannique de 1916, le fameux Sykes-Picot, pour administrer le proche orient suite au démantèlement de l’empire Ottoman. 

Le point positif à retenir est que les Gazaouis ne sont plus contraints de quitter leur terre. Ce plan a été approuvé du bout des lèvres par huit pays arabes et musulmans. Et ce matin même Netanyahu affirme qu’il n’a pas accepté un Etat palestinien dans ses discussions avec Donald Trump et que l’armée israélienne « restera dans la majeure partie de Gaza ». D’ailleurs, sur ce point, on note l’absence de la création d’un Etat Palestinien dans le plan du président Trump ou du moins quelques phrases sibyllines dispersées dans le document du plan, alors que la création d’un Etat Palestinien devrait être le point central de tout plan de paix sérieux pour la région.

Alors sommes-nous dans une vraie géopolitique de la paix ou bien en présence d’un énième leurre pour liquider la question palestinienne ?

K.L.

Ancien ministre

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