
Ostéoporose: Mieux vaut prévenir que guérir !
- Vers la création d’un diplôme Inter-Universitaire (DIU) en ostéoporose dans les facultés de médecine
Tunis, UNIVERSNEWS (Santé) – L’ostéoporose est la plus fréquente des maladies osseuses, le plus souvent silencieuse. Elle est caractérisée par une perte osseuse et par une diminution de la résistance de l’os responsable d’une fragilisation du squelette. Ceci expose le patient au risque de survenue de fractures même à la suite de traumatismes minimes ou à faible énergie, telle une simple chute de sa propre hauteur. Cette perte osseuse débute lentement à l’âge adulte, mais s’accélère brusquement chez la femme à la ménopause.
Aujourd’hui, plus de 35% des tunisiennes de plus de 50 ans sont concernées par cette maladie handicapante qui nuit profondément à leur mobilité et à leur qualité de vie. Le danger de l’ostéoporose est son caractère silencieux. En effet, elle peut passer inaperçue durant plusieurs années jusqu’à la première fracture qui révélera la maladie. La plupart des fractures dues à l‘ostéoporose concernent les vertèbres, le poignet et la hanche.
L‘incidence des fractures de vertèbres chez les femmes entre 60 et 90 ans est ainsi 20 fois plus élevée que chez les hommes de la même tranche d‘âge. Mais la fracture ostéoporotique la plus grave reste la fracture de la hanche, celle-ci pouvant conduire à un décès prématuré. La fracture du poignet reste néanmoins la plus fréquente, son incidence augmentant rapidement dès les cinq premières années qui suivent la ménopause. Sa morbidité est moindre que celle de la fracture de hanche, mais elle sera à l‘origine d‘une incidence élevée d‘algodystrophie (douleurs aiguës aux articulations).
Forte prévalence de la maladie en Tunisie !!!
Les récentes études réalisées en Tunisie démontrent une forte prévalence de la maladie dans notre pays et la justifient essentiellement par le manque d’exercice physique, une alimentation souvent pauvre en calcium tout au long de la vie et un manque de vitamine D causé par une exposition limitée au soleil souvent due à nos habitudes vestimentaires. Pour prévenir ce fléau, il est donc souhaitable de faire un diagnostic précoce, au moment de la ménopause, par l’ostéodensitométrie.
Ce test consiste à mesurer la densité de l’os afin d’adopter une hygiène de vie favorisant l’acquisition d’un capital osseux maximal. Pour bien gérer leur capital osseux, les femmes doivent veiller à avoir une alimentation saine, équilibrée, riche en calcium et en vitamines D mais également à éviter les régimes amaigrissants excessifs qui diminuent la masse musculaire et la masse osseuse
Prévenir d’abord les fractures !
Les médecins doivent avant tout viser à prévenir les fractures plutôt qu’à traiter l’ostéoporose à tout prix. Cette nouvelle orientation repose sur les plus récentes données scientifiques. En effet, il s’avère que l’ostéoporose n’est que l’un des nombreux facteurs de risque de fracture. Cela signifie qu’il est possible d’avoir de l’ostéoporose, mais un faible risque de fracture. Inversement, il est possible d’avoir un risque de fracture élevé sans ostéoporose. Le médecin doit donc procéder à une évaluation globale de l’état de santé du patient, des médicaments qu’il consomme, de ses antécédents familiaux, de ses habitudes de vie, etc. C’est seulement s’il le juge nécessaire qu’il propose un test d’ostéodensitométrie, qui mesure la densité minérale osseuse. Auparavant, la décision de traiter ou non reposait essentiellement sur les résultats de ce test. Lorsque l’ostéoporose est diagnostiquée et traitée, il est possible de stabiliser ou d’améliorer l’état des os au point de réduire de 50% les risques de subir une fracture.
L’ostéoporose : une priorité sanitaire nationale
Le ministre de la Santé, le Dr Mustapha Ferjani, s’est entretenu récemment avec des représentants de l’Association tunisienne de lutte contre les maladies articulaires afin de présenter le projet de stratégie nationale de dépistage et de prise en charge de l’ostéoporose. Il a souligné la nécessité de considérer l’ostéoporose comme une priorité sanitaire nationale, affirmant que le dépistage précoce et la prise en charge globale doivent concerner tous les acteurs dans le cadre d’une approche équitable. La réunion a porté sur le dépistage précoce et le suivi régulier des patients, la création de centres de suivi des fractures pour la prévention secondaire, la garantie d’un accès équitable aux traitements et aux médicaments, la mise en place d’un registre national des fractures pour améliorer la planification, le soutien à la formation, à la recherche scientifique et à la sensibilisation et la création d’un Diplôme Inter-Universitaire (DIU) en ostéoporose dans les facultés de médecine afin de former des médecins spécialisés. (M.S)