
Nouveau billet de 50 dinars, sur fond d’explosion du cash en circulation!!!
- Le paradoxe tunisien : le cash résiste malgré le numérique !!!
- Le cash déborde, se dégrade, et la BCT tente de maintenir la confiance !
Tunis, UNIVERSNEWS (Finances) – En Tunisie, le cash règne en maître. Jamais les billets en circulation n’ont été aussi nombreux, jamais leur rôle dans l’économie n’a été aussi central, et, jamais leur usure n’a autant trahi la rareté des liquidités qui retournent aux banques.
Entre explosion de la masse fiduciaire (25,9 milliards de dinars en août 2025), baisse drastique de l’usage du chèque et préférence persistante pour l’espèce, le pays fait face à une véritable économie de cash qui échappe en grande partie aux circuits officiels.
Dans ce climat tendu, la Banque centrale de Tunisie (BCT) tente de maintenir la confiance en lançant un nouveau billet de 50 dinars, une mesure symbolique qui soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses.
Des billets dégradés, signe d’une rareté préoccupante
Un autre élément attire l’attention des observateurs : la qualité de plus en plus médiocre des billets retirés dans les banques. Beaucoup notent que ceux-ci sont usés et dégradés, révélant que les établissements financiers recourent à leurs anciens stocks de billets, faute de voir revenir suffisamment de liquidités dans les circuits bancaires.
Cette situation confirme que le cash “sort” mais ne “revient” pas, ce qui accentue la pression sur l’approvisionnement fiduciaire et reflète une économie où les fonds circulent davantage hors du contrôle institutionnel.
La réponse de la BCT : un nouveau billet de 50 dinars
Le 23 septembre 2025, la BCT a officialisé la mise en circulation d’un nouveau billet de 50 dinars (série 2022). Il portera les signatures du gouverneur Fethi Zouhaier Nouri et du vice-gouverneur Mourad Abdessalem, avec comme seule modification notable la date d’émission (25 juillet 2025).
Ce billet circulera en parallèle avec les coupures actuelles, sans retrait des anciennes. L’institution affirme vouloir maintenir la continuité et la sécurité des moyens fiduciaires, mais certains observateurs y voient une mesure essentiellement symbolique, qui ne répond pas aux défis structurels.
Des records successifs pour le cash en circulation
En août 2025, le volume des billets et pièces en circulation a franchi un nouveau record à 25,9 milliards de dinars, confirmant une trajectoire ascendante ininterrompue depuis plusieurs années. Ce chiffre traduit une hausse annuelle à deux chiffres et marque une accentuation de la tendance observée dès le début de l’année.
Cette progression témoigne d’un double phénomène :
- Une préférence accrue des ménages et entreprises pour les liquidités,
- Un renforcement du rôle du cash dans les transactions, notamment hors du circuit bancaire.
Chèques en recul, cash en plein essor
Parmi les explications majeures, la diminution drastique de l’usage du chèque se distingue. Au premier semestre 2025, le nombre de chèques télécompensés a chuté de 67 % par rapport à l’année précédente.
Cette désaffection est liée à la réforme récente du cadre légal des chèques, jugée contraignante par de nombreux opérateurs. Elle s’accompagne d’un glissement mécanique vers le cash, jugé plus simple et plus flexible dans les transactions quotidiennes.
Le paradoxe tunisien : le cash résiste malgré le numérique
Alors que dans de nombreux pays émergents les paiements électroniques gagnent du terrain, en Tunisie, la monnaie fiduciaire reste un pilier central. Les virements et paiements digitaux progressent, mais le cash conserve une part disproportionnée dans le système de paiement, ce qui entretient une économie à forte composante informelle.
Selon plusieurs experts, ce déséquilibre traduit une méfiance vis-à-vis du système bancaire (frais, procédures, contraintes) et une volonté d’échapper à la traçabilité fiscale.
Une décision qui interroge
Si le lancement d’un nouveau billet vise à actualiser la gamme fiduciaire, il soulève plusieurs questions :
- Effet inflationniste potentiel : sans retrait équivalent, l’émission pourrait accentuer la liquidité déjà abondante.
- Renforcement de la préférence pour le cash : au lieu de favoriser la bancarisation, ce choix peut conforter les habitudes existantes.
- Manque d’innovation : la coupure ne présente pas de nouveaux dispositifs de sécurité majeurs.
- Problème structurel : les billets usés en circulation montrent que la BCT peine à assurer un cycle monétaire fluide.
Vers un tournant monétaire ?
Le lancement de ce nouveau billet illustre les dilemmes de la politique monétaire tunisienne :
- Répondre aux besoins pratiques des usagers,
- Mais aussi limiter les dérives inflationnistes et informelles.
Sans mesures complémentaires pour encourager la bancarisation et moderniser les paiements électroniques, le risque est que cette initiative soit perçue comme un signal cosmétique, face à un problème structurel : le cash déborde, se dégrade, et la BCT tente de maintenir la confiance.