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Ils l’avaient prévu, ils l’ont fait. Des dizaines de milliers de Libanais forment une chaîne humaine géante de 170 kms
Des dizaines de milliers de Libanais ont relevé dimanche le pari de former une chaîne humaine du nord au sud du pays pour afficher leur unité au onzième jour du soulèvement populaire contre la classe dirigeante.
Ils l’avaient prévu, ils l’ont fait. Des dizaines de milliers de Libanais ont formé, dimanche 27 octobre, une chaîne humaine sur 170 km, du nord au sud du pays. Un événement pour afficher leur unité et leur détermination à chasser la classe politique dirigeante malgré les tensions qui montent.
Le pari, lancé la veille, impliquait, selon les estimations, la mobilisation de quelque 100 000 personnes, au onzième jour d’un soulèvement populaire inédit au Liban.
Exploit à marquer dans les annales !
Ils ont été des dizaines de milliers à rejoindre à pied, en voiture, à vélo ou à moto l’autoroute qui longe le pays en bord de Méditerranée. Hommes, femmes et enfants se sont retrouvés pour se tenir la main en agitant des drapeaux libanais.
Sur l’emblématique corniche de Beyrouth qui longe la mer, l’hymne national a été repris à pleins poumons. Des milliers d’autres manifestants se sont regroupés de leur côté place des Martyrs, cœur névralgique du soulèvement, pour reprendre leurs slogans favoris : « Révolution, révolution ! », « Le peuple veut la chute du régime ! »
Les protestataires, d’une voix unie : « Nous nous aimons »
« La chaîne humaine est un succès », s’est réjouie dans l’après-midi Julie Tegho Bou Nassif, 31 ans, professeure d’histoire et coorganisatrice de cet « exploit » sans précédent qui s’est déroulé sans incident.
« L’idée est de montrer que, du nord au sud, de Tripoli à Tyr, nous sommes et resterons unis », s’enthousiasme une autre organisatrice. « Nous ne sommes qu’un peuple et nous nous aimons. »
Les rassemblements ont atteint un pic dimanche dernier, avec des centaines de milliers de manifestants rassemblés dans tout le Liban. Les protestataires espéraient profiter de ce nouveau jour de repos pour réaliser leur objectif.
Dimanche matin, comme chaque jour, des dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants ont pris possession du cœur de Beyrouth pour nettoyer les lieux de rassemblements. Certains avaient dormi sur place sous des tentes, déterminés à rester aussi longtemps qu’il le faudra.
À l’étranger, la diaspora libanaise se mobilise elle aussi pour apporter son soutien au soulèvement. Des rassemblements ont notamment eu lieu à Londres (Royaume-Uni) et à Amsterdam (Pays-Bas), mais aussi à Paris, où plusieurs milliers de Libanais et Franco-Libanais ont manifesté. Réunis devant le « mur de la paix », monument érigé face à la Tour Eiffel, ils souhaitaient soutenir la « révolution » de leurs compatriotes contre des dirigeants « corrompus ».