Tawfik BOURGOU*
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De manière générale, les médias en France sont globalement hostiles à la Tunisie et ceci ne date pas de 2011. C’est plus ancien que cela…
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De La Villardière et la majeure partie des journalistes qui écrivent sur la Tunisie ignorent tout de ce que le pays a enduré entre 2011 et 2024
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L’émission de M6 ressemble à une œuvre sur commande… un ramassis de vieux reportages, collés les uns aux autres, sans aucune unité logique
TUNIS – UNIVERSNEWS Afin que les choses soient claires, à titre personnel je n’ai aucune proximité idéologique avec, ni aucune sympathie pour le pouvoir actuel en Tunisie, ni celui-là, encore moins celui qui l’avait précédé : celui du règne des frères musulmans installé en Tunisie après la funeste conférence de Paris de février 2011 sous la férule des Etats-Unis d’Obama et du Qatar avec l’assentiment de Monsieur Sarkozy. Ceci pour être clair.
En 1987, quelques jours avant 7 novembre, sur une chaine française aujourd’hui disparue, un vrai et grand journaliste, Patrick de Carolis, se rendit à Tunis, il avait à l’époque réalisé une émission sur la crise de fin de règne de Bourguiba. Il avait été le premier à interviewer le futur Président Ben Ali à la Kasbah. Tout un chacun pourrait à loisir revenir aux archives pour juger du professionnalisme de Patrick de Carolis et de son empreinte. Lui aussi est passé par M6 il y laissa une autre empreinte. Un journaliste qui avait la probité intellectuelle d’enquêter à charge et à décharge. C’est pour cela que son nom reste intimement lié à l’éthique du journaliste. Mais tout le monde n’est pas Patrick de Carolis.
Etions-nous en droit d’attendre la même probité intellectuelle d’un De la Villardière à propos de la Tunisie ?
Non, absolument pas. L’émission produite par ce dernier à propos de la Tunisie est au journalisme ce que la propagande est à la réflexion. D’ailleurs et de manière générale, les médias en France sont globalement hostiles à la Tunisie et ceci ne date pas de 2011. C’est plus ancien que cela. Le mal est plus profond que cela. Globalement, contrairement à des pays comme le Maroc ou le Qatar, la Tunisie ne paye pas les chaines hexagonales pour commettre des œuvres de commande.
L’émission de M6 réalisée par De La Villardière ressemble à une œuvre de commande. Un ramassis de vieux reportages, collés les uns aux autres, sans aucune unité logique. Une sorte de buffet campagnard de la détestation de la Tunisie. Pour avoir vu des « reportages » de ce « journaliste », il traite la Tunisie comme il a traité Haïti et son travail ne semble avoir de ligne directrice que de démolir. S’il devait aller au Maroc ou au Qatar, il serait vraisemblable qu’il aurait commis une œuvre laudative.
De La Villardière et la majeure partie des journalistes qui écrivent sur la Tunisie ignorent tout de ce que le pays a enduré entre 2011 et 2024. D’ailleurs globalement, le monde médiatique ne privilégie que ce qui est « lisse », sensationnel et spectaculaire pour parler du sud de la méditerranée.
De La Villardière et ses semblables n’ont jamais couvert l’invasion américaine d’Irak et ses 500.000 morts, ni la guerre en Syrie perpétrée par 53.000 djihadistes payés par les monarchies du Golfe dont le Qatar sur ordre de Washington, il n’a pas couvert la guerre en Libye déclenché par Sarkozy, Obama et Cameron et qui a détruit un pays dans son ensemble qui, en effaçant un rempart, a démoli la Tunisie et préparé sa submersion par une vague d’immigration subsaharienne, une colonisation pure et simple.
Ce journaliste ne semble avoir noté l’œuvre destructrice des frères musulmans et des djihadistes qui leurs sont liés, pourtant ce sont eux qui ont participé directement ou indirectement aux attentats du Bataclan et celui de Nice.
Il y a chez cet homme la nostalgie de l’islam radical et de l’islamisme, dans la même veine que celle dont témoigne une partie de la gauche française.
Il ne semble pas avoir compris comme certains de ses semblables que sans les interventions occidentales en Tunisie, militaires et meurtrières en Libye, la Tunisie ne serait pas dans la situation dans laquelle elle se trouve aujourd’hui.
Là aussi tout le monde n’est pas Patrick De Carolis.
T.B.
Politologue