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« L’approvisionnement de l’eau par citoyen diminuera de 100 m3/personne par an d’ici 2030 »
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Lutter contre le réchauffement climatique par le reboisement massif de nos forêts et de nos oasis
La Tunisie figure parmi les pays les plus vulnérables aux changementx climatiques et vit une pénurie d’eau qui aura des conséquences gaves sur la vie des Tunisiens. Selon le PDG de la Sonede, « l’approvisionnement de l’eau par citoyen diminuera de 100 m3/personne par an d’ici 2030 ».
La Tunisie connaît, en effet, des difficultés d’approvisionnement en eau qui affecteront notre santé et notre sécurité alimentaire. Cette dernière qui s’avère en danger à cause des conséquences lourdes sur l’agriculture tunisienne. Ceci est la conséquence directe des périodes de sécheresse que notre pays a connue et connaîtra dans les années prochaines. Cette situation alarmante est due aux manques de précipitations causés par le changement climatique et la mauvaise gestion de l’eau en Tunisie.
Et avec l’avènement de la saison estivale, la consommation d’eau augmente et par conséquent l’approvisionnent en eau devient de plus en plus difficile. A ce sujet, Univers.news a contacté Mayssa Sandli, experte en questions environnementales. Interview.
Comment peut-on faire face à la pénurie d’eau en Tunisie, notamment pendant la saison estivale ?
Il faut savoir aujourd’hui que chaque goutte de pluie qui tombe sur notre sol est précieuse et ne doit pas finir dans les égouts ou rejoindre les eaux de mer. Surtout que le PDG de la Sonede a annoncé, devant l’ARP, qu’il y aura de grandes difficultés, pour l’approvisionnement en eau en Tunisie durant cet été et celui de 2022.
Face à cette situation, nous pouvons agir sur plusieurs plans. D’abord et dans l’immédiat, nous devons optimiser la gestion de la récupération des eaux de pluies avec une infrastructure adaptée, et ce, à travers la surélévation des barrages et la construction de nouveaux barrages et forages, ainsi que l’entretien des canaux de la Sonede pour éviter les fuites.
Egalement, nous pouvons investir dans l’agriculture raisonnée en diminuant l’utilisation des engrais chimiques, afin de préserver ce qui reste des nappes non contaminées.
Ensuite, le citoyen doit raisonner sa consommation en eau potable et il doit être fortement sensibilisé à cette problématique.
Du côté des agriculteurs, certains d’entre eux ont adopté une technique ancestrale de culture qui s’appelle « Ramli ». Il s’agit d’une technique qui consiste à planter dans des parcelles sableuses de bord de mer. Utilisée avant par les Andalous pour faire face à l’importance accrue des pénuries d’eau, cette technique est aujourd’hui une des solutions utilisée pour sauver l’agriculture.
Enfin, nous pouvons préparer l’avenir, tout en luttant contre le réchauffement climatique par le reboisement massif de nos forêts et de nos oasis.
Je tiens à rappeler que malgré cette pénurie d’eau, le nouveau complexe de traitement de l’eau, qui sera installé dans la région de Bejaoua à Tunis, ne sera fin prêt qu’en 2023. Sachant que ce projet permettra d’assurer les besoins des citoyens du Grand Tunis jusqu’en 2036.
Vu le manque d’eau dans le monde, est-ce que la tarification de l’eau potable risque d’augmenter dans les années prochaines ?
Aujourd’hui, l’eau est passée d’une ressource naturelle vitale à un produit de spéculation. Dans les pays où le changement climatique a frappé à plein fouet comme l’Australie, les financiers achètent l’eau et la vendent aux citoyens, c’est ce qu’on appelle la financiarisation de l’eau.
Pour le cas de la Tunisie, elle a opté pour une nouvelle tarification du m3, soit 200 millimes/m3 (1000 litres d’eau), et 1,315 dinar/m3 pour la tranche de consommation supérieure à 500 m3 /trimestre. Une augmentation semble être équitable et juste par rapport aux enjeux de pénurie d’eau auxquels notre pays fait face.
Comparé aux pays voisins, ce prix est inférieur à celui en Algérie, soit à partir de 250 millimes/m3 ; et au Maroc, soit à partir de 850 millimes/m3. Cette tarification de l’eau potable risque, effectivement, d’augmenter en Tunisie dans les années prochaines, vu le manque d’eau qui s’accentue de plus en plus dans le monde entier.
M.N.