TUNIS – UNIVERSNEWS (MONDE) – Encore une fois, ce sont les Palestiniens qui concluent un marché de dupes, avec l’approbation, par le Conseil de sécurité des Nations-Unies, d’un texte proposé par ses 10 membres élus, qui appelle à un cessez-le-feu humanitaire immédiat dans la bande de Gaza pendant le mois du ramadan
Après en avoir reporté le vote de 48 heures pour permettre la tenue d’ultimes négociations, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2728 (2024) qui « exige un cessez-le-feu humanitaire immédiat pendant le mois du Ramadan, qui soit respecté par toutes les parties et mène à un cessez-le-feu durable ». Elle exige également « la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages et la garantie d’un accès humanitaire pour répondre à leurs besoins médicaux et autres besoins humanitaires », tout en insistant sur « la nécessité urgente d’étendre l’acheminement de l’aide humanitaire aux civils et de renforcer la protection des civils dans l’ensemble de la bande de Gaza ».
L’Observateur permanent de l’État de Palestine a constaté qu’il aura fallu « six mois et près de 100 000 Palestiniens tués ou mutilés » pour que le Conseil exige enfin un cessez-le-feu à Gaza, où les habitants restent à la merci de la mort, de la famine, des déplacements et des maladies. Alors que plus d’un million de personnes sont actuellement retranchées à Rafah et qu’Israël menace toujours d’y mener une opération militaire en dépit des appels répétés de la communauté internationale à y renoncer, s’est projeté vers l’avenir. À présent, a-t-il dit, « toutes les forces doivent converger pour que le cessez-le-feu qui vient d’être demandé par le Conseil de sécurité puisse se réaliser ».
Le représentant de l’entité sioniste a dénoncé la résolution adoptée ce jour, le délégué a pris acte du libellé appelant à la libération des otages. Il a enjoint au Conseil de joindre le geste à la parole, avertissant que, tant que le Hamas refusera de se plier à cette demande, « on ne pourra faire autrement que de poursuivre sur la voie militaire ». Ainsi, Tel Aviv sort, encore une fois, gagnant d’un accord établi par les soins des Etats-Unis d’Amérique, qui ont fait semblant de s’abstenir, afin de ne pas perdre la face.
Ce texte, le dixième soumis à un vote depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, il y a près de six mois, a recueilli 14 voix pour, aucune voix contre et une abstention (États-Unis). Le résultat a été salué par une salve d’applaudissements dans la salle du Conseil. Les deux précédents textes adoptés sur cette crise, les résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023), n’appelaient pas à un cessez-le-feu. Vendredi dernier, les vetos de la Chine et de la Fédération de Russie avaient entraîné le rejet d’un projet de résolution soumis par les États-Unis, qui jugeait « impératif d’établir un cessez-le-feu immédiat et durable » dans le territoire palestinien.
Avant le vote qui a été précédé d’une minute de silence en hommage aux victimes de l’attentat perpétré vendredi soir à Moscou, la Fédération de Russie a regretté que le mot « permanent », concernant le cessez-le-feu auquel appellent les auteurs du texte après le ramadan, ait été retiré du projet final lors des dernières consultations. Considérant que tout autre libellé serait sujet à une « interprétation large » et permettrait à Israël de poursuivre ses opérations militaires, elle a proposé un amendement oral consistant à rétablir l’adjectif biffé. Sa proposition, qui a recueilli 3 voix pour (Algérie, Chine et Fédération de Russie), une voix contre (États-Unis) et 11 abstentions, n’a pas été adoptée, faute d’un nombre de voix suffisantes.