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La vague d’immigration, la tentative de Radés, l’attaque contre la Ghriba sont des éléments d’un plan de déstabilisation et de destruction de la Tunisie
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La prochaine étape pourrait -être une déstabilisation économique de la classe moyenne
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L’attaque de la Ghriba n’est qu’un prélude à la neutralisation de système sécuritaire
par Tawfik BOURGOU
TUNIS – UNIVERSNEWS Un processus de destruction de la Tunisie semble avoir été enclenché. Il est « multilames » et semble aussi se baser sur les recettes déjà éprouvées lors des évènements de 2010 /2011 qui ont généré cette souillure qu’est Ennahdha et cette gangrène qu’est le terrorisme, inconnu en Tunisie avant l’avènement de ce simulacre de « blanchiment » politique de l’islam politique par des ingérences extérieures. Pour arriver au pouvoir, Ennahdha, l’islam politique en général s’est enrôlé dans une relation d’échange : l’enrôlement de l’islam politique dans un processus de transformation d’un espace régional, un retraçage des cartes du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord en contrepartie de la prise par la force de certains pays à valeur symbolique, principalement la Tunisie. Ce jeu a nécessité une ingénierie politique dont les contours sont aujourd’hui identifiables. Cette ingénierie n’aurait jamais pu fonctionner sans une aide extérieure, sans un jeu de lobbying et des actions de services de renseignement rompus à la déstabilisation de régimes politiques.
Sauf à être naïf ou romantique nul ne peut croire ne serait-ce que l’hypothèse même d’une révolution en 2010/11. Ce qui a été qualifié pompeusement de printemps n’a été qu’une suite de phases, bien identifiables, enclenchées de telle sorte que tout régime politique qui tenterait d’y faire face, serait rapidement broyé. L’aboutissement des évènements, tel que nous le vivons aujourd’hui, douze ans après, suffit à labelliser le début et le déroulement du processus qui a amené la destruction de l’Etat tunisien post indépendance et l’avènement du système de l’islam politique en Tunisie.
Au bout de douze ans, avec le recul nécessaire, nous pouvons montrer qu’il suffit d’un certain degré de chaos, même de faible niveau, pour obtenir la paralysie des systèmes de sécurité et à la disparition de l’adhésion d’une partie de la population à tout régime politique. La partie de la population visée, n’est pas celle qui est la plus consciente des enjeux, ni celle qui est se mobilise contre le régime ciblé. La cible des processus de déstabilisation à multiples niveaux, c’est essentiellement la frange qui ne s’identifie à aucun protagoniste et qui s’attache à mener une vie « normale ». Dans le cas de la Tunisie, la frange qui a été ciblée en 2010/2011, a été la classe moyenne et la classe moyenne-basse, urbaine, péri-urbaine qui va se joindre aux plus déshérités par sidération face au chaos qui vient d’atteindre son quotidien et ses conditions de vie.
C’est cette bascule qui a permis la fin de l’adhésion au régime politique de l’époque. Cependant, avec le recul du temps, cette classe moyenne va payer très chèrement, durant douze ans, son acquiescement passif aux architectes d’une transformation politique pas aussi spontanée que certains essayent de la « vendre » depuis douze ans.
Aujourd’hui, c’est cette frange qui est visée pour tenter d’abattre le régime en place : annonces d’effondrement, immigration submersive, importations de troubles interethniques dans le pays depuis l’Afrique subsaharienne, terrorisme contre un espace symbolique, montée de la criminalité au quotidien et évaporation des forces de polices préalablement infiltrées par l’islam politique, disparition de produits de première nécessité des étals. La prochaine étape pourrait -être une déstabilisation économique de cette classe sociale.
Les outils de déstabilisation…
Le second outil du processus de déstabilisation est soit un acte, soit une suite d’actes de déstabilisation greffés sur des évènements courants : évènements sportifs majeurs, évènement symboliques et /ou religieux majeurs.
Le troisième outil est le processus d’internationalisation des impacts négatifs par de massifs déplacements de populations ou par le ciblage de populations, de minorités ayant des prolongements ou des liens à l’étranger.
Le quatrième élément est la neutralisation du système sécuritaire par l’apparition d’une vague de chaos et de pillages concomitants aux soulèvements. Ce fut le paroxysme en 2011, ce fut le cas au Soudan il y a quelques jours dans le cadre d’une sorte de « guerre civile par procuration » pour hâter le retour des frères musulmans, qui sont à la recherche d’un sanctuaire afin de reprendre pied après la perte de la Tunisie.
Le cinquième élément est la guerre informationnelle par des acteurs extérieurs, donc hors de portée du régime politique ciblé. Dans ce cas, il y a une amplification et une orientation de l’analyse des évènements. Depuis 2011, la chaine qatari Al Jazira, caisse de résonnance de l’islam politique et du djihadisme a toujours été prompte à cibler la Tunisie et à essayer d’en détruire l’image. Aucun autre pays n’a été ciblé autant dans ce qui confine à une guerre informationnelle.
Cette matrice en cinq axes s’est vérifiée dans tous les pays dits des printemps, dans l’Europe de l’Est comme dans les pays arabes. Elle vérifie avec précision le cas tunisien depuis 2011. Elle vérifie aussi ce que la Tunisie vit depuis la mise à l’écart du système Ghanouchi en 2021. Les trois premières phases ont été enclenchées.
La vague d’immigration subsaharienne vers la Tunisie, la tentative d’organiser une tuerie majeure à Radès, l’attaque contre les supporters de l’équipe phare du football tunisien l’Espérance Sportive de Tunis, l’attaque contre la Ghriba de Djerba, la recrudescence des vagues migratoires vers la Tunisie dans l’objectif de créer un chapelets de ghettos ferments d’un chaos interne et international, sont des éléments d’un plan de déstabilisation et de destruction de la Tunisie, abstraction faite de la qualité du régime politique actuel auquel nous n’adhérons pas bien sûr, mais il semble certain que l’attaque de la Ghriba n’est qu’un prélude à la quatrième phase.
En 2021, recevant des journalistes occidentaux Ghanouchi a affirmé que la fin de la présence politique d’Ennahdha à la tête de la Tunisie signifie faillite économique (ce que nous avons désigné par l’atteinte au quotidien des classes moyennes), immigration clandestine et déplacements massifs vers l’Europe, nous sommes en pleine vague migratoire et en pleine submersion du pays, il avait évoqué récemment une guerre civile. La tentative de Radès illustre cette menace, comme l’attaque de la Ghriba.
Pour agir, l’islam politique compte sur douze années d’infiltration d’agents dormants au sein de l’administration, de la police, qui étrangement s’est évaporée des frontières. Il peut compter sur les réseaux mafieux et de contrebande, toujours au contact avec la nébuleuse terroriste. Ces réseaux sont la clientèle politique du parti de Ghanouchi. Rappelons-nous les conditions d’implantation de certains réseaux d’importation de produits dont l’objectif était de permettre à la clientèle politique islamiste de se construire des fortunes en dehors de tout contrôle et de court-circuiter l’Etat, le système bancaire officiel et d’abattre définitivement le réseau des entreprises publiques et privées liées au patronat tunisien.
T.B.
Politologue