Mohamed Lamouri: ADIEU… LE BÂTISSEUR!!!

Tunis, UNIVERSNEWS (NAT) – Il était un homme de cœur, un visionnaire, un bâtisseur. Son amour pour la Tunisie, pour sa culture, ses paysages et son hospitalité a profondément inspiré ses projets les plus emblématiques. La Tunisie fut le théâtre de ses plus belles créations. La Tunisie perd l’un de ses grands bâtisseurs. Mohamed Lamouri, fondateur de la chaîne Hasdrubal Thalassa & Spa Hôtels, figure emblématique de l’entrepreneuriat et du patronat national, s’est éteint à l’âge de 85 ans. Le défunt faisait partie de cette génération d’hôteliers qui ont marqué de leur empreinte le tourisme en Tunisie… Il a su transformer des lieux en expériences. C’était un bâtisseur, un homme de dossiers et de chantiers. Il a passé toute sa vie de projets en projets.

Mais il avait une vision. Curieux, audacieux et fonceur, il a voyagé à travers le monde, avant de revenir dans son pays pour y bâtir l’un des plus beaux patrimoines hôteliers de la Tunisie. Après des études dans le tourisme en France et au Royaume Uni, il devait passer par tous les métiers, de réceptionniste à directeur général. Premier job, Réceptionniste à l’hôtel «Les Palmiers» et à l’hôtel «Le Ribat», à Monastir. Changeant de cap, il partira à Ain Draham, où la S.H.T.T. le chargea de rénover l’hôtel «Les Chênes». De Monastir, il passe à Djerba pour diriger L’Ulysse Palace, le Miramar en 1965 et Tanit, Hammamet en 1966. Après trois années à la S.H.T.T., il finit par démissionner pour participer à l’édification, en association avec son frère Omrane de l’hôtel «Les Colombes» tout en redynamisant l’agence de voyages «Voyages 2000». Entre-temps, il prenait en gestion quelques unités dont notamment «Hammamet Beach», «Shems» à Gabès ou encore «Dar Hôtel», à Borj Cedria.

En 1978, feu Mohamed Lamouri crée sa propre Société hôtelière «la Société d’Exploitation Touristique -SET- et commence par gérer l’hôtel Karawan, à Sousse, la Médina, à Djerba et le Néapolis, à Nabeul. Misant sur le tourisme de luxe afin d’attirer une clientèle internationale exigeante et de positionner le pays comme une destination haut de gamme, il créa en 1981 son premier hôtel en 1981 à Port El Kantaoui, un 4**** de haut standing, sous l’enseigne de Hasdrubal. Il ne s’arrêtait pas là, il édifie un hôtel de luxe à Yasmine Hammamet, puis un troisième à Djerba de 5***** de grand luxe en les gérant sous le label «Hasdrubal Thalassa & Spa Hôtels»

Mohamed Lamouri a su fédérer des établissements à taille humaine autour de valeurs fortes : le sens de l’accueil, la singularité des lieux et l’exigence de qualité. Il a toujours contesté les hôtels low-cost «le All inclusive est une négation du service au client, et donc de l’hôtellerie même. La clientèle haut de gamme est la seule qui peut sécuriser l’avenir du secteur», dit-il. Ceux qui l’ont côtoyé insistent sur le mélange qu’il a su assurer entre une véritable vision prospective du développement et une gestion réaliste au quotidien. Animateur d’équipe au charisme remarquable, il savait motiver ses troupes et donner leur chance aux audacieux.

Un grand amateur d’art

Feu Mohamed Lamouri s’intéresse au mécénat culturel depuis les années 70. Il se lance alors dans l’acquisition d’œuvres d’art couvrant pratiquement tous les courants de la peinture moderne tunisienne. Cette richissime collection pare aujourd’hui les sas, halls et couloirs des hôtels Hasdrubal des Lamouri à Yasmine Hammamet, Sousse et Djerba, donnant à ces lieux de tourisme l’allure inattendue de lieux d’art et de culture.  Il était un grand amateur d’art. Sa passion pour l’art et la peinture l’a conduit à constituer une collection impressionnante de plus de 2 000 œuvres d’art contemporain, incluant des toiles, des sculptures et des tapisseries, d’artistes tunisiens, algériens, marocains et irakiens. Cette collection est exposée dans les différents établissements de la chaîne Hasdrubal, transformant ainsi ces hôtels en véritables musées et contribuant au rayonnement du tourisme culturel en Tunisie. Il cherchait sans cesse à enrichir sa collection et exposer des œuvres magnifiques dans ses hôtels, multipliant aussi les actions de mécénat, les expositions, les concerts de musique, et les échanges culturels. Il créa l’Association Hasdrubal Pour La Culture et Les Arts -Mohamed Lamouri qui a pour objectif de favoriser l’accès aux arts et à la culture, tout en œuvrant au renforcement des liens entre les amateurs de l’art, du patrimoine et des civilisations notamment dans les domaines de la peinture et de la musique.

La Tunisie perd ainsi bien plus qu’un entrepreneur : un bâtisseur, un penseur stratégique, un homme de cœur. Son héritage vivra dans les institutions qu’il a façonnées, les projets qu’il a initiés, et l’inspiration qu’il continuera d’incarner pour les générations futures. Nombreux sont ceux qui pensent qu’il n’était pas seulement un dirigeant, mais un guide, une présence rassurante, paternelle.

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