TUNIS – UNIVERSNEWS – La violence est un phénomène qui prend de l’ampleur d’année en année dans les établissements scolaires. Des insultes, des menaces et parfois même des coups. Le monde enseignant doit faire face à un regain de comportements violents dans les établissements scolaires,
Une enseignante a été agressée par une parente d’élève à l’école primaire Sidi Fraj à Béja. Elle a été transférée à l’hôpital régional de Béja pour recevoir les soins nécessaires. Ce phénomène n’est pas nouveau. Une enseignante avait été violemment agressée par trois mères d’élèves à l’intérieur d’une école, le jeudi 22 septembre 2022, lorsqu’elle avait demandé aux parents de ne pas prononcer des « propos malsains » à haute voix devant les élèves, ce qui aurait mis en colère les trois femmes.
Un fléau qui menace nos écoles
Dans un communiqué, le syndicat de l’enseignement de base a condamné cet acte inadmissible et a décidé d’arrêter les cours. Il est vrai que l’environnement où vit l’élève a un impact sur son comportement. Le plus inquiétant est que, d’une part, cette forme de violence, autrefois restreinte à quelques établissements réputés difficiles, tend à s’étendre et à faire tâche d’huile et que, d’autre part, elle concerne essentiellement les élèves mais aussi les parents. Les insultes et les menaces envers les enseignants…voilà des années que ça dure. Toutes ces violences sont la résultante des tensions institutionnelles propres à la société qui viennent se déverser au sein de l’école. Elles sont considérées comme un symptôme de «mal-être» social et culturel.
Nombreux sont ceux qui s’interrogent sur les causes de cette défiance. Parmi les raisons invoquées, la responsabilité des parents est souvent mise en cause. «Ils ont tendance à écouter les enfants et non les enseignants», regrette ainsi Neïla, institutrice qui ajoute: «Autrefois, les parents grondaient leurs enfants, lorsqu’ils ne travaillaient pas correctement en classe. Aujourd’hui, on s’en prend au prof.». «Maintenant, si les enfants ont un zéro, c’est la faute de l’enseignant et lorsque les parents ne respectent plus les enseignants, il n’y aucune raison que les enfants le fassent».
Une étude montre que les rapports entre parents et corps enseignant se tendent. Les professeurs et les directeurs sont de plus en plus méfiants face à l’augmentation des agressions. Ce qui explique cette cassure entre l’école et les parents. « Le parent estime qu’il a droit à un certain service, et s’il n’est pas rendu, il manifeste sa réprobation», déclare Nadia institutrice.
Pour un plan antiviolence scolaire
Face à cette situation, la lutte contre la violence scolaire doit être une priorité. D’une part parce l’Education nationale a une obligation légale de préserver l’intégrité physique et morale de son personnel et des enfants qui lui sont confiés. D’autre part, parce que la violence scolaire, en détériorant le climat à l’intérieur des établissements, a un impact non négligeable sur les performances scolaires des élèves
Les parents et les enseignants se renvoient la balle. Entre les deux, un système d’éducation qui n’a pas seulement besoin de restructuration mais d’une profonde mutation. Faut-il repenser le rapport parents-enseignants, et amener les parents à réinvestir l’école et surtout établir un meilleur contact avec les parents les plus éloignés du système scolaire en les impliquant dans la vie de l’école
Pour lutter contre ce problème quotidien, il faut réconcilier les parents avec l’école, et les enseignants avec les parents. Héla institutrice avance trois axes à suivre: « établir une confiance réciproque entre les deux acteurs, introduire systématiquement le dossier école/parents dans tous les projets d‘école, et construire des actions avec les parents, où ils sont acteurs ». De vraies actions, insiste-t-elle, pas une réunion symbolique ».
Mohamed SELIM