
- Spéculation et absence de transparence : les ingrédients d’un malaise boursier
- Le CMF hausse le ton : un signal fort pour la Bourse de Tunis… Un rappel à l’ordre en bonne et due forme
- SOTUVER : un mutisme qui interroge… et un précédent dangereux si la régulation échoue
- Un marché sain repose sur la confiance. Et la confiance, elle, commence par la vérité
- L’évolution de ce dossier servira de test grandeur nature pour la gouvernance boursière en Tunisie
TUNIS-UNIVERSNEWS- (SEF) –Le Conseil du Marché Financier (CMF) sort de sa réserve habituelle. Dans un communiqué sans équivoque, daté du 24 juin 2025, l’autorité de régulation boursière somme la société SOTUVER – l’un des poids lourds du secteur verrier – de faire la lumière sur son projet d’ouverture du capital, évoqué depuis des mois sans que le marché ne dispose d’informations claires ni vérifiables.
Un rappel à l’ordre en bonne et due forme
Dans son communiqué, le CMF informe qu’il a officiellement demandé à SOTUVER de publier un état d’avancement détaillé de l’opération en cours, en réponse au flou persistant depuis plusieurs mois. Cette démarche intervient après une période marquée par des spéculations intenses autour du titre de la société en Bourse, alimentées par des déclarations vagues et des délais non maîtrisés.
Réponse de SOTUVER : prudence maximale et détails minimaux
Dans sa réponse, SOTUVER confirme que :
- Une data room a été ouverte en mars 2025 pour permettre à un « partenaire potentiel » de mener des audits d’acquisition.
- Ces audits sont toujours en cours de finalisation.
- Des discussions sont en cours pour analyser les résultats préliminaires de ces audits.
- Les actionnaires concernés ont entamé les négociations contractuelles et administratives.
- La signature des documents est prévue pour fin septembre 2025, aucun accord n’ayant encore été signé.
En résumé : rien de concret à ce stade, mais une opération « en construction », dont les délais s’allongent sans véritable visibilité pour les investisseurs.
Spéculation et absence de transparence
Depuis l’annonce initiale du projet, le cours de l’action SOTUVER a connu des variations anormales, souvent déconnectées des fondamentaux. En l’absence de communication régulière et structurée, la confiance des investisseurs s’érode. Le risque de manipulation des cours, même indirecte, devient tangible.
Ce genre de communication à demi-mots entretient l’ambiguïté et affaiblit la crédibilité de notre marché
Quand une entreprise joue avec les attentes, les conséquences peuvent être graves.
Le CMF hausse le ton
En intervenant publiquement, le CMF envoie un message clair à toutes les sociétés cotées : la transparence ne se négocie pas. Le régulateur exige que tout projet d’importance – notamment une ouverture du capital à un investisseur stratégique – fasse l’objet d’une communication rigoureuse, précise et actualisée.
Ce rappel à l’ordre survient dans un contexte où la Bourse de Tunis tente de restaurer la confiance des petits porteurs, souvent lésés par le silence stratégique ou l’information sélective de certaines entreprises.
SOTUVER : un mutisme qui interroge
La réponse de SOTUVER, bien que techniquement conforme, reste évasive :
- Aucun nom de partenaire n’est mentionné.
- Aucun ordre de grandeur sur la valorisation de l’opération.
- Aucun calendrier ferme sur les étapes restantes.
- Aucun engagement formel n’a été conclu.
Cette posture, jugée défensive, alimente le doute plus qu’elle ne rassure. Certains observateurs parlent d’une stratégie de « gestion du flou », qui maintient la tension autour du titre tout en limitant la responsabilité juridique.
Un précédent dangereux si la régulation échoue
Si ce type de comportement n’est pas fermement encadré, c’est la crédibilité du marché tout entier qui est en jeu. La confiance des investisseurs, notamment particuliers, repose sur l’accès équitable à l’information. En l’absence de règles respectées et de sanctions éventuelles, le marché devient un terrain de jeu pour les initiés.
Une conclusion en suspens… et un test pour la gouvernance boursière
Le projet d’ouverture du capital de SOTUVER n’est pas encore abandonné, mais il est désormais encadré par la vigilance active du CMF. La balle est dans le camp de la société, qui devra choisir entre transparence assumée ou stratégie d’ombre risquée.
Dans les semaines à venir, l’évolution de ce dossier servira de test grandeur nature pour la gouvernance boursière en Tunisie. Soit SOTUVER clarifie, informe et avance avec méthode. Soit elle s’expose à une perte de confiance durable – et à une possible réaction plus ferme du régulateur. Un marché sain repose sur la confiance. Et la confiance, elle, commence par la vérité.