Tawfik BOURGOU
-
Comme signe des temps, soudain, revoilà l’ordre barbare djihadiste en Syrie poussé et armé par l’immorale Turquie qui ne pouvait agir sans le consentement de l’OTAN
-
Dans le cas du Moyen-Orient et de l’ensemble de l’espace non-occidental, rarement la morale et le droit ont été du bon côté des causes
-
Il n’y a que les masses arabes qui croient encore, bêtement et naïvement à la Oumma islamique ou à la Nation Arabe
TUNIS – UNIVERSNEWS – Comme en 1938, les puissances du moment s’apprêtent à valider, dans le cadre d’un échange de la honte, les désordres, dont certains sont nés de leurs actions ou la résultante de leurs volontés, en Ukraine et au Moyen-Orient.
Comme en 1938, les puissances du moment vont sacrifier une partie de l’Ukraine après l’avoir couverte des oripeaux d’une démocratie face à un autoritarisme. La réalpolitique va sacrifier le droit et le système des rapports hérités de 1945 et de la Charte qui en était issue. Devant nos yeux, le monde de 1945 agonise, ceux qui avaient tiré le plus grand profit de sa structure, ont décidé, car sa fin cela devait leur être désormais plus favorable, de le saborder en déchirant le droit.
Comme signe des temps, soudain, revoilà l’ordre barbare djihadiste en Syrie poussé et armé par l’immorale Turquie membre de l’OTAN, qui ne pouvait agir sans le consentement des Etats co-membres. La Turquie d’Erdogan, qui est au crépuscule de sa vie, comme Poutine en Ukraine pour 1992, veut une revanche sur les Traités de Sèvres et de Lausanne. Alep est restée dans l’imaginaire turc pourtant terre arabe historiquement et humainement. Comme en 1938, les principes, la morale n’ont pas résisté à toutes les hypocrisies. D’ailleurs, dans le cas du Moyen-Orient et de l’ensemble de l’espace non-occidental, rarement, la morale et le droit ont été du bon côté des causes. Seule différence avec 1938, le ridicule s’est rajouté au dramatique.
Comme en 2011, un groupe sorti de nulle part, un djihadisme, requalifié pour les besoins de la normalisation en cours avec la barbarie, comme « rebelles islamistes » si on en croit les affirmations d’un journaliste de France 24, qui semble tellement versé dans les méandres et les arcanes du djihadisme qu’il s’est senti le besoin de délivrer des satisfécits et des indulgences. Drôle de journalisme.
La séquence qui démarre le 7 octobre 2023 est en train de prendre une tournure syrienne, bientôt irakienne. La recomposition frontalière du Moyen-Orient de vient de commencer.
L’Iran après avoir envoyé ses supplétifs Hamas, Houthis, et Hezbollah en enfer et démoli définitivement pour les Palestiniens tout espoir d’un semblant d’Etat, le voilà abandonnant le régime de Damas. Cela confirme ce que nous avons souligné ici même. Les Perses, comme les Turcs, sont d’abord perses ou turcs avant d’être musulmans, chiites ou sunnites. Il n’y a que les masses arabes qui croient encore, bêtement et naïvement à la Oumma islamique ou à la Nation Arabe. Ce qui se déroule au Moyen-Orient et ce qui se joue aujourd’hui jusqu’au Maghreb, est la pire défaite du Monde Arabe. Une défaite comparable à 1492. L’onde de choc de ce qui est en cours va certainement balayer les plus faibles.
Il n’y a guère que le nouveau Chef du Hezbollah pour claironner le chant d’une victoire aussi fictive que pathétique, quand Gaza est déjà recolonisée entièrement, que la Cisjordanie a été déjà avalée, que le Liban n’est qu’un amas de gravats et que la Syrie bientôt découpée en au moins trois micro-Etats et que l’Irak lui-même est susceptible de connaitre le même sort. Peut-être même la Jordanie.
L’Iran comme la Turquie au moment des détestables « pseudo » printemps islamistes, a joué un jeu malsain et immoral, dont l’objectif était de faire pression sur l’Occident en faisant des pays arabes un champ de guerres par procuration. La dernière tournée au Maghreb du membre du conseil iranien de sécurité nationale en dit long sur le rôle dangereux et immoral de l’Iran en Afrique du Nord et spécialement en Tunisie. Comme pour les Turcs, les pays arabes des pseudo printemps, faibles, sans stratégies, coupés de leurs anciens alliés, ne sont que de vulgaires boules de billard s’entrechoquant au gré des coups des joueurs.
Comme signe du temps dans cet ordre immoral qui émerge sur les décombres du monde né en 1945, qui n’était pas plus moral, le président américain élu agit comme dans une féodalité, nommant un de ses gendres, émissaire au Moyen-Orient, oubliant qu’avant lui, George Bush (le fils) avait nommé un Général d’origine libanaise, Abi Zayd, pour l’Irak. L’ampleur du désastre irakien suffit amplement pour juger de ce que fera le nouvel émissaire américano-libanais.
Comme signe du temps encore plus immoral enfin, la nomination comme ambassadeur américain à Paris, le père du gendre de Monsieur Trump, un Kuchner. Le futur locataire de l’ambassade parisienne des Etats-Unis, condamné pour fraude fiscale et pour avoir tenté de piéger par une prostituée le mari de sa propre sœur. Biden le sortant, s’est quant à lui distingué en amnistiant totalement son fils Hunter avant de quitter la Maison Blanche. Certaines républiques bananières avaient été moins ridicules.
On pourrait presque les remercier de nous avoir débarrassé enfin, du mensonge de la fausse morale dont ils se sont trop souvent drapés, tant ils ont banalisé le mal et ridiculisé la vertu en si peu de temps.