Philippe Aghion Nobel d’économie 2025… Une leçon pour les économies en quête de rebond!!!

  • L’impôt ne doit pas être le moteur, mais la conséquence de la prospérité… l’innovation et la croissance doivent primer sur la tentation de la fiscalité punitive.
  • Pour des pays comme la Tunisie, qui cherchent à concilier rigueur et relance, le message du Prix Nobel 2025, sonne comme une invitation : bâtir une économie du savoir, pas une économie de la taxation !!
  • La Tunisie doit choisir entre une fiscalité défensive et une stratégie de croissance offensive !!!

Tunis, UNIVERSNEWS (SEF) – Le monde académique et économique a salué, le 13 octobre 2025, l’attribution du Prix Nobel d’économie au Français Philippe Aghion, figure majeure de la théorie de la croissance endogène. À 69 ans, le professeur du Collège de France, aux côtés de Joel Mokyr et Peter Howitt, est récompensé pour ses travaux fondateurs sur la croissance tirée par l’innovation, un concept qui bouscule les dogmes économiques classiques et réhabilite la création destructrice chère à Schumpeter.

Mais au-delà de la consécration scientifique, le message d’Aghion résonne puissamment dans les débats contemporains : l’innovation et la croissance doivent primer sur la tentation de la fiscalité punitive. Un credo qui interpelle autant les économies avancées que les pays émergents, y compris la Tunisie, confrontée à un dilemme entre relance et rigueur.

Dans un contexte marqué par la pression fiscale, la baisse de productivité et la fuite des talents, les principes d’Aghion offrent une boussole claire :

  • Réorienter la politique économique vers la production et l’investissement, plutôt que la taxation de la rente.
  • Alléger la charge réglementaire qui freine l’initiative privée et l’innovation.
  • Réinvestir massivement dans l’éducation, la recherche et la transition technologique, véritables moteurs d’une croissance durable.
  • Mettre la fiscalité au service de la compétitivité, en récompensant le risque et l’effort productif plutôt qu’en punissant la création de valeur.

Le Nobel d’Aghion n’est donc pas qu’un hommage académique : c’est une leçon stratégique pour les décideurs tunisiens, un appel à changer de cap, de la logique de prélèvement à la logique de performance.

Un parcours d’excellence : du Collège de France à Stockholm

Né à Paris en 1956, Philippe Aghion est un pur produit de l’école républicaine française et des plus grandes universités mondiales. Ancien élève de l’ENS Cachan et docteur d’Harvard, il a enseigné à MIT, Harvard, INSEAD et à la London School of Economics avant de rejoindre le Collège de France, où il occupe la chaire « Économie des institutions, de l’innovation et de la croissance ».

Fils de Gaby Aghion, fondatrice de la maison de couture Chloé, il a hérité du goût du risque et de la créativité. Ses recherches, menées depuis plus de trente ans, explorent la manière dont la concurrence, la recherche et la destruction créatrice stimulent la productivité et la prospérité à long terme.

En 2025, le jury Nobel a salué sa capacité à formaliser, avec Peter Howitt, un modèle cohérent de croissance endogène, où les innovations des entreprises remplacent les anciennes technologies, entraînant simultanément progrès et obsolescence.

Croissance avant impôt : le credo d’un économiste iconoclaste

Depuis plusieurs années, Philippe Aghion plaide pour un changement profond de paradigme. Selon lui, l’impôt ne doit pas être le moteur, mais la conséquence de la prospérité.
« On ne finance pas l’État par la taxation de la stagnation, mais par la stimulation de la croissance », affirme-t-il.

Son raisonnement est simple :

  • Trop d’impôt décourage l’investissement, bride la concurrence et freine la prise de risque.
  • À l’inverse, une politique axée sur la croissance, innovation, capital humain, stabilité institutionnelle, élargit naturellement la base fiscale et renforce la capacité de l’État à redistribuer.

Il met en garde contre les politiques fiscales qui privilégient le court terme au détriment du potentiel innovant : « L’Europe se trompe de combat en multipliant les taxes là où il faudrait multiplier les inventions. »

Pour Aghion, le leadership technologique est la nouvelle frontière de la puissance économique, et la France comme l’Europe risquent d’être reléguées derrière les États-Unis et la Chine si elles ne parient pas massivement sur l’innovation.

Un message fort pour les économies en transition

Le débat dépasse les frontières de la vieille Europe. En Afrique du Nord, et notamment en Tunisie, les principes d’Aghion prennent un relief particulier.

Le pays, pris entre pression budgétaire, ralentissement de la productivité et montée de la dette publique, se trouve dans un scénario typique où la tentation fiscale (taxer plus) supplante parfois la réflexion stratégique (produire plus).

Or, les travaux d’Aghion apportent une clé de lecture :

« Pour financer durablement l’État, il faut d’abord financer la croissance. »

Concrètement, cela signifie :

  • Soutenir l’innovation locale (start-ups, fintechs, greentech) par un cadre fiscal incitatif.
  • Réformer la bureaucratie pour réduire les coûts administratifs qui étouffent l’initiative privée.
  • Orienter la dépense publique vers la recherche, l’éducation et le numérique, plutôt que vers la simple subvention de consommation.
  • Favoriser la concurrence saine dans les secteurs protégés (banque, transport, énergie), condition d’une vraie destruction créatrice.

Autrement dit : la Tunisie doit, elle aussi, choisir entre une fiscalité défensive et une stratégie de croissance offensive.

Croissance et équité : un équilibre à préserver

Les idées d’Aghion ne sont pas exemptes de débats. Certains économistes rappellent que la croissance sans redistribution peut creuser les inégalités et fragiliser la cohésion sociale. Aghion lui-même nuance son discours : il plaide non pas pour moins d’État, mais pour un État plus intelligent, capable de réguler sans asphyxier, d’encourager sans contrôler.

Dans sa vision, l’État doit :

  • Assurer l’accès équitable à l’éducation et à la santé,
  • Investir dans la recherche publique,
  • Maintenir la concurrence en évitant la capture des marchés par des monopoles.

C’est ce qu’il appelle un « capitalisme de mission » : un système où l’État et le secteur privé coopèrent pour orienter l’innovation vers les grands défis, environnement, inclusion, santé.

Une leçon universelle

Le Nobel 2025 consacre bien plus qu’un économiste : il consacre une idée, celle que l’innovation est la vraie richesse des nations.

Dans un monde où les économies cherchent désespérément des recettes, Philippe Aghion rappelle qu’il n’existe pas d’impôt durable sans croissance durable.

Et pour des pays comme la Tunisie, qui cherchent à concilier rigueur et relance, son message sonne comme une invitation : bâtir une économie du savoir, pas une économie de la taxation.

Le palmarès de Philippe Aghion

  • Né en 1956 à Paris
  • Docteur en économie de Harvard (1987)
  • Professeur à Harvard, MIT, INSEAD, LSE et Collège de France
  • Coauteur de Endogenous Growth Theory (MIT Press, 1998)
  • Conseiller économique auprès du gouvernement français (Commission Attali)
  • Officier de l’Ordre national du Mérite et chevalier de la Légion d’honneur
  • Prix Nobel d’économie 2025 avec Joel Mokyr et Peter Howitt
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