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La grande priorité aujourd’hui est économique et sociale
Le World Économic Outlook du Fonds monétaire international ( FMI) pour l’année 2022 est tombé hier. Pour la Tunisie, il est tombé tel un couperet. Y est dressé un tableau encore plus sombre que celui d’une année dernière. La Tunisie marche à reculons. A la fin de l’année en cours, un taux de croissance de 2,2% ( 3,1% en 2021),une inflation qui passe de 5,5 à 7,7% et un déficit commercial de – 6,2 % à – 10,1%.
Encore bien plus préoccupant est le fait que pour la Tunisie, le dit rapport du FMI passe sous silence les projections pour 2023-2027. « En raison de discussions techniques en cours dans l’attente de négociations potentielles sur le programme », lit-on dans ce rapport.
Nous devons donc, côté tunisien, savoir se suffire des prévisions du Fond à la fin 2022. Avons-nous du reste d’autre choix que de faire contre mauvaise fortune bon cœur ?! Après tout, en faisant l’impasse , pour la Tunisie, sur les projections 2023-27, le FMI dans son immense clémence cherchait peut-être à nous ménager, à nous épargner une crise d’angoisse. Si c’est le cas autant d’emblée dire qu’il fait un peu fausse route,qu’il méconnaît notre véritable nature qui fait que plus c’est sombre, plus notre déni de la réalité, notre entêtement et notre fuite en avant sont grands et , le comble, irresponsablement « assumés ».
Quand on est débordé de par tout, quand on est au fond du trou, il est plus facile de creuser encore que de tenter de remonter à la surface. Deux puissants leviers ont été à cet égard activés tout au long des sombres dix dernières années : la politique de l’autruche- tout va dans le meilleur du monde- ; et la politisation à outrance de la gestion des affaires du pays, au détriment de l’économie et des véritables choix majeurs , économiques et sociaux, qui engagent l’avenir du pays. Ces mêmes leviers sont toujours et encore activés.
Faux débats, faux problèmes
Nous avons trop et pendant longtemps laisser filer l’économie. Nous avons préféré discuter du sexe des anges. Encore aujourd’hui, l’économie est la grande absente des débats publics. Elle est le parent pauvre de la politique, des politiques du pays. Nous préférons s’attarder sur des sujets à polémiques, des sujets à sensation, des sujets d’un autre âge.
Le 25 juillet 2021, nous nous attendions à un sursaut, à un salutaire éveil des consciences, à un retour à la Raison dans la gestion des affaires du pays. Pour un pays en pleine dérive économique et financière, il était attendu une réelle prise en mains, l’audace de décréter l’état d’urgence économique. Au lieu de cela, les considérations d’ordre politique, institutionnel et constitutionnel étaient redevenus une obsession, la priorité des priorités. Pis, nous sommes entrain de baliser pour une nouvelle orthodoxie religieuse, une nouvelle religiosité. Au-delà du trait foncièrement pernicieux d’un tel projet « de société », est- ce vraiment aujourd’hui la priorité si un tant soit peu l’on reconnaisse une quelconque pertinence à un tel projet, puissamment porteur de divisions et de déchirures ? Quand le pays sera déclaré en faillite, la réaction de la rue, à bout de nerfs, sera à n’en pas douter , à la mesure de la grande patience et de la résilience dont elle fait jusque-là preuve. Si nous nous permettons de forcer ainsi délibérément les traits, c’est dans l’espoir de voir nos gouvernants se ressaisir et focaliser toute l’attention sur l’essentiel tant qu’il est encore temps.
Univers News