TUNIS – UNIVERSNEWS (SEF– M.S.) – Peut-on imaginer une Assida, le jour du Mouled, sans Zgougou? Une petite virée effectuée hier, dans les différents marchés, renseigne sur la cherté de ce fruit dont le prix du kilo atteint la faramineuse somme de 50 dinars. Il y a à peine quelques années, le Zgougou était cédé entre 20 et 30 dinars.
Le prix des graines de pin d’Alep, considérés comme l’ingrédient incontournable pour la confection de l’Assida s’est déjà envolé. Les étals, naguère bondés à la veille de l’approche du Mouled, sont presque vides. La raison ? Les prix du Zgougou, des noisettes, des noix, des pistaches dépassent tout entendement.
« Il me faut au moins un kg de Zgougou ainsi que des fruits secs », nous dit Alia, une jeune cadre dans une banque. « Il faut respecter la tradition sinon les langues vont se délier et les gens jaser », a-t-elle raconté. « Je dois faire des calculs », ajoute la dame visiblement « douchée » par les prix affichés. D’autres ménagères « trichent » en confectionnant une Assida à base de noisettes. L’astuce peut s’avérer acceptable, mais le goût diffère. Par contre, d’autres mères de famille redoublent d’ingéniosité pour pouvoir confectionner une Assida à base de farine. «Pour moi, la dimension enfantine de cette célébration est la principale motivation pour maintenir ces achats, malgré un contexte économique difficile», confie Fatma qui s’est contentée d’un demi kilo de Zgougou.
«Je suis à la retraite depuis l’année dernière. Je touche une pension aussi maigre et j’ai à ma charge deux jeunes filles. Avec cette flambée des prix, je risque de me retrouver les poches vides à la fin du mois. Les temps sont durs…», nous a expliqué Tahar. Toutefois, il n’est pas prêt à renoncer dès lors qu’il veut célébrer la fête du Mouled. Malgré tout, il s’est dit être dans l’obligation de faire ses courses à même de permettre aux membres de sa famille de déguster ce repas traditionnel. Il est vrai que ce prix des graines de pin d’Alep est dicté par l’offre et la demande. « Je n’y peux rien, je suis aussi l’otage des grossistes, des distributeurs », juge un petit épicier. La baisse du pouvoir d’achat est palpable et décourage les dépenses. « Mes clients ont été contraints de réduire les quantités des produits qu’ils achètent», explique un vendeur.
Cher, cher, le pin d’Alep », affirme Lotfi Riahi, président de l’Association tunisienne de l’orientation du consommateur. Tout simplement nous dit–il, « le prix d’un kg oscille à l’occasion de ce cérémonial, entre 50 et 51 dinars. Pourtant la production est passée cette année de 95 à 105 tonnes. Cela suppose que les prix devaient être tout à fait abordables .Ce fameux « Zgougou » bien qu’il soit source de délice, constitue un fardeau économique pour le citoyen tunisien gravement affecté par la baisse de son pouvoir d’achat.