- La formation reçue par les étudiants est de qualité pour que le médecin dentiste tunisien ait une place dans la vie active
- La formation au diplôme de docteur en médecine dentaire est un cursus de 6 ans de formation qui comprend 18 spécialités dont 9 fondamentales et 9 cliniques
- Sur le plan de la formation, la Tunisie n’a rien à envier à ce qui se passe ailleurs
- Il convient de former plus de doctorants pour remédier le plus rapidement possible, afin de permettre à tous les citoyens un accès aux soins égal et de qualité
- La Tunisie cherche à s’imposer comme destination régionale incontournable et d’avenir à travers l’exportation des services de santé
TUNIS – UNIVERSNEWS (INTERVIEW) – La dentisterie connaît aujourd’hui une évolution technologique très rapide, les patients sont de plus en plus informés grâce aux nouvelles technologies de l’information et internet. Toutes ces ingéniosités font de la médecine dentaire d’aujourd’hui une pratique de grande qualité, moderne et innovante comme le souligne Dr. Mohamed Salah Khalfi, doyen de la Faculté de médecine dentaire de Monastir
- Universnews: Pensez-vous que la formation reçue par les étudiants actuellement est suffisante pour que le médecin dentiste tunisien ait une place dans la vie active ? Quel est le rôle de la faculté de médecine dentaire de Monastir ?
Mohamed Salah Khalfi : La Faculté de Médecine Dentaire de Monastir a vu le jour en 1975, faisant ainsi figure de pionnière en Afrique du Nord et dans le monde arabe. Elle s’est engagée dans la création d’un environnement éducatif et scientifique propice, offrant une plateforme pour l’enseignement de pointe, le développement des connaissances et l’exploration de la recherche scientifique. Dès le début de son existence, cette institution a embrassé une mission fondamentale et noble : la formation de dentistes de haut niveau, dotés d’une solide base scientifique, d’une expertise professionnelle inégalée et d’une éthique irréprochable. La Faculté de Médecine Dentaire de Monastir a pour mission de former des dentistes compétents, de maintenir des normes élevées de soins bucco-dentaires, de promouvoir la recherche en dentisterie, et de contribuer activement à l’avenir de la profession dentaire en Tunisie. Elle le fait à travers ses départements spécialisés, qui couvrent tous les aspects de la médecine dentaire moderne. La formation au diplôme de docteur en médecine dentaire est un cursus d’enseignement supérieur qui dure 6 ans. Ce cursus de formation comprend 18 spécialités dont 9 fondamentales et 9 cliniques ayant pour objectif de faire acquérir à l’étudiant des connaissances, des aptitudes et des compétences dans le champ disciplinaire choisi. Il est sanctionné par le diplôme de docteur en médecine dentaire
Je dirais que le médecin dentiste que nous formons aujourd’hui est capable de répondre aux besoins de ses patients d’une manière générale. Donc, sur le plan de la formation, nous n’avons rien à envier à ce qui se passe ailleurs.
- Combien d’étudiants forme la Faculté de Monastir ?
Chaque année, la faculté forme 150 nouveaux diplômés en médecine dentaire et 150 autres viennent des universités étrangères. La Tunisie dispose de 1000 dentistes pour 10.000 habitants. Ce qui reste égal au ratio fixé par l’OMS, à savoir 1 médecin pour 1.000 habitants. La répartition des chirurgiens-dentistes est inégale sur le territoire, le littoral ayant les densités les plus fortes. Ces disparités géographiques s’accentuent depuis plusieurs années. Cette répartition constitue un enjeu crucial pour les années à venir. Et il convient de former plus de doctorants pour remédier le plus rapidement possible, afin de permettre à tous les citoyens un accès aux soins égal et de qualité. Les médecins dentistes doivent couvrir toute la Tunisie, et il est temps de songer à la décentralisation de façon sérieuse
- Le monde dentaire de demain sera-t-il digital ?
L’intelligence artificielle, les objets connectés, la synthèse des données de la recherche, le big data sont des domaines qui feront irruption dans les cabinets d’omnipraticiens dans les prochaines années. Il faudrait se préparer. Je pense en particulier aux nouvelles technologies et à l’intelligence artificielle, tant ces champs ont tendance à être disruptifs dans tous les domaines médicaux et là j’invite également les praticiens expérimentés à suivre avec intérêt les dernières innovations dans notre secteur. La médecine dentaire connectée et équipée CFAO se différencie un peu plus chaque jour de l’odontologie traditionnelle. Si les deux peuvent avoir des applications cliniques différenciées, il semble aujourd’hui difficile de penser que la pratique de demain se fera sans ces technologies.
- Les frais dentaires sont-ils toujours justifiés ?
Les praticiens tunisiens dans leur majorité, font même de très gros efforts pour continuer à rendre les soins accessibles. Il est vrai que ces soins exigent de moyens financiers. Depuis, le coût de la vie a été multiplié par 3 voire par 5 en raison de la dévaluation du dinar. Dans nos cabinets, tout a été aussi multiplié par 3: les loyers, les fournitures, l’électricité, les matières premières… En revanche les investissements ont, eux, explosé (radiographies -, stérilisation, informatique, fauteuils dentaires, appareils divers et variés). Malgré cela, nos tarifs restent en dessous de ce qui se pratique dans les pays riches (USA, Suisse, Allemagne, Canada, la France). Les praticiens, ainsi que les techniciens de laboratoire (les prothésistes) font donc de gros efforts pour maintenir un bas coût de soins.
- Que pensez-vous du tourisme médical dentaire ?
La Tunisie cherche à s’imposer comme destination régionale incontournable et d’avenir à travers l’exportation des services de santé. Chaque année, plusieurs patients des pays riverains viennent s’y faire soigner (Libye et l’Algérie notamment). Le secteur s’est développé, entre autres, grâce à cette forte demande régionale. Ce créneau est une réelle opportunité pour la Tunisie. Mais faut-il l’organiser ? Notre pays dispose d’atouts considérables pour devenir un acteur majeur de l’offre internationale. Il faudrait une vision stratégique forte sur cette activité, vision stratégique qui a caractérisé tous les acteurs ayant réussi une percée internationale dans le domaine du tourisme médical. Une réflexion approfondie et des choix organisationnels forts devront être conduits dans un délai rapide pour transformer nos potentialités en succès.
M.S.