
Tunis, UNIVERSNEWS (MONDE) – Les agissements de Washington montrent encore une fois, si besoin est, que les instances internationales mises en place sont des instruments à son service et non des organes pour la régulation des internationales, dans le sens de relations plus justes et plus équilibrées… surtout l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) avec ses fameux rapports sur l’Irak et ailleurs.
Maintenant, c’est l’Iran qui est dans le collimateur de cette agence qui plie servilement à la volonté de Washington, mais Téhéran a fermement rejeté le dernier rapport de l’AIEA sur son programme nucléaire, le qualifiant de « sans fondement » et de « prétexte à des manœuvres politiques » contre le pays.
Dans une déclaration commune publiée samedi, le ministère iranien des affaires étrangères et l’Organisation iranienne de l’énergie atomique ont qualifié les conclusions du rapport de l’organisme de surveillance nucléaire de l’ONU de « reproduction d’allégations infondées ».
Selon le rapport de l’AIEA envoyé aux États membres, le stock iranien d’uranium enrichi à 60 % a augmenté de près de 50 %, atteignant 408,6 kilogrammes, une quantité qui, selon l’agence, pourrait être suffisante pour fabriquer neuf armes nucléaires si l’uranium était encore enrichi.
Dans un autre rapport confidentiel distribué aux États membres et cité par de nombreux médias, l’AIEA affirme que l’Iran s’est engagé dans des activités nucléaires non-déclarées sur trois sites faisant l’objet d’une enquête de longue date, impliquant des matières nucléaires qui n’avaient pas été divulguées auparavant à l’agence des Nations unies.
Ces conclusions pourraient inciter les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne à demander au Conseil des gouverneurs de l’AIEA de déclarer officiellement que l’Iran ne respecte pas les obligations qui lui incombent en vertu du traité de non-prolifération nucléaire (TNP), et ce pour la première fois depuis près de vingt ans.
Les deux rapports publiés par l’AIEA samedi ont exprimé de « sérieuses inquiétudes » concernant les niveaux d’enrichissement, notant que l’Iran reste le seul État non doté d’armes nucléaires à procéder à un enrichissement à un niveau aussi élevé.
La déclaration iranienne note toutefois qu’en dépit de la coopération continue avec l’agence dans le cadre de l’accord de garanties généralisées, les rapports se concentrent sur « des questions marginales et accessoires qui dépassent le mandat assigné à l’AIEA, qui ne sont pas pertinentes et qui n’entrent pas dans le cadre des garanties ».
« La République islamique d’Iran déplore la publication de ce rapport, qui a été élaboré sous la pression et à des fins politiques, et s’oppose fermement à son contenu », indique la déclaration.
Celle-ci prévient en outre que l’Iran prendra « les mesures appropriées pour protéger ses droits et intérêts légitimes » si certains pays -faisant implicitement référence aux États-Unis et aux Européens- « utilisent abusivement le rapport actuel lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de l’AIEA ».
« Les conséquences et la responsabilité de ces actions incomberont à ces pays », ajoute la déclaration, un message que les analystes interprètent comme une indication possible que l’Iran pourrait augmenter ses niveaux d’enrichissement au-delà du seuil de pureté actuel de 60 %.
La publication des rapports de l’AIEA intervient sur fond de négociations indirectes sur le nucléaire entre l’Iran et les États-Unis, menées avec la médiation du Sultanat d’Oman.
Cinq cycles de négociations ont eu lieu jusqu’à présent à Mascate et à Rome, mais aucun progrès significatif n’a été signalé, l’enrichissement demeurant un point d’achoppement majeur entre les deux parties.
Alors que les États-Unis ont demandé le démantèlement du programme d’enrichissement de l’Iran, Téhéran maintient que ses activités nucléaires sont pacifiques et que l’enrichissement se poursuivra.