
Lotfi Riahi à Universnews: «La hausse des prix est artificielle et va encore durer»
- Disparition progressive de la classe moyenne dont le pouvoir d’achat se trouve en permanence menacé
- Le consommateur qui paye lourdement la facture de la marge arrière, avec des hausses qui pourraient atteindre 35% du prix du produit
- Réfléchir à un nouveau système et à un mécanisme de contrôle des circuits de distribution
- Promulguer des lois contre les lobbies et les spéculateurs qui contribuent très souvent à l’instabilité des marchés
TUNIS – UNIVERSNEWS – Lotfi Riahi, le président Fondateur de l’Organisation Tunisienne pour Informer le Consommateur » OTIC » a déclaré, faisant allusion à la dernière décision du ministère du Commerce portant sur la fixation d’une marge bénéficiaire maximale unifiée de 15% pour la vente au détail des fruits, que la hausse généralisée et durable des prix des biens et des produits de consommation qui s’observe depuis plusieurs mois en Tunisie va encore durer. « Aucune décision ne sera efficace tant que l’Etat n’agit pas efficacement sur les réseaux de distribution ou l’ensemble des acteurs distributeurs permettant d’acheminer les produits ou services du producteur au consommateur par le biais d’intermédiaires », a-t-il affirmé.
Dans son entretien, jeudi 7 septembre 2023 avec Universnews, Lotfi Riahi a fait remarquer que cette hausse est parfois « artificielle » et n’a aucune raison dans la plupart des cas. Et de préciser que le ministère du Commerce intervient seulement au niveau du consommateur du gros alors qu’avant cette phase il y en a le producteur et les hypermarchés.
Supprimer la marge arrière
Et là, Lotfi Riahi a appelé à déterminer la marge bénéficiaire maximale et à supprimer la marge arrière qui se fait surtout dans l’univers de la grande distribution entre les grandes enseignes et leurs fournisseurs et dont le taux pourrait atteindre 35% du prix d’achat des produit. Selon lui, la marge arrière est la cause principale derrière la hausse vertigineuse des coûts des produits en Tunisie, dans la mesure où toute augmentation sera automatiquement suivie par les commerçants de gros et de détail, selon ses dires.
Il a en outre indiqué que la marge arrière qui est en une rémunération payée par les fournisseurs en contrepartie d’une promotion spéciale de leurs produits dans les hypermarchés, est supportée par le consommateur tunisien qui devient le maillon faible de toute crise dans le pays. « Les grandes surfaces signent cette marge arrière avec leurs fournisseurs mais ils ne la payent pas. C’est le consommateur qui payera lourdement la facture avec des hausses qui pourraient atteindre 35% du prix du produit », a-t-il expliqué.
Poursuivant ses idées, Lotfi Riahi a estimé que nous sommes actuellement dans un marché libre dans lequel les prix des biens et des services sont déterminés par l’interaction des fournisseurs et des distributeurs, un principe qui ne pourrait pas être appliqué que lorsqu’il ya une transparence dans l’offre et la demande, ce qui n’est pas le cas du marché tunisien aujourd’hui et cela entraîne souvent une augmentation injustifiée des prix dans tous les secteurs.
Dégradation du pouvoir d’achat des Tunisiens
Il a mis en garde contre la dégradation du pouvoir d’achat des Tunisiens suite à la forte hausse des prix de tous les produits de consommation qui entraine très souvent une détérioration des conditions de vie des ménages, qui se manifeste par une disparition progressive de la classe moyenne, dont le pouvoir d’achat se trouve en permanence menacé, d’un côté, par des poussées inflationnistes, et de l’autre par une pression fiscale excessive qui s’exerce sur eux.
Interrogé sur les solutions, Lotfi Riahi a appelé à la numérisation des circuits de distribution afin de protéger les consommateurs contre les pratiques spéculatives, de réduire le nombre d’intermédiaires et d’assurer une meilleure gestion de tous les circuits.
Il a également appelé à réfléchir à un nouveau système et à un mécanisme de contrôle des circuits de distribution et de promulguer des lois qui ne profitent qu’aux lobbies et aux spéculateurs qui contribuent très souvent à l’instabilité des marchés et à des crises graves comme la crise actuelle des prix.
B.B.R.