
Tunis, UNIVERSNEWS (MONDE) – L’idylle entre le président des États-Unis et l’homme le plus riche du monde a explosé jeudi.C’est le point d’orgue d’un désaccord majeur sur le projet de budget qui augmenterait un déficit déjà record. La querelle couvait depuis fin mai entre Elon Musk et Donald Trump. Elle a éclaté au grand jour jeudi, après plus d’une semaine de critiques acerbes formulées par l’homme le plus riche du monde contre la «grande et belle loi» du président des États-Unis : sa loi budgétaire, récemment adoptée par la chambre des représentants. En pleine réunion avec le chancelier allemand Friedrich Merz, Donald Trump a acté la rupture : «Elon et moi avions une excellente relation. Je ne sais pas si ce sera encore le cas […]. Elon connaissait le contenu de cette loi mieux que quasi-tout le monde ici. Tout d’un coup, il a un problème », a-t-il répondu aux journalistes qui l’interrogeaient sur les propos de son ancien conseiller. Deux jours plus tôt, Elon Musk avait qualifié d’«abomination répugnante» son grand projet de loi budgétaire, une déclaration tonitruante qui faisait suite à celle, plus explicative, donnée sur la chaîne CBS : «J’ai été déçu de voir ce projet de loi de dépenses massives qui augmente le déficit budgétaire. » La parole du milliardaire a-t-elle été libérée par la fin de sa mission à la tête du Département pour l’efficacité gouvernementale (Doge) ? Après avoir quitté ce dispositif vendredi, au bout de 130 jours comme prévu, il a regretté que le projet de budget «sape le travail fait par l’équipe du Doge », créé dans le but de réduire les dépenses de l’État. La déclaration de Donald Trump aux journalistes, jeudi, a enclenché une escalade verbale entre deux hommes surpuissants. L’échange d’attaques a dopé les réseaux sociaux pendant quatre heures, entre midi et 16h (aux États-Unis). «Sans moi, Trump aurait perdu l’élection, quelle ingratitude », réagit d’abord Elon Musk. Puis un autre message, suggérant de «créer un nouveau parti en Amérique». Riposte de Donald Trump qui menace d’annuler «les subventions et contrats gouvernementaux» du patron de SpaceX et Tesla. Elon Musk sort alors l’artillerie lourde : sans apporter de preuves, il affirme que «Trump est dans les dossiers Epstein », le financier a accusé d’exploitation sexuelle, mort dans sa cellule en 2019. Puis qu’il va «mettre hors service» son vaisseau spatial Dragon, utilisé par la Nasa. Ce clash grand-guignolesque ne suffit pas, cependant, à faire oublier le problème majeur qui en est à l’origine : le déficit budgétaire de l’État fédéral qui creuse un endettement déjà abyssal de plus de 34000 milliards de dollars (29800 milliards d’euros). Le projet de budget, en cours d’adoption au Congrès, met en application les promesses de campagne les plus importantes de Donald Trump. Il comporte l’extension des gigantesques baisses d’impôts datant de son premier mandat. Selon plusieurs analystes financiers, les prolonger pourrait accroître encore l’endettement de 2000 milliards à 4000 milliards de dollars en dix ans. Le tableau fait mauvais genre pour une administration qui a fait de la maîtrise des dépenses fédérales un véritable totem. Cela ne décourage en rien la détermination de Donald Trump qui continue d’agir fiévreusement pour que son budget soit adopté avant la fin de l’année. «Son destin et celui de son parti sont inextricablement liés à cette méga loi », écrit le média Semafor. Et se retrouvent entre les mains d’un sénat à courte majorité républicaine.