TUNIS – UNIVERSNEWS L’Institut Tunisien des Etudes Stratégiques est l’œil qui scrute les développements dans le monde, afin d’en avoir une vision claire et en tirer les conséquences qui s’imposent.
Lors de son intervention dans le GRAND DEBAT d’UNIVERSNEWS, M. Riadh Ben Slimane, ancien ambassadeur et actuel membre de l’équipe de géopolitique de l’ITES a souligné que Nous ne vivons pas une rupture au vrai sens du terme mais de profonds bouleversements et soubresauts qui s’ajoutent à une instabilité structurelle déjà existante. On a l’impression d’amorcer un virage, celui d’une transition chaotique.
Il a, dans ce sens, affirmé que la transformation est loin de s’achever et que « Les termes tournant, émergence d’un nouvel ordre mondial, nouvelle donne, changement de paradigme etc… bref tout ce qui donne allusion à un changement radical et qui s’apparente à un « clear cut change » doivent être abordés avec prudence et réserve. Ils suggèrent un changement radical complété, alors que nous sommes en face d’un long processus, un processus fragmenté et conflictuel et en perpétuelle évolution ».
Pour l’orateur, « Ce qui est certain c’est que l’ordre mondial issu de la 2eme guerre mondiale qui a été plus ou moins (car imparfait) en mesure de réguler les relations entre les Etats, est de nos jours profondément ébranlé par les velléités de puissance et les tentations devenues réalité, de s’affranchir des règles du droit international. D’où ce monde moins ordonné, (érosion du système multilatéral) et qui accentue les désordres géopolitiques, les logiques de confrontation et la multiplication des conflits. D’un monde bipolaire à un autre unipolaire, il n’est pas du tout certain que nous nous dirigeons vers un monde multipolaire ».
Il a ajouté qu’« Il existe une période charnière entre les deux ordres qui peut perdurer sans pour autant donner une forme claire et précise à l’évolution vers un monde nouveau.
La caractéristique principale de la situation actuelle est celle du chacun pour soi, la logique du « self interest » relègue à un rang inférieur la logique de la régulation des relations par le droit.
Cette logique transforme le monde en un véritable champ de bataille qui évolue à trois niveaux :
1er niveau: Celui des divergences profondes sur la vision du monde à venir : régulation par le droit et place centrale du multilatéralisme/ versus rivalité de puissances, rudes compétitions et unilatéralisme.
2eme niveau: Celui de la course effrénée (unrestrained by norms or a specific legal framework) pour le contrôle des ressources critiques qui déterminent aujourd’hui la puissance.
3ème niveau: L’échec du néolibéralisme qui percevait les marchés comme une force autonome, a ouvert la voie à une logique de « géoéconomie offensive » ou les marchés deviennent des objets de conquête. Celle-ci désigne l’utilisation des outils économiques à des fins de puissance géopolitique qui alimente de son coté la compétition autour de presque tout y compris les marchés. L’on assiste ainsi au déplacement des conflits vers les sphères économiques. Ainsi émerge un champ de bataille traversé par les lignes de fractures géopolitiques.