TUNIS – UNIVERSNEWS (SEF – Khemaies KRIMI) – Moult indices montrent qu’en matière de mobilité électrique, la Tunisie serait à deux doigts de réussir une grosse affaire sur la voie de sa migration de la motorisation thermique vers la motorisation électrique. Et pour cause : d’intenses négociations sont, actuellement, engagées entre le gouvernement tunisien avec le constructeur automobile chinois Build Your Dreams (BYD), leader dans l’industrie automobile. Deux principaux indices méritent qu’on s’y attarde.
Le premier indice porte sur l’intérêt particulier accordé la Tunisie au groupe BYD, spécialisé dans les transports électriques et hybrides. Ce futur investissement chinois en Tunisie avait eu l’occasion de prouver et de montrer son savoir-faire à Tunis. En 2018, il avait fourni, à son partenaire en Tunisie, Helios, le premier bus électrique (90 passagers et 250 kilomètres d’autonomie).
Le 2ème indice est perceptible à travers le suivi de cet intérêt pour l’expertise développée par le groupe BYD en matière de mobilité électrique. C’est la ministre de l’Industrie, de l’énergie et des mines, Fatma Thabet Chiboub qui s’en est occupé. Elle a tenu, le 29 juin 2024, à Tunis, une séance de travail avec le directeur général de BYD pour le Moyen-Orient et l’Afrique, AD Huang.
Le groupe BYD disposé à investir en Tunisie
Au cours de cette rencontre, Ad Huang a fait état de la disposition du constructeur automobile chinois à investir en Tunisie et contribuer au « développement du secteur de la mobilité électrique et des solutions intelligentes dans le domaine des énergies renouvelables».
Mieux, le responsable de BYD a ajouté que: « la Tunisie serait dans ce cas un «partenaire crucial» pour les activités de recherche et développement (R&D) du groupe chinois».
Morale de l’histoire : le projet chinois a, semble-t-il, le vent en poupe pour être mené à terme dans de bonnes conditions. De par sa qualité de projet propre, il offre de grands avantages pour la Tunisie. Ainsi, ce projet va contribuer à réduire deux importants coûts : celui des émissions du carbone et des gaz à effet de serre et celui de l’énergie. Il n’est pas besoin de rappeler ici que la moitié du déficit commercial de la Tunisie est généré par ses importations de gaz et de pétrole.
De son côté, le groupe chinois va bénéficier de la disponibilité, en Tunisie, d’importantes compétences et expertises tunisiennes développées, un demi-siècle durant, dans le domaine de l’industrie des composants automobiles et surtout du positionnement stratégique de la Tunisie, en tant que site de proximité au milieu du bassin méditerranéen et au carrefour de trois continent l’Afrique, l’Europe et l’Asie.
Les véhicules électriques de BYD vont attiser la concurrence
Et pour ne rien oublier, l’implantation de BYD en Tunisie et la compétitivité de ses véhicules va, apparemment, poser de sérieux problèmes aux concessionnaires tunisiens qui importent encore, en devises et au prix fort, des véhicules européens dotés de moteurs thermiques.
Ces mêmes concessionnaires qui n’ont pas su négocier, dans les temps, avec les constructeurs automobiles européens l’implantation en Tunisie d’usines d’assemblage de véhicules électriques et ce en dépit du changement des règlements en Europe.
Et même au cas où ils continueraient à importer des véhicules électriques européens, ils auront beaucoup de difficultés à les vendre en Tunisie en raison de la compétitivité des véhicules électriques chinois.
D’ailleurs les Européens pour faire face à la compétitivité des véhicules chinois multiplient les barrières pour dissuader leur importation.
Pour mémoire le règlement européen du 19 avril 2023 interdit la vente de véhicules à moteur thermique neufs à partir de 2035. L’objectif est d’inciter les constructeurs à augmenter leur offre de véhicules électriques, afin de diminuer l’impact carbone du transport routier.
Les véhicules concernés par cette interdiction sont les voitures et les camionnettes roulant, totalement ou partiellement, à l’essence ou au diesel, des carburants émetteurs de gaz à effets de serre – ce qui inclut donc les motorisations hybrides.
C’est pour dire au final que la Tunisie qui accuse un retard fou en matière d’assemblage de véhicules roulants, en comparaison avec le Maroc et l’Algérie, va trouver dans cette opportunité que lui propose le groupe BYD le moyen de se rattraper avec en plus la qualité en ce sens où les véhicules assemblés par le groupe chinois seront des véhicules amis de la nature.