TUNIS – UNIVERSNEWS (Santé – M.S.) – Ils étaient 250 nourrissons à être admis aux urgences de l’hôpital d’enfants de Bab Saadoun pour une infection virale aiguë des bronchioles durant le mois de septembre. Chaque année, la bronchiolite touche près d’un bébé sur trois pendant la saison froide. En Tunisie, cette maladie respiratoire souvent bénigne mais aux complications parfois graves, suscite de nombreuses inquiétudes parmi les parents. Comment la prévenir, la diagnostiquer et la soigner ?
Malgré la douceur de ce début d’automne, la bronchiolite fait son grand retour en Tunisie. Depuis plusieurs jours, les parents reprennent rendez-vous chez le médecin et le kiné. Le nombre de consultations augmentent et pour cause, la bronchiolite est de retour. Les consultations augmentent. Dans les cabinets, les bébés commencent à arriver pour les surveiller ou les soigner. Souvent ce sont des enfants qui ont le nez qui coule et tousse, explique Dr Salem Sahli, pédiatre.
« La bronchiolite, précise-t-il , est une maladie respiratoire virale très contagieuse qui débute mi-octobre et se termine à la fin de l’hiver. Elle est la plus fréquente des infections virales respiratoires basses du nourrisson. Il s’agit d’une atteinte inflammatoire des ramifications bronchiques terminales qu’on appelle bronchioles. Celles-ci sont le siège d’une inflammation plus ou moins diffuse avec hypersécrétion à l’origine de bouchons qui obstruent la lumière bronchique.
La bronchiolite survient généralement par épidémies hivernales, elle est causée dans 90% des cas par un virus : le virus respiratoire syncitial (VRS). La transmission se fait par contact direct avec les sécrétions contaminées, ou indirect (jouets, mains, stéthoscope…). La maladie commence par des signes ORL : rhume d’allure banale, toux sèche…Puis surviennent des signes respiratoires avec augmentation de la fréquence respiratoire (polypnée), difficultés respiratoire (dyspnée) et à l’auscultation pulmonaire, le médecin perçoit des râles crépitants ou des sifflements. Chez le très jeune nourrisson, la symptomatologie peut se résumer à des arrêts respiratoires (apnées) isolés. La fièvre est peu élevée (38 à 38.5°C) et l’enfant est fatigué et a des difficultés à l’alimentation.
Dans les formes communes, l’évolution est favorable dans la majorité des cas avec disparition des signes d’obstruction en 8 à 10 jours. Une toux résiduelle peut néanmoins persister pendant 02 semaines. Un certain nombre d’enfants font des bronchiolites à répétition. Il s’agit fréquemment d’enfants ayant un terrain autopique qui peuvent évoluer vers une maladie asthmatique. A partir d’un troisième épisode de bronchiolite, il est normal d’évoquer l’asthme du nourrisson. Les complications sont fréquentes lorsqu’il existe une pathologie sous-jacente: mucoviscidose, cardiopathie congénitale, malformation pulmonaire, déficit immunitaire, prématurité
Quelle conduite à tenir en cas de bronchiolite chez un bébé ?
Le plus souvent, le traitement se fait à domicile. 7 % des cas seulement nécessitent une hospitalisation. Le traitement est symptomatique et associe couchage en position proclive dorsal à 30°, tête en légère extension, hydratation, nutrition et, essentiellement interdiction du tabac passif. Les médicaments (antitussifs, mucolytiques, corticoïdes, bronchodilatateurs, antiviraux…) ne sont pas indiqués dans les formes communes et les antibiotiques seront discutés s’il existe des signes en faveur d’une surinfection bactérienne : fièvre pendant plus de 48h, otite moyenne aigue, pathologie pulmonaire ou cardiaque sous-jacente. La bronchiolite aiguë du nourrisson peut, dans quelques rares cas, mettre en jeu le pronostic vital. L’hospitalisation s’impose en présence d’un des critères de gravité suivants: altération importante de l’état général, détresse respiratoire grave (apnée, cyanose) et cardiopathie sous-jacente, pathologie pulmonaire chronique grave, troubles digestifs compromettant l’hydratation. L’oxygénothérapie est alors nécessaire et peut aller jusqu’à la ventilation assistée dans les formes sévères.
Quelques mesures simples permettent de réduire l’incidence de la bronchiolite du nourrisson en limitant la transmission du virus. Ce sont en gros les mêmes gestes préconisés pour lutter contre le coronavirus dont la transmission est identique à celle du virus respiratoire syncitial : se laver systématiquement les mains à l’eau et au savon pendant au moins 30 secondes avant de vous occuper de votre bébé, porter le masque, ne pas embrasser l’enfant sur le visage, ne pas échanger dans la famille : biberons, sucettes, couverts des différents enfants, veiller à désobstruer régulièrement ses voies nasales à l’aide de sérum physiologique, en période épidémique, éviter autant que possible aux bébés la fréquentation des lieux enfumés et ceux où ils peuvent être en contact avec des personnes enrhumées (supermarchés, transports en commun).