Tawfik BOURGOU
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Un viol des frontières qui augure le pire pour le pays. Le début d’une nouvelle occupation du pays.
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A Chebba, une ligne continue le long de la route, des jeunes hommes, tous subsahariens, repêchés en mer, aussitôt relâchés dans la nature, sans contrôle, sans prise d’empreintes sans rétention de sécurité
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La Tunisie est devenue le dépotoir, le bout de trottoir, le terminus de l’immigration subsaharienne
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Le pouvoir tunisien est tétanisé par la peur d’annoncer à sa population et au reste du monde que le seuil de tolérance a été dépassé
TUNIS – UNIVERSNEWS La réponse est non.
Ostensiblement, le ministre de l’intérieur en visite à Gafsa se fait photographier jumelles vissées au visage, fixant la frontière. Nul besoin de jumelles à visée nocturne, il suffit de se poster aux points frontaliers habituels, où à la station des bus de Kasserine, à la station de trains de Kalaâ Khasba ou beaucoup plus bas à hauteur de Tozeur pour voir le flot quotidien des entrées frauduleuses sur le territoire tunisien en viol direct des lois du pays.
Un flot quotidien, nocturne et diurne, au nez et à la barbe des forces de l’ordre.
Un viol des frontières qui augure le pire pour le pays. Le début d’une nouvelle occupation du pays. La classe politique affairée dans des à-côtés inutiles, ne perçoivent la menace.
Les journaux quotidiens rapportent des passages de l’ordre de 1000 personnes par nuit, tous des hommes, tous des subsahariens qui n’ont même pas besoin de produire un passeport, pas le moindre document. Pas de relevés ADN, pas de prise de photo, rien. Aucun pays au monde n’agit de la sorte. Une nonchalance qui frise le non-gouvernement.
A partir des points frontaliers, les colonnes de subsahariens prennent d’assaut les cars en partance vers Sfax et Tunis avec des incidents et des agressions contre les conducteurs des taxis collectifs dans une totale impunité et dans l’indifférence totale des autorités politiques qui rivalisent de sollicitudes à l’égard d’une invasion illégale.
De l’autre côté du pays, à Chebba, une ligne continue le long de la route, des jeunes hommes, tous subsahariens, repêchés en mer, aussitôt relâchés dans la nature, sans contrôle, sans prise d’empreintes sans rétention de sécurité. Même ceux qui partent de Libye sont refoulés vers la Tunisie. C’est un suicide sécuritaire et politique d’avoir consenti à devenir le dépotoir final.
Nous sommes loin des 22000 comptabilisés par les ONG étrangères qui ont pris en otage toute la Tunisie à travers l’installation forcée de populations subsahariennes en masse en Tunisie.
Depuis que l’Algérie et la Libye ont décidé de réduire le nombre de subsahariens qui stagnent dans le leurs pays (le nombre estime en Algérie est de 3,7 millions de subsahariens clandestins), la Tunisie est devenue le dépotoir, le bout de trottoir, le terminus de l’immigration subsaharienne.
Les maladresses présidentielles, l’absence totale de la première ministre et du ministre de l’intérieur, donnent l’impression que le pays a abdiqué devant ce qu’il convient de qualifier de nouvelle colonisation et d’occupation pure et simple du pays. Aucun autre terme, ni qualificatif n’est plus approprié.
Ces derniers jours, la visite du ministre tunisien des affaires étrangères en Italie laisse les spécialistes des questions diplomatiques songeurs. Sur quels sujets ont porté les discussions ? Quels résultats ? C’est un silence qui en dit long. Seule annonce : 4000 Tunisiens se formeraient pour aller grossir le contingent de la colonie tunisienne en Italie. Une annonce bien maigre au regard des défis de la frontière maritime mitoyenne. L’opacité en dit long sur le résultat.
Le pouvoir tunisien est tétanisé par la peur d’annoncer à sa population et au reste du monde que le seuil de tolérance a été dépassé.
Otage du gaz algérien, otage d’accords de libre-circulation signés par Marzouki et Chahed, otage de son laxisme vis-à-vis de la mafia tunisienne de l’immigration clandestine, le pays s’est englué dans des fautes stratégiques que la population et les générations futures paieront très cher. Asphyxié économiquement la Tunisie peut à tout moment basculer dans des troubles plus graves qui combineraient émeutes de la faim et troubles interethniques et religieux. Le pays n’est plus homogène comme il l’avait toujours été.
Pire encore, en pleine vague migratoire massive et qui va monter en puissance dans les semaines qui viennent, le PDG de Tunisair annonce, en dépit du bon sens que la compagnie compte ouvrir deux lignes, une depuis le Soudan, l’autre depuis le Cameroun. A croire que ce monsieur ne connaît même pas les rudiments de la géopolitique.
Au lieu d’imposer sa volonté d’inverser les flux, d’expulser massivement les clandestins subsahariens comme l’ont fait les pays africains eux-mêmes, la Tunisie est entrée dans la contrition s’excusant presque d’être un pays aux racines berbères sans continuité ni historique, ni politique avec le sud du Sahara.
La Tunisie se doit de repenser son action en mer. Elle doit tenir ses frontières et agir uniquement pour les flux qui tentent de partir de son sol et ne plus être le lieu de débarquement des flux de migrants partant de Libye. Elle doit disposer d’avant-postes, à Djerba et à Kerkennah, pour interdire ses eaux à tout navire en lien avec les flux migratoires
On l’a dit à maintes reprises ici sans la fermeture des frontières terrestres, sauf pour les nationaux mitoyens, sans la mise en place d’un visa dont la demande doit se faire dans les pays de départ avec un regroupement par hub (une ambassade ressource pour une région entière), sans un renversement des flux et une pratique de l’expulsion et de la rétention en zone de rétention administrative, le pays disparaîtra à court terme.
Le premier devoir d’un président c’est de défendre le pays en fermant les frontières terrestres face à une vague qui va monter encore plus avec la fragmentation du Soudan et la balkanisation déjà entamée de la Libye.
Arrêter Ghannouchi est salutaire, lutter contre la nouvelle colonisation de la Tunisie est devenu impérieux.
T.B.
Politologue