
Tunis, UNIVERSNEWS (Patrimoine) – La délégation régionale des affaires culturelles de Nabeul œuvre à faire connaître et à promouvoir la natte locale dont la notoriété a franchi les limites du territoire national. On ne peut parler de cette natte nabeulienne sans faire référence aux nattiers. Ces mains d’or comme on aime à les appeler, ont, pour la plupart, fréquenté cette cité des nattiers, le Rebat, dont ils contribuent à perpétuer la tradition de père en fils, comme en témoigne ces articles en jonc (smar) comme les sets de tables, les poufs, les nattes, les couffins et les cartables. Et la ville des potiers a, à juste titre d’ailleurs, acquis cette réputation d’être un immense atelier de tissage, aux couleurs tantôt unies, tantôt chatoyantes et bariolées. C’est dans ce cadre que la maison de la culture de Nabeul abrite du 9 au 11 mai les journées de l’artisanat des nattes
L’ouverture de ce festival vendredi a été une fête pour les habitants de Nabeul, une occasion de démontrer leur attachement à cette manifestation, la seule qui vient chaque été secouer la léthargie culturelle de cette ville balnéaire. Ce festival représente ainsi le patrimoine de Nabeul qui a concocté un programme alléchant et varié malgré les moyens très limités. Le festival a permis aux hôtes de visiter des expositions. La première porte sur de pièces anciennes et la seconde a trait à la vente d’articles en fibres végétales de l’artisanat tunisien. Des ateliers d’expérimentation et d’initiation pour les jeunes ont été animés par de grands spécialistes, une manière de les initier aux nouveaux motifs. Ces journées ont permis à plusieurs artisans d’exposer leur fabrication et de faire connaître ce royaume des nattiers qui a réussi depuis plusieurs années à se faire un nom aussi bien en Tunisie qu’au-delà de nos frontières. D’où ces petits ateliers qui foisonnent un peu partout et donnent cachet à cette ville.
Des bottes de jonc jaune vert bleu signalent l’atelier de nattier souvent attenant à sa demeure où seuls les hommes tissent le jonc. Nous avons suivi un vieux nattier de Nabeul. Il s’agit de Mohamed Zouheir Chelli qui est très attaché à son métier. Un sentiment de légitime vérité, de vanité le pousse à vanter les qualités de sa production. Il a d’ailleurs le droit d’être fier. Telle natte tissée spécialement pour la mosquée, destinée à un hôte de marque ou à une exposition artisanale est parfois un véritable chef d’œuvre.
«Aujourd’hui, je travaille de façon artisanale et j’aime ça», souligne Mohamed Zouhir qui semble avoir trouvé la recette pour réconcilier savoir-faire ancestral et innovation technologique. Un concept voué à inspirer une nouvelle génération d’entrepreneurs pour explorer de nouvelles voies valorisant l’artisanat Made in Tunisia. Ce métier si passionnant risque de disparaître d’une année à l’autre, les jeunes n’en veulent pas et n’en voudraient pas pour tout l’or du monde. Le langage des doigts est menacé. Alors pensons ensemble pour le relancer », nous affirme M. Chelli qui garde l’espoir de voir d’autres jeunes prendre la relève. (M.S)