Tawfik BOURGOU
-
Britanniques et Américains répètent, comme un mantra, que l’Etats tunisien postindépendance a été l’obstacle devant la démocratisation de la Tunisie
-
Nos amis anglais et américains oublient deux choses fondamentales dont la première est que l’islam politique n’est pas fongible dans la démocratie
-
Là où l’islam politique a été dominant, tout absolument tout s’est effondré… Le verdict est sans appel
-
Les critères du consensus de Washington ne sont opposés qu’aux plus faibles et aux naïfs ou alors à cette camarilla de démocrates de plateaux, financés par les ONG anglo-saxonnes
-
Il semble certain que Washington prépare une seconde lame de printemps. Le seul handicap pour les américains étant l’élection américaine de novembre prochain.
TUNIS – UNIVERSNEWS (TRIBUNE) – Un récent «workshop» s’est tenu au King’s College de Londres pour tenter de répondre à la question de l’échec des «transitions» et des «démocratisations» arabes et spécialement en Tunisie.
Quelques illustres plumes anglosaxonnes ont été conviées à cette veillée funèbre qui montre encore plus que nos amis anglosaxons n’ont… soit rien compris ou alors s’adressent à nous avec un tel degré de cynisme qu’il soit désormais impossible de discuter plus en avant avec eux à propos de ce qu’ils présentent comme un échec pour causes endogènes alors qu’ils ont participé à l’effondrement.
Les arguments présentés lors de cet entre-soi académique pour expliquer l’échec de la démocratisation dans le monde arabe et spécialement la Tunisie tournaient tous autour de l’obstacle que représente l’Etat (en tant qu’institution) devant tout changement et le manque d’expérience des nouvelles équipes islamistes imposées de l’extérieur.
Britanniques et Américains répètent comme un mantra, comme un moulin à prière tibétain, que l’Etats tunisien postindépendance a été l’obstacle jusqu’à 2011 devant la démocratisation de la Tunisie. On pourrait les suivre, si dans la foulée de 2011, leurs amis, les anciens transfuges du Londonistan avaient pu montrer par une quelconque maestria politique et une compétence hors du commun dans l’art du gouvernement qu’un Etat segmenté, soumis au jeu des confréries, infiltré par les services de renseignement du Qatar et de la Turquie a pu enfin réaliser ce rêve américain (désormais impossible) de faire la synthèse entre l’islam politique et une démocratie qui singerait Westminster. On aurait accepté des perruques s’il le fallait pour fêter ce fait.
Nos amis anglais et américains oublient deux choses fondamentales. La première est que l’islam politique n’est pas fongible dans la démocratie. Il suffit de regarder du côté de la Turquie et ailleurs pour constater un champ de ruines démocratiques. Là où l’islam politique a été dominant, tout absolument tout s’est effondré. Le verdict est sans appel.
L’autre problème qu’ils feignent ne pas voir, en se défaussant sur l’Etat post-colonial à la destruction duquel ils ont contribué, l’impact mortel de leurs ingérences dans ce qui aurait pu être, peut-être, un processus de démocratisation, si on n’avait pas imposé lors de la funeste réunion de Paris de février 2011, la guerre en Libye et Ghannouchi en Tunisie dans le cadre d’un protectorat qataro-turco-américain. C’est cela qui a détruit la Tunisie et l’Etat tunisien qui, n’en déplaise à nos amis anglosaxon, fonctionnait mieux que celui qui a été démoli par leurs créatures.
Est-il besoin de leur présenter le bilan de leurs amis qui continuent à pleurer sur une démocratie factice qui a envoyé 9000 djihadistes en Syrie et qui a envoyé la Tunisie en faillite ? L’Etat post-colonial de Bourguiba et de Ben Ali est bien supérieur à la copie livrée par leurs créatures politiques.
Dans le worskhop londonien, un des intervenant rappelait l’importance du « consensus de Washington » dans la gouvernance des Etats et surtout dans l’établissement d’une démocratie : «véritable, pluralistes, inclusive, etc » ce dont parle ce Monsieur est un cadre théorique parfait introuvable, ni à Washington, ni à Londres, ni même à Paris. Il semble oublier que les islamistes envoyés en factotums à Tunis par Washington et recommandés par Londres au temps du Londonistan, ne croyaient pas au Consensus de Washington, ils en ignoraient jusqu’à l’existence. D’ailleurs, il suffit de regarder en direction de la Turquie ou même de la Hongrie pour comprendre que les critères du consensus de Washington ne sont opposés qu’aux plus faibles et aux naïfs ou alors à cette camarilla de démocrates de plateaux, financés par les ONG anglo-saxonnes qui se sont répandus dans les pays dits des printemps le temps d’une saison avant de repartir à Washington et à Londres.
Ce workshop n’a pas été organisé par hasard et ses conclusions sont porteuses d’interrogations. Il semble certain que Washington prépare une seconde lame de printemps. Le seul handicap pour les américains étant l’élection américaine de novembre prochain.
Vu le passif, on peut préférer la brutalité de Trump au cynisme des néo-conservateurs revenus au bercail démocrate.
T.B.
Politologue