Leçon d’histoire (et de géopolitique) à l’adresse de l’Ambassadeur des USA à Tunis

Tawfik BOURGOU

• La Tunisie est attaquée, y compris par ceux qu’elle croyait être ses amis dans le cadre de desseins stratégiques
• La querelle que les Etats-Unis ont avec l’actuel pouvoir en Tunisie ne les autorise pas à gommer l’histoire du pays
• A aucun moment la Tunisie n’a conquis, ni administré une seule portion de l’Afrique subsaharienne au-delà du faible bout de désert qu’elle administre aujourd’hui
• Aider des personnes en illégalité et détresse n’excuse en rien l’implantation de façon massive de populations étrangères venant de l’Afrique subsaharienne sous prétexte que cette terre leur était promise. 
• Un racisme anti-tunisien est en train de se diffuser partout, parfois appelant au meurtre des tunisiens et à la conquête de la Tunisie par la force

TUNIS – UNIVERSNEWS – En utilisant la malheureuse expression « habitants originaux » pour honorer une association qui aide des illégaux pour s’implanter en Tunisie, l’ambassade américaine à Tunis a emboité le pas aux pseudo théories de l’afrocentrisme qui dans un ensemble de publications et de vidéos à caractère ouvertement raciste et anti-tunisien font œuvre de falsification de l’histoire et de pillage de l’histoire tunisienne allant jusqu’à professer que Carthage fut une œuvre africaine ou que Hannibal fut un africain subsaharien. 

Un peu partout fleurissent ces dernières semaines des thèses falsificatrices et une réécriture coupable de l’histoire à laquelle semble souscrire l’ambassade américaine à Tunis en utilisant une expression insultante et dangereuse. 

Nous renvoyons l’ambassadeur et son équipe de communication à l’ensemble des ouvrages sur l’histoire de l’Afrique du nord et spécifiquement celle de la Tunisie dont le nom vient du berbère, langue des premiers et uniques habitants originaux du pays, j’en suis un des descendants et très fier de l’être, je suis berbère et non africain, mes ancêtres sont la population originelle du pays. 

Mon nom témoigne de l’histoire, il est porté par le plus vieux site archéologique de Djerba et de toute la Tunisie. J’invite l’ambassadeur à la visiter d’ailleurs. Ce site a été fouillé il y a quelques années par l’Université de Pennsylvanie vers laquelle Monsieur l’Ambassadeur et son équipe de communication peuvent revenir pour avoir une idée sur la population originelle, essentiellement berbère de la Tunisie. 

La Tunisie est attaquée, y compris par ceux qu’elle croyait être ses amis dans le cadre de desseins stratégiques sur lesquels nous allons revenir dans une prochaine tribune. 

Mais depuis quelques semaines les attaques se sont accentuées au point de menacer la pérennité du pays, sa réalité culturelle et géographique. La querelle que les Etats-Unis ont avec l’actuel pouvoir en Tunisie ne les autorise pas à gommer l’histoire du pays et à se faire les porte-parole de pseudo et fumantes théories. 

A l’adresse de l’équipe de communication de Monsieur l’Ambassadeur, on recommandera de revoir la géographie et la géopolitique de la Tunisie.

Mais en bref, le terme « Ifrikya » arabe donné à la Tunisie par les conquérants venus de l’est n’était pas le nom berbère donné par les berbères à leur terre des origines dont la Tunisie faisait et fait partie. Les habitants originaux du pays à l’époque et tout au long de l’histoire du pays jusqu’à nos jours n’ont jamais été des africains au sens de ce que professent les fausses théories de l’afrocentrisme et du wokisme, productions exclusivement américaines, typiquement une réponse à la situation des afro-américains issu de l’esclavage aux Etats-Unis. 

Les théories pseudo scientifiques véhiculées par ces idéologies politiques sont étrangères à la Tunisie et à l’Afrique du Nord originellement berbère et ensuite arabisée après un épisode de romanisation profonde. Lisez l’histoire de l’Afrique du Nord proconsulaire et tracez sur une carte les limites historiques. 

Quant à la situation géographique, il n’a pas échappé à l’équipe de l’ambassadeur que la Tunisie n’a aucune frontière avec l’Afrique subsaharienne. Historiquement d’ailleurs, les montées de populations subsahariennes vers le nord étaient très faibles et n’avaient jamais été récurrentes ni volontaires qu’après la mise en place de routes caravanières. L’Afrique subsaharienne orientait son regard et son activité vers le sud, donc plutôt vers l’espace fertile et arrosé du sud de ce qu’on appelle aujourd’hui le sahel africain. Il suffit de lire Elikia Mbokolo et son histoire de l’Afrique.

A aucun moment la Tunisie n’a conquis, ni administré une seule portion de l’Afrique subsaharienne au-delà du faible bout de désert qu’elle administre aujourd’hui. 

De ce fait la Tunisie n’a aucune responsabilité historique ou actuelle dans les malheurs du continent africain. Les arrivées actuelles et récentes en Tunisie ne donnent pas de droit sur la Tunisie, ni sur son sol et encore moins sur son histoire ou sa tunisianité. 

Les arrivées de subsahariens massivement en Tunisie en raison de l’incurie des régimes politiques de leurs pays d’origine, pourtant riches et amis des Etats-Unis pour la plupart n’en fait pas les habitants originaux de la Tunisie. Ils sont immigrés clandestins volontaires. 

L’arrivée d’immigrés clandestins subsahariens en Tunisie est dû à la malheureuse équipée militaire en Libye sous prétexte de sa démocratisation à laquelle ont participé les Etats-Unis qui fut un échec sans précédent, comme l’est aussi la démocratisation de la Tunisie objet elle aussi d’ingérences multiples qui ont détruit la Tunisie. Mais là aussi l’Ambassadeur dispose d’informations plus précises. 

C’est dans le cadre de ces arrivées massives et dans le cadre des financements massifs venant depuis l’étranger que des ONG étrangères interviennent en Tunisie en viol des lois tunisiennes et en viol même des règles les plus élémentaires du droit international. 

Même si la clandestinité n’abolit pas les droits fondamentaux de la personne, elle n’accorde pas de droits historiques sur la Tunisie.

L’association que vous avez distingué fait partie des structures qui ont prospéré sur l’aide aux personnes déplacées et en situation illégale en Tunisie, c’est son choix, elle est financée par des fonds étrangers. Aider des personnes en illégalité et détresse n’excuse en rien ce qui est en train de fleurir en Afrique et ailleurs appelant à la dépossession des tunisiens de la terre de leurs ancêtres et à l’implantation de façon massive de populations étrangères venant de l’Afrique subsaharienne sous prétexte que cette terre leur était promise. 

Un racisme anti-tunisien est en train de se diffuser partout, parfois appelant au meurtre des tunisiens et à la conquête de la Tunisie par la force, les récentes déclarations d’une femme politique allemande en visite en Tunisie ont été interprétées dans un sens très dangereux en Afrique subsaharienne, la déclaration de l’Ambassadeur est comme gratter une allumette dans une atmosphère de kérosène.

Une expression irréfléchie, mal choisie, ou choisie pour plaire à une partie de l’électorat démocrate sur le dos des tunisiens éloigne encore plus les tunisiens, la « vraie » population du pays des Etats-Unis. 

Il y a un divorce intellectuel et politique avec les Etats-Unis, j’ai bien peur qu’il ne soit définitif.

T.B.

Politologue