Dans les coulisses des banques publiques: Une peur… généralisée ??!!!

Tunis, UNIVERSNEWS (Finances) – Dans les coulisses des banques publiques tunisiennes, un malaise grandissant s’installe. Plus qu’un simple retard dans les décisions, c’est une véritable paralysie de l’action qui gagne du terrain.
La raison ? Une peur généralisée de la responsabilité pénale qui freine cadres et dirigeants, désormais réticents à signer, à valider, à s’engager. Dans un pays où les poursuites contre d’anciens gestionnaires se sont multipliées ces dernières années, la méfiance devient la règle, et la décision… l’exception !

Des décisions au compte-gouttes
Autrefois considérées comme des institutions solides au service de l’investissement, les banques publiques peinent aujourd’hui à jouer pleinement leur rôle de moteur économique.
Les comités de crédit hésitent, les arbitrages stratégiques sont reportés, les initiatives de transformation numérique ou de développement de nouveaux produits sont ralentis.
Personne ne veut se retrouver demain devant un juge pour une décision prise dans un contexte économique complexe. « La frontière entre la faute de gestion et la mauvaise foi est devenue floue. »

L’ombre des anciennes affaires
Cette peur a été ravivée par les scandales récents qui ont ébranlé la confiance dans le système bancaire public, notamment l’affaire Ben Romdhane, révélant une perte potentielle de 450 millions de dinars à la BH Bank.
Ce dossier retentissant a ravivé la suspicion des autorités envers la gouvernance des banques publiques et déclenché plusieurs poursuites judiciaires.
Depuis, les cadres dirigeants vivent dans la crainte permanente de voir chaque décision financière interprétée sous un prisme pénal, même lorsqu’elle est prise en toute bonne foi.Les poursuites judiciaires engagées contre d’anciens PDG ou hauts responsables de banques publiques, parfois plusieurs années après les faits, ont instauré un climat d’incertitude juridique et personnelle. Même les décisions conformes à la réglementation peuvent être remises en cause a posteriori, si les résultats s’avèrent négatifs.
Ce climat a un coût : celui de l’inaction. Des projets structurants pour les PME ou les jeunes entrepreneurs restent bloqués. Des lignes de financement ouvertes avec des bailleurs de fonds étrangers tardent à être déployées. Et dans les équipes, le moral fléchit.

Un métier entravé
Le métier bancaire repose sur la capacité à analyser, décider, prendre des risques mesurés. Mais dans l’environnement actuel, le risque juridique prime sur le risque économique. Cette situation nuit à la dynamique du secteur public bancaire, pourtant appelé à jouer un rôle central dans la relance et le financement de l’économie nationale.
La peur devient un facteur de gestion, une aberration dans un métier qui exige confiance, réactivité et initiative.

Restaurer la confiance, d’urgence
Pour sortir de cette impasse, plusieurs leviers doivent être activés :
• Clarifier les responsabilités des dirigeants et cadres bancaires, et mieux distinguer entre erreur de gestion et faute pénale ;
• Garantir une protection institutionnelle aux décideurs de bonne foi, à travers des mécanismes juridiques ou assurantiels ;
• Réaffirmer la mission des banques publiques : être au service du financement de l’économie, dans un cadre clair mais sans excès de suspicion ;
• Accompagner les organes de contrôle pour renforcer la transparence, sans créer une atmosphère de suspicion permanente.

Un rôle à défendre
Les banques publiques tunisiennes ont un rôle stratégique : financer les secteurs productifs, accompagner les régions, soutenir l’investissement. Mais ce rôle ne peut être rempli si la peur de la sanction pénale devient un frein à toute prise d’initiative.
« Il ne s’agit pas de couvrir les fautes, mais de libérer l’action responsable. »
Restaurer la confiance dans la décision bancaire publique est un impératif pour l’avenir économique du pays.
Sans cela, la prudence excessive continuera de se transformer en inertie, et les pertes invisibles seront, elles, bien réelles. (Rédaction)

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