Entre coût de production et pouvoir d’achat du citoyen, les prix s’envolent vers des sommets vertigineux, alors que pouvoirs publics et professionnels se jettent la balle, et chacun présente ses arguments, sans tenir compte de ceux de l’autre partie. Mais, en fin de compte, c’est le citoyen qui casque. Une plainte a été déposée par le ministère du Commerce et du Développement des exportations, auprès du Conseil de la Concurrence, contre les parties impliquées dans les augmentations excessives et simultanées, vers la fin du mois de Ramadan, des prix du poulet et de l’escalope de dinde « ayant atteint des niveaux qui ne reflètent en rien la réalité de l’approvisionnement et des prix et ne prennent pas en considération le pouvoir d’achat du citoyen », a fait savoir, vendredi, le ministère.
Le département du Commerce a précisé que la plainte a été déposée conformément à l’article 5 de la Loi n° 2015-36 du 15 septembre 2015, relative à la réorganisation de la concurrence et des prix, qui interdit les actions concertées, les cartels et les ententes expresses ou tacites ayant un objet ou un effet anticoncurrentiel.
Autre son de cloche, l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP) a dénoncé fortement, vendredi, « l’augmentation record » de 23% des prix des aliments composés pour bétail à 300 dinars la tonne, estimant qu’il s’agit «d’un coup fatal» pour les éleveurs dans toutes les filières de production animale (viandes rouges, volailles, œufs, lait).
L’Union a fait part de son opposition à cette augmentation au cas où elle ne serait pas accompagnée d’une intervention immédiate du gouvernement pour soutenir les agriculteurs contre le risque de faillite. Il s’agit de combler le grand écart entre les coûts de production et les prix de vente notamment pour la filière laitière dont le coût de production s’élève à 1855 millimes/litre alors que l’agriculteur est appelé à vendre le litre à 1140 millimes, soit une perte de 715 millimes sur chaque litre.
L’UTAP a tenu à expliquer qu’il n’est plus possible de parler de protection du pouvoir d’achat des citoyens indépendamment de la protection des filières de production animale étant donné que l’incapacité des agriculteurs à poursuivre la production entraînera automatiquement une détérioration du pouvoir d’achat du peuple.