
- Une entreprise qui vend moins, produit moins, perd des clients, et gagne moins… mais dont l’action grimpe ? Cherchez l’erreur
- Derrière une capitalisation boursière en apesanteur… une réalité industrielle morose, des problèmes de gouvernance, des pertes de marchés, et une qualité contestée !!!
- Des lignes de production sous-utilisées, des taux de rendement faibles et des stocks qui s’accumulent, faute de clients… La surcapacité n’est plus une force, c’est un fardeau
- Plusieurs importateurs algériens ont rompu leurs relations commerciales et se sont tournés vers des producteurs européens
TUNIS-UNIVERSNEWS- La Bourse de Tunis ne manque pas de paradoxes, mais celui de SOTUVER devient emblématique: une entreprise en recul industriel et financier marqué, dont l’action continue d’évoluer comme si de rien n’était. Une capitalisation de près de 500 millions de dinars pour une société dont les fondamentaux se dégradent ? Les soupçons de manipulation de cours ne peuvent plus être ignorés.
Alors que la Bourse de Tunis cherche désespérément des locomotives de croissance, SOTUVER s’impose… comme une anomalie majeure. Derrière une capitalisation boursière en apesanteur se cache une réalité industrielle morose, des problèmes de gouvernance persistants, des pertes de marchés, ainsi qu’une qualité de production contestée. Retour sur un mirage financier qui pourrait mal finir.
- Les résultats qui se crachent… mais une action qui plane
En 2024, le chiffre d’affaires de SOTUVER s’est effondré de 166 MDT à 101 MDT (–39 %) tandis que le résultat net a chuté à 13,9 MDT, contre 38 MDT l’année précédente (–63,4 %).
Et pourtant, l’action ne bouge pas, ou presque, comme si les fondamentaux n’avaient plus aucun lien avec la valorisation. La société continue de flirter avec une capitalisation de 500 MDT, soit un PER supérieur à 9x, difficilement défendable.
Quand la rentabilité fond comme verre au soleil, mais que l’action reste figée, il est permis de s’interroger : illusion ou manipulation ?
- Un monopole sur un marché minuscule
Certes, SOTUVER détient une position dominante sur le marché tunisien. Mais ce marché reste excessivement limité, et la demande intérieure, peu évolutive. Les bouteilles de vin et liqueur ne suffisent pas à justifier une telle usine à cash… du moins sur le papier.
Le monopole ne fait pas tout : surtout lorsqu’il repose sur un marché aussi étroit.
- Un appareil productif surdimensionné… pour personne !!!
Avec plus de 93 MDT d’investissements injectés récemment, dont 48 MDT pour la rénovation d’un four, SOTUVER s’est dotée de capacités industrielles largement supérieures à la demande réelle.
Le résultat ? Des lignes de production sous-utilisées, des taux de rendement faibles et des stocks qui s’accumulent, faute de clients. La surcapacité n’est plus une force, c’est un fardeau.
Quand l’usine tourne à vide, l’investisseur tourne en rond.
- L’Algérie tourne le dos à la qualité dégradée
Le marché algérien, historiquement client de SOTUVER, dénonce une détérioration de la qualité : bouteilles fissurées, défauts d’alignement, verre fragile. Résultat : plusieurs importateurs algériens ont rompu leurs relations commerciales et se sont tournés vers des producteurs européens.
Perdre son meilleur client pour cause de médiocrité : un suicide commercial.
- Dysfonctionnements internes et matériel inadapté : Le nœud du problème
En interne, SOTUVER fait face à de sérieuses difficultés de gouvernance : pilotage stratégique incertain, retards, absence de politique qualité crédible. À cela s’ajoute le choix de matériels inadaptés, qui affectent la performance industrielle et la qualité du produit fini. Un cocktail qui compromet gravement la compétitivité de l’entreprise.
- Une Action Dopée à la Spéculation ?
Malgré tous ces signaux rouges, le titre reste à des niveaux élevés. Qui achète ? Qui soutient artificiellement le cours ? Des mouvements anormaux ont été signalés, sans justification économique.
Le Conseil du Marché Financier (CMF) ne peut rester passif face à des soupçons aussi sérieux de manipulation des cours. Il lui incombe d’agir avec célérité et de rompre définitivement avec le laxisme du passé, afin d’éviter qu’une dérive aux conséquences potentiellement graves ne se concrétise.
La transparence ne s’invente pas : elle se vérifie.
- Manipulation boursière : pour qui, pour quoi ?
Ce type de manipulation peut viser plusieurs objectifs :
- Préparer une cession d’actions à un prix artificiellement élevé.
- Attirer des investisseurs institutionnels ou du grand public, grâce à une image trompeuse.
- Justifier une augmentation de capital sur des bases faussées.
- Maintenir la confiance des banques en dissimulant une fragilité industrielle.
Dans tous les cas, les gagnants sont ceux qui savent… et les perdants, ceux qui croient.
Le danger est systémique : ce genre de manipulation sape la confiance dans tout le marché.
Conclusion : Suspendre avant la casse
SOTUVER est aujourd’hui l’incarnation parfaite d’un écart dangereux entre discours financier et réalité industrielle. Ses performances se dégradent, ses marchés se rétractent, et pourtant, sa valorisation tutoie les étoiles.
Un cocktail instable, à haute volatilité, où le réveil risque d’être brutal pour les investisseurs aveugles… à moins que certains n’aient déjà prévu leur sortie par le haut.
Face à de tels déséquilibres et aux soupçons, il est fortement recommandé que le CMF engage une enquête approfondie et suspende la cotation des titres SOTUVER dans l’attente des résultats. La crédibilité du marché en dépend.