
- La Banque traîne un passif lourd –notamment l’affaire BEN ROMDHANE– qui menace sa stabilité et son image
- La BH Bank prête moins et peine à jouer son rôle moteur dans le financement de l’économie.
- Une dépendance accrue à une épargne plus coûteuse traduisant la perte de confiance d’une partie de la clientèle
- La BH Bank pourra-t-elle restaurer la confiance sans une refonte profonde de sa gouvernance et de ses pratiques de gestion du risque ?
Tunis, UNIVERSNEWS (SEF) – Les comptes publiés par la BH Bank au 30 juin 2025 confirment une tendance préoccupante : la banque souffre d’une érosion marquée de sa rentabilité, d’une qualité d’actifs dégradée et d’un environnement réglementaire défavorable.
Une croissance d’actifs sans véritable dynamisme
Les actifs atteignent 15 022 MDT, en hausse modeste par rapport à 14 414 MDT en juin 2024. Mais derrière cette progression comptable se cache une réalité moins reluisante : les créances sur la clientèle reculent de 10 820 MDT à 10 292 MDT en un an. Autrement dit, la BH Bank prête moins et peine à jouer son rôle moteur dans le financement de l’économie.

Dépôts en hausse, mais fragiles
Les dépôts de la clientèle progressent à 9 461 MDT contre 9 274 MDT un an plus tôt. Cependant, cette évolution masque un déséquilibre inquiétant : les dépôts à vue – traditionnellement stables – se contractent fortement, remplacés par des dépôts à terme et bons rémunérés. Cette dépendance accrue à une épargne plus coûteuse traduit la perte de confiance d’une partie de la clientèle.

Le PNB chute, les marges sous pression
Le produit net bancaire tombe à 343 MDT au premier semestre 2025, contre 363 MDT un an auparavant. Les causes sont multiples :
- Une pression réglementaire liée à l’application de la loi 41/2024 plafonnant certains taux d’intérêt,
- Des gains financiers en forte baisse,
- Et surtout, une structure de revenus trop dépendante des marges d’intérêt.
La BH Bank montre ainsi ses limites en matière de diversification de ses revenus.

Résultat net en forte dégringolade
Le résultat net s’établit à 54 MDT, contre 78 MDT en juin 2024. Cette baisse de près de 30 % résulte en grande partie de la hausse des provisions pour créances douteuses, qui dépassent désormais 1,8 milliard de dinars.
Mais l’ombre la plus lourde reste l’affaire BEN ROMDHANE, révélée fin 2024, qui a fait perdre près de 450 MDT à la banque. Cette opération mal maîtrisée, toujours entourée d’incertitudes judiciaires et prudentielles, continue de peser sur la confiance des investisseurs et sur les perspectives de la BH Bank.

Une rentabilité compromise et un risque réputationnel majeur
Avec un résultat par action réduit à 1,14 dinar, la BH Bank voit sa rentabilité s’éroder dangereusement. L’institution fait face à un triple défi :
- Maîtriser un portefeuille de créances fragilisé par une hausse inquiétante des contentieux,
- Surmonter l’impact durable de l’affaire BEN ROMDHANE, qui entame sa crédibilité,
- Et retrouver une capacité réelle de financement de l’économie dans un contexte de forte concurrence bancaire.
Conclusion :
Les chiffres au 30 juin 2025 envoient un signal d’alerte. Derrière une façade d’actifs en progression et de dépôts en hausse, la BH Bank accumule des faiblesses structurelles et traîne un passif lourd –notamment l’affaire BEN ROMDHANE– qui menace sa stabilité et son image. La question qui se pose désormais est claire : la BH Bank pourra-t-elle restaurer la confiance sans une refonte profonde de sa gouvernance et de ses pratiques de gestion du risque ?