TUNIS – UNIVERSNEWS (NAT) – Le bigaradier cultive le paradoxe. Alors qu’il donne des oranges amères, ses fleurs, d’un blanc très pur, possèdent un parfum délicat et sensuel à la fois. Au Cap Bon, l’eau de fleurs d’oranger est le symbole des festivités, aromatisant les pâtisseries, parfumant les ambiances et les gens.
La campagne de la fleur d’oranger bat son plein. Au milieu des champs de bigaradier, hommes, femmes et enfants s’adonnent à la cueillette. La tradition remonte à plus de 150 ans. Ici, les fleurs blanches du bigaradier sont cueillies à la main avec patience et précision. Chaque visiteur de Nabeul redécouvre ce patrimoine qui a contribué à façonner l’identité locale, mais que les temps modernes risquent de jeter dans l’oubli.
Cette fleur d’oranger est le symbole de la ville. A Nabeul, on est fier de son orange, de ses citrons, de ses clémentines, mais aussi de ses fleurs d’oranger plus connues sous le nom de «Z’har» ou «Bigarade» qui vient du provençal bigarrado (orange aigre). Il suffit de se rendre dans les vergers, pour se rendre compte de l’importance de cette fleur dans la cité des jasmins. Ainsi chaque année, Nabeul dévoile ses trésors et avec la Fête du Z’har, la ville souhaite apporter une couleur locale et soutenir cette fleur qui est le symbole de toute une ville, de ses habitants, de ses métiers et de ses vergers, avec une culture, des savoir-faire et des traditions ancestrales.
Au pays des mille et une senteurs
Le mois de mars est une occasion pour les Nabeuliens de célébrer ce patrimoine qui se perpétue de générations en générations mais qui est, aujourd’hui, fortement menacé par le tourisme de masse, l’urbanisation galopante, la spéculation foncière, le manque d’eau et l’absence de sensibilisation des citoyens . Le printemps est synonyme d’abondance, de fraîcheur et de légèreté. Aucune fleur ne symbolise la fraîcheur de la région mieux que la fleur d’oranger. Ses fleurs blanches et parfumées éclosent sur les orangers. Et il est temps de commencer la cueillette. La pérennisation de cette tradition est un pari que les Nabeuliens œuvrent inlassablement à relever, ajoutant que le processus de distillation est une opération de longue haleine entreprise par les mères et les grands-mères dans diverses maisons de Nabeul dès le début du printemps.
Les cités de Bir Chellouf, Sidi Achour et Souk El Felfel se mettent aux couleurs du Z’har pour un mois de récoltes, de réjouissances et de labeur. Les familles nabeuliennes passent des moments agréables autour de l’alambic en dosant la quantité de fleurs et la température de l’eau qui permet l’obtention de la meilleure qualité. Deux kilos de fleurs fourniront une fiasque d’eau distillée de premier choix et une bouteille de second choix. Pendant 40 jours, ces «fechkas») sont entreposés dans l’obscurité sous une couverture. Ces fleurs passent aussi dans des alambics industriels où on extrait du néroli. Cette denrée servira à la conception des parfums (10 000 euros le kilo !) Elle est tonique, antidépressive, hypotensive. Elle est recommandée pour soigner la dépression nerveuse, le surmenage, la dépression, l’angoisse, la peau, les maladies du coeur, la paresse du foie et du pancréas, l’hypertension
M.S.