Tunis – UNIVERSNEWS (Environnement) – Le lac de Bizerte est soumis, depuis des années, à un ensemble de nuisances occasionnées par des rejets hydriques provenant des zones urbaines et industrielles. Résultat, ce lac est envahi par des centaines de milliers de poissons morts comme en témoignent ces milliers de crustacés morts envahissant actuellement les points d’eau à Zarzouna, Bizerte, Sidi Abderrahmane et Menzel Bourguiba.
Les observateurs n’ont pas tardé à expliquer cette mortalité soudaine. En cause, la baisse soudaine de la teneur en oxygène. Cette chute, selon certains experts, serait due à la prolifération d’algues dans l’eau qui filtrent les molécules d’oxygène. L’oxygène est vital pour les poissons, car ils le respirent à travers leurs branchies. Un manque d’oxygène dissous dans l’eau peut survenir en raison de la surpopulation de poissons, de la décomposition des matières organiques ou de la stratification thermique, où des couches d’eau de températures différentes ne se mélangent pas correctement.
«En profondeur on a une privation en oxygène parce que la décomposition de la matière organique consomme de l’oxygène. Vers trois mètres de profondeur, on a des eaux dépourvues d’oxygène et à la surface nous avons de l’eau qui a de l’oxygène. Il suffit qu’il y ait mélange pour avoir une forte dilution de l’oxygène et cela peut provoquer des mortalités», argumente, Mohamed, un vieux pêcheur.
La pollution a affecté le lac de Bizerte. Depuis les années 60, l’activité industrielle s’est intensifiée autour du bassin versant, notamment dans le secteur des industries lourdes. L’activité portuaire et commerciale y sont très développées et le secteur agricole, dynamique. Autant de facteurs synonymes d’emplois pour la région, mais aussi de nuisances pour l’environnement. Les substances chimiques provenant des produits chimiques industriels et des eaux usées peuvent polluer l’eau de l’étang. «Certains éleveurs, explique un pêcheur de Menzel Abderrahmane déversent un tas de déchets directement dans l’eau, comme leurs filets en plastique. Une fois qu’ils n’en ont plus besoin, ils les coupent et les jettent sans plus de précaution. Des niveaux élevés de toxines peuvent intoxiquer les poissons, affaiblissant leur système immunitaire et entraînant leur mort. L’excès de nutriments dans l’eau peut favoriser la croissance excessive d’algues, créant des zones pauvres en oxygène pendant la nuit lorsque les algues respirent».
Des craintes pour la santé des habitants
Les poissons sont vulnérables à diverses maladies et infections, qui peuvent se propager rapidement dans des conditions propices. Lorsque ces problèmes ne sont pas traités en temps voulu, ils peuvent déclencher des épidémies entraînant la mort de nombreux poissons. Les poissons sont sensibles aux fluctuations soudaines des conditions de l’eau. Des changements drastiques de température, un pH incorrect, une turbidité élevée ou des niveaux élevés de minéraux peuvent stresser les poissons et les rendre plus vulnérables aux maladies.
Les poissons jouent un rôle crucial dans la chaîne alimentaire en tant que prédateurs et proies. Leur disparition peut perturber l’équilibre alimentaire, conduisant à des surpopulations d’autres espèces ou à la diminution des ressources alimentaires pour les prédateurs. De plus, la décomposition des poissons morts peut libérer des nutriments supplémentaires dans l’eau, contribuant à la prolifération d’algues et à la détérioration de la qualité de l’eau. Pour étudier ce phénomène, une équipe technique et administrative composée des membres des services du gouvernorat, ceux de la délégation et de la municipalité de Zarzouna ainsi que des équipes relevant des directions et des services régionaux de la Garde maritime, de la Santé, de l’Agriculture et de l’Environnement et de l’Institut national des sciences et des technologies de la mer et d’un nombre de marins de la région se penche sur la question. En attendant les résultats des analyses en cours, les efforts se concentrent pour tenter de se débarrasser au plus vite des cadavres, qui se décomposent. (M.S)
