Par Tawfik BOURGOU
- Il y a une sorte de permissivité européenne et américaine vis-à-vis des Etats et des populations subsahariennes quand le principal des rodomontades et des menaces n’atteignent que deux Etats d’Afrique du Nord
- Il est paradoxal de remarquer que les acteurs qui ont participé à l’effacement de la Tunisie viennent la tancer au nom des droits de l’Homme et de la démocratie
- L’Europe paye aujourd’hui très lourdement son consentement au plan Obama-Clinton dont elle a «paraphé» les étapes lors de la funeste réunion de Paris de février 2011
- Par faiblesse, par flagornerie devant l’administration Obama, l’Europe a participé, bêtement, à la destruction des deux pays remparts de l’Afrique du Nord
- Les Etats-Unis qui ont gommé définitivement les Etats européens d’Afrique du Nord, s’apprêtent à faire fermer le chapitre français en Afrique subsaharienne.
- Les pays de l’UE payeront encore lourdement, les conséquences des ingérences des nouveaux maitres de l’Afrique (Etats-Unis, de la Chine et de la Russie)
TUNIS – UNIVERSNEWS – Ces dernières soixante-douze heures, Lampedusa a été prise d’assaut par des vagues d’immigrés clandestins très majoritairement subsahariens, pour ne pas dire quasi-exclusivement venant de l’Afrique subsaharienne. La situation en Libye suite à la catastrophe climatique est venue s’additionner à un chaos politique de douze années et a accéléré les départs vers l’Italie depuis les côtes libyennes.
Très loin de là, les autorités de la ville de New York font face à une vague migratoire venant de l’Afrique subsaharienne par détournement des procédures de l’asile. Ni l’Europe, ni les Etats-Unis ne mettent les Etats émetteurs de vagues migratoires massives face à leurs responsabilités. Il y a une sorte de permissivité européenne et américaine vis-à-vis des Etats et des populations subsahariennes quand le principal des rodomontades et des menaces n’atteignent que deux Etats d’Afrique du Nord pourtant démolis – le mot est faible – il y a douze ans par une ingérence euro-américaine sous prétexte de démocratisation.
Les vagues migratoires massives que subissent les pays européens, comme ce que la Tunisie est en train de subir sont la conséquence des ingérences sous de fallacieux prétextes qui ont conduit à des échecs définitifs et à des catastrophes sociales et politiques.
Pourtant, certains dont des députés européens, feignent de ne pas comprendre que la parenthèse démocratique dans les pays dits du printemps et finie, qu’elle se termine dans la pauvreté, le chaos, l’autoritarisme et la fragmentation des pays dans la rive sud et elle se termine par des vagues migratoires massives et dans les tensions interethniques dans la rive nord.
Il n’y plus guère qu’une députée européenne française du groupe parlementaire Renew qui ne voit pas l’évidence. Peut-on lui tenir rigueur de sa naïveté et de son ignorance ?
Il est paradoxal de remarquer que les mêmes acteurs qui ont participé à l’effacement de la Tunisie viennent aujourd’hui la tancer au nom des droits de l’Homme et de la démocratie le pays dont ont-ils ont démoli les capacités de contrôle des frontières. Mais en même temps, l’intérêt pour le gaz algérien rend les Etats de l’Union Européenne dociles face à l’Algérie qui déverse chaque jour par cars entiers des milliers de subsahariens sur les frontières de la Tunisie pour démolir le peu qui reste de l’Etat tunisien.
Sans les ingérences de 2011, les vagues migratoires actuelles qui menacent les équilibres internes des pays de l’Union Européennes n’auraient jamais eu lieu. L’Europe paye aujourd’hui très lourdement son consentement au plan Obama-Clinton dont elle a « paraphé » les étapes lors de la funeste réunion de Paris de février 2011.
La Tunisie a été démolie économiquement, politiquement et sécuritairement par l’islam politique érigé en partenaire par les Européens et les Américains. La destruction de la Libye est l’autre conséquence tragique d’un plan tracé par un aventurier et avalisé par les trois pays qui ont mené une guerre dans ce pays avant de le livrer aux milices formées par d’anciens d’Al Qaïda.
Ce simple rappel des faits donne aujourd’hui un autre relief à ce qui est vécu entre Sfax en Tunisie et Lampedusa en Italie.
Pourtant, en 2011 les pays européens, dont la France, avaient à travers l’expérience de l’invasion meurtrière de l’Irak, un exemple illustratif et dramatique de ce à quoi aboutissent les ingérences américaines. Par faiblesse, par flagornerie devant l’administration Obama parée des vertus d’un prix Nobel de la paix, l’Europe a participé directement et indirectement, bêtement, à la destruction des deux pays remparts de l’Afrique du Nord.
L’Union Européenne a organisé son propre suicide en s’inscrivant dans les ingérences multiples en adoubant par intérêt l’islam politique, en s’inscrivant dans le sillage des politiques washingtoniennes en Afrique du Nord.
Pire encore, pendant que l’Europe se fait balayer de l’Afrique subsaharienne, les Etats-Unis reprennent leurs activités militaires au Niger. Les Etats-Unis ont gommé définitivement les Etats européens d’Afrique du Nord, s’apprêtent à faire fermer le chapitre français en Afrique subsaharienne.
Le paradoxe veut que même balayés du continent africain, les pays de l’Union Européenne payeront encore lourdement, les conséquences des ingérences des nouveaux maitres de l’Afrique (Etats-Unis, de la Chine et de la Russie).
L’effondrement inéluctable des Etats africains, dont ceux d’Afrique du Nord, suit à ces nouvelles ingérences, va occasionner de nouvelles vagues migratoires qui vont mettre encore plus en péril les équilibres sociaux et politiques en Tunisie, en Libye et en Europe même.
T.B.
Politologue