Tawfik BOURGOU
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Comme l’armée de Saddam, celle de Bachar s’est évaporée… et se sont évaporés aussi ses soutiens, avec le Hezbollah qui n’est plus qu’une légende vide
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La Syrie a mis à nu Poutine et Khamenei… deux potentats anachroniques, brutaux et pathétique
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Depuis 2011, date de début des ridicules pseudo-printemps, l’ordre immoral avait enfanté l’ordre barbare, il l’a créé et lui a délégué l’avenir des « pays du printemps »
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La Turquie, la Russie, l’Iran, les Etats-Unis et Israël se sont certainement concertés pour hâter la fin de Bachar Al Assad
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Après cette chute, les plus fragiles vont trembler. La Jordanie, l’Irak. Mais plus globalement un conflit sunnites-chiites entre le Liban et la Syrie reste la crainte majeure
TUNIS – UNIVERSNEWS Le régime syrien de la dynastie alaouite des Assad est mort. Nous avions prédit sa fin qui n’est pas une surprise. Le fait que l’armée syrienne s’effondre aussi rapidement en dit long sur le régime défunt, sur la situation du pays et plus généralement sur les armées du Moyen-Orient. Aucune n’est une armée combattante. Elles sont au mieux des gardes prétoriennes de régimes archaïques, sinon des armées de décorum, permettant par l’achat d’armes de se procurer des protections de la part des pays occidentaux, dont les chefs d’Etats à chaque voyage officiel vendent avions, sous-marins, navires, missiles pour équilibrer leurs balances commerciales et promettre sommets et règlement de conflits de pure forme.
Comme l’armée de Saddam Hussein, celle de Bachar s’est évaporée. Se sont évaporés aussi ses soutiens. Le Hezbollah défait et démoli par l’armée israélienne n’est plus qu’une légende vide. L’Iran dont la défense arienne a été démolie par les israéliens, est un régime lui aussi à l’agonie. La Russie qui a comme l’Iran, négocié un bout de quelque chose en contrepartie de la tête de Bachar et de son régime a préféré quitter les lieux. Le courage dans la fuite, en somme.
C’est un signal explicite à ceux qui se sont très vite énivré de la possibilité d’une protection russe en Afrique, dans le Maghreb. La Russie est une puissance pauvre, son armement est dépassé, ses capacités navales inexistantes, ses compétences en projection de forces sont nulles. La Russie compense par la masse toutes ses faiblesses. Le gain territorial en Ukraine est une illusion de puissance. La Syrie a mis à nu Poutine et Khamenei. Deux potentats anachroniques, brutaux et pathétiques.
Disparaît aussi de l’horizon le nationalisme arabe qui n’a fait qu’accumuler défaites et déconvenues, depuis sa naissance jusqu’à sa mort devant nos yeux au moment où se joue la chute de Damas.
Al Joulani, le daechiste « soft » entrera à Damas, le drapeau de Daech flottera sur l’ancienne capitale des Omeyades, l’ordre barbare a gagné. Il faut le dire directement. Le djihadisme de l’Etat islamique, celui de Idlib, de Raqqa et de Mossoul va gouverner la Syrie. Elle sera au mieux un Etat islamique soft au pire, elle sera démembrée en trois proto-Etats sur le modèle libyen. Cet ordre barbare finira par libérer les camps de détention des terroristes et autres criminels. C’est inéluctable. Les anciens prisonniers djihadistes, repartiront tel un fléau biblique, dans leurs pays respectifs et entameront un cycle de violences et de terrorisme. C’est inéluctable. Le Maghreb, comme l’Europe occidentale seraient leurs cibles.
L’ordre barbare n’aurait jamais pu s’installer à Damas sans l’ordre immoral dont nous avions analysé les contours ici même. A regarder de très près, dans l’avancée des forces du HTC (Daech en réalité) on retrouve partiellement le modèle de manœuvre qu’avaient employé les azéris dans la conquête du Haut Karabakh arménien. La main de la Turquie d’Erdogan et de sa société militaire privée turque est nette et claire : drones tactiques, drones de combat, forte mobilité, renseignements tactiques fournis par des accompagnateurs turcs qui ont planifié la marche et accompagné physiquement l’avancée.
Sans l’ordre immoral, l’ordre barbare n’aurait jamais été en position de gagner.
Est-ce une nouveauté ? Absolument pas.
Depuis 2011, date de début des ridicules pseudo-printemps, l’ordre immoral avait enfanté l’ordre barbare, il l’a créé et lui a délégué l’avenir des « pays du printemps ». Faut-il une preuve de plus ? Qui a remplacé les régimes en fuite ou défaits ? d’anciens de Guantanamo, d’anciens d’Afghanistan, d’anciens islamistes en lien avec le 11 septembre, d’anciens exilés à Londres qui étaient en lien avec Al Tourabi voire même avec Omar Al Bechir.
Certains étaient les compagnons de Ben Laden. Rappelons-nous, qu’en Tunisie, derrière Feltman, véritable scribe de la constitution de 2014, il y avait toute la nébuleuse islamiste, djihadiste. L’ordre barbare n’est pas une nouveauté, son lien avec l’ordre immoral n’est pas nouveau. Les mêmes uniformes, les mêmes slogans, les mêmes écriteaux, les mêmes pickups bourrés des mêmes barbus chevelus en uniformes improbables. Coté parrains de l’ordre barbare, les mêmes sont dans les mêmes postes. Le Qatar est là, comme toujours quand il s’agit de détruire et la main d’Erdogan est à peine cachée derrière son dos.
La Turquie, la Russie, l’Iran, les Etats-Unis et Israël se sont certainement concertés pour hâter la fin de Bachar Al Assad. La question qui subsiste ne concerne que la contrepartie que chacun a obtenu. L’Iran croit à tort être en capacité de gagner une respectabilité et garder son nucléaire. Mais la fin du régime des Mollahs et programmée, elle est inéluctable. La Turquie a son protectorat syrien et une possibilité de détruire la possibilité d’un Etat kurde unifié. La Russie est en négociation avec les Etats-Unis pour la cessation des combats en Ukraine et obtiendrait certainement les terres conquises. Certes inutiles car polluées par les résidus du conflit et sans réel intérêt stratégique. Mais Poutine au soir de sa vie peut se dire qu’il n’a pas connu, comme ses prédécesseurs depuis 1992 une perte territoriale. Les israéliens sont les vainqueurs de la phase actuelle.
La question palestinienne est enterrée, le Hezbollah a disparu, l’Iran a été vaincu en Syrie et au Liban, Gaza recolonisée, la Cisjordanie avalée.
Avec cette séquence, le Moyen-Orient arabe est renvoyé à sa réalité tribale, adémocratique, à ses décalages de revenus, à son statut de protectorat éternel ou les régimes monarchiques tribaux ne durent qu’en raison de leurs capacités à payer leurs protecteurs occidentaux par l’achat d’armes inutiles et disproportionnés.
Après cette chute, les plus fragiles vont trembler. La Jordanie, l’Irak. Mais plus globalement un conflit sunnites-chiites entre le Liban et la Syrie reste la crainte majeure. Les quelques minorités vont quitter. Déjà, effrayés par l’avancée turque à Alep, la minorité arménienne a pris le chemin d’un autre exil. Pourchassés par les turcs, envoyés dans le désert de Syrie lors de ce qui a été le premier génocide du XXe siècles, défaits dans le Karabakh avec une assistance israélo-turque aux azéris, les arméniens comme les kurdes payent au prix fort l’alliance entre l’immoral et le barbare.